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Corrigés Bac Philosophie – série L
Sujet de dissertation n°1 philo – bac l.
SUJET n°1 : La science se limite-t-elle à constater les faits ?
Une opinion courante consiste à affirmer que la science se donnerait pour tâche de constater les faits, de décrire ce qui est. Or cette affirmation rencontre trois obstacles : l’unité de la science fait problème, la science semble au contraire établir des lois et non des faits, quel sens peut bien avoir un « fait » mathématiques, logiques ou préhistorique ? A partir de ces trois difficultés il s’agit d’interroger le présupposé empiriste de la science naïve, à la lumière de la pluralité des sciences mais aussi des avancées des sciences contemporaines.
I Une opinion naïve il semble que la science se limite-t-elle à constater les faits I.1 Savoir = décrire ce qui est, c’est-à-dire les faits sensibles. L’opinion affirme « c’est vrai parce que c’est réel » . Or la science vise l’universel et l’établissement de lois
I.2 On appelle empiriste cette position selon laquelle l’ensemble de nos connaissances du monde physique seraient dérivées de l’expérience. Ainsi pour Hume, les lois, anticipations et concepts scientifiquement dérivent toute entière de l’expérience sensible et de l’habitude. Ainsi la science serait inductive (elle remonterait des phénomènes jusqu’aux lois générales). Plus grand serait e nombre des observations plus générales et sûres seraient les lois.
I.3 Or cette idée ne résiste pas à l’épreuve de l’histoire et de la pratque de la science pour au moins trois raisons décrites Chalmers dans Qu’est-ce que la science ?. – D’un point de vue logique : dans une inférence inductive, la vérité des prémisses ne garantit pas la vérité de la conclusion. C’est l’exemple fameux de la dinde inductiviste de Russell qui par raisonnement inductif, affirme : » je suis toujours nourrie à 9h00 du matin « . Or, cette conclusion se révéla fausse quand, un jour de noël, à la même heure, on lui tordit le cou. – le choix (et la sélection) des données ne sont pas déterminés par le principe d’accumulation mais au contraire de cas limites. – Observer sans théorie conduit à une observation aveugle.
II La révolution copernicienne II.1 Kant qualifie de « révolution copernicienne » la révolution opérée par les scientifiques de la Renaissance pour lesquels il s’agissait d’acquérir une connaissance par un acte prémédité, orienté et mathématisant de l’esprit. Par exemple la loi de la chute des corps est établie par Galilée non par l’observation de corps en chute libre dans l’air mais dans un espace vide, sans frottement dont il n’a pu faire l’expérience. L’expérience de pensée et la primauté de la théorie sur la constatation devient le principe de la science moderne, c’est-à-dire hypothético-déductive.
II.2 Il s’agit dès lors de tourner le dos au fait pittoresque pour construire le fait scientifique. -> Bachelard : « L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique toute connaissance est une réponse a une question. S’il n’y a pas eu de question il ne peut pas avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. » Le lieu par excellence de l’observation scientifique n’est donc plus la nature mais le laboratoire où sont interogés, provoqués, délimités, définis les faits. Fait scientifique = fait expérimental et polémique.
II.3 De plus la science inclut les sciences pures (logique, mathématiques, géométrie, algèbre) d’une part, qui ne rencontrent les faits physiques qu’à la marge, et les sciences humaines (histoire, économie, sociologie, etc) dont les faits doivent être interprétés parce qu’il sont le fruits de l’action d’un agent libre et rationnel, sans quoi ils n’ont pas de sens. Or on ne constate pas une liberté ni une raison.
III La sicence contemporaine invente les faits (techno-science) III.1 Découverte différe de l’invention -> pas seulement machines mais matière et vivant sont produits par la science contemporaine. Matière organique de synthèse, OGM, etc ne sont pas constaté mais produits par la science.
III.2 Coeur de la révolution scientifique issu de la renaissance est un projet de maîtrise de la nature. cf Descartes : « Se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » (Discours de la méthode). C’est ce mouvement de domination de la nature que Heidegger qualifie d' »arraisonnement de la nature » . Selon le philosophe allemand,l’essence de la techno-science est une soumission à la raison par le moyen « d’une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée. » -> pouvoir démiurgique de l’homme qui crée la nature et la transforme à volonté.
III.3 Problème de la science porte bien sur son incapacité à se « limiter ». Comme le montre Hans Jonas dans Le principe responsabilité cette maîtrise de la nature a elle-même besoin d’être maîtrisée , et il n’est pas dit que l’homme en soit pour l’instant capable..
Sujet de dissertation n°2 philo – bac L
SUJET n°2 :Le langage n’est-il qu’un outil ?
Le terme « outil » désigne « un objet fabriqué qui sert à agir sur la matière, à faire un travail » (cf Petit Robert). On se heurte ainsi à trois difficultés lorsqu’il s’agit de qualifier le langage d’outil. Premièrement parce que le langage n’est pas en lui-même un objet même s’il doit passer par une médiation matérielle (son, mains pour le langage des sourds et muets, papier, etc) pour être mis en œuvre, et qu’il se présente parfois sous la forme d’objets qui lui servent de support (papyrus, pierre, livre, etc). Deuxièmement parce qu’il ne semble pas viser à agir sur la matière, la nature ou les objets physiques. Enfin parce qu’il ne semble pas être fabriqué mais lié à la nature humaine de telle façon qu’il nous est aussi naturel de parler que de marcher. Pourtant il paraît nécessaire de remettre en question ce préjugé à la lumière des découvertes tant de l’histoire, de la paléontologie ou de la linguistique qui mettent en évidence le fait que le langage a bien été créé en vue de satisfaire différentes utilités. Plus précisément il s’agit d’interroger le fait que le langage soit un moyen et non une fin, c’est-à-dire d’interroger la nature du langage. Moyen en vue de quoi? Ainsi il s’agit aussi d’interroger les finalités du langage. © Et enfin la valeur de l’outil étant son efficacité, son utilité, il s’agit d’interroger la valeur du langage. Pour ce faire nous défendrons l’idée que malgré les éléments favorables à l’idée que le langage soit la grande œuvre de l’homme il n’en reste pas moins un outil incarnant trois paradoxes fascinants.
I Paradoxe de l’outil immatériel I.1 Selon le sens commun l’outil est matériel, physique, palpable. Et c’est pour cette raison qu’il aurait la puissance de produire des effets sur la matière. Or c’est supposer l’inutilité du monde de l’esprit. Et pire encore c’est oublier que les hommes vivent toujours dans un monde de représentations et jamais, comme le croit la conscience naïve, dans un monde immédiat de pure matière, de choses brutes, insignifiantes. Et ce monde de représentations © est constitué de langage. Le langage est le liquide amniotique de l’esprit humain. Le cas de Victor de l’Aveyron, l’enfant sauvage, montre ce que serait un monde réduit à la pure instrumentalité vitale. Ce ne serait pas un monde humain.
I.2 Le langage est donc un outil d’immersion, de transmission et de sauvegarde de cette réalité qui fait, qu’à une époque donné, dans une civilisation donnée ou même dans une communauté donnée, nous vivons dans le même monde. C’est ce qu’on appelle la culture dont l’éducation est le processus d’intégration. Kant montre ainsi dans son Traité de pédagogie comment le petit homme accède à l’humanité (c’est-à-dire l’universalité de la raison) par le biais de la discipline (langage autoritaire du respect des lois) et de l’instruction (langage de la transmission du savoir acquis).
I.3 En ce sens le langage est avant toute chose un outil fondamental d’humanisation. cf Kant : « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne; et grâce à l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, ie, un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses ». Dire « je » = accéder à la conscience de soi. Ce qui suppose un moment négatif : l’interdit (cf Claude Lévi-Strauss montrant que la prohibition de l’inceste est le fondement universel de l’humanité) et un moment positif dont l’espace public , politique , de débat est la réalisation, comme le montre Hannah Arendt : « Le monde n’est pas humain pour avoir été fait par des hommes, et il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue. Quelque intensément que les choses du monde nous affectent, quelque profondément qu’elles puissent nous émouvoir et nous stimuler, elles ne deviennent humaines pour nous qu’au moment où nous pouvons en débattre avec nos semblables. Tout ce qui ne peut devenir objet de dialogue peut bien être sublime, horrible ou mystérieux, voire trouver voix humaine à travers laquelle résonner dans le monde, mais ce n’est pas vraiment humain. Nous humanisons ce qui se passe dans le monde et en nous en en parlant, et, dans ce parler, nous apprenons à être humains »(Vies politiques)
Pourtant, dire que le langage est bien un outil, malgré son immatérialité, ne suffit pas. Il s’agit de décrire un deuxième paradoxe, celui d’être face à un outil dont les finalités apparaissent multiples et en devenir.
II Paradoxe du langage comme outil dont les finalités sont perpétuellement à créer et recréer II.1 La formulation du sujet suppose l’opposition moyen/fin qui recouvre celle outil/œuvre. Et en un sens le langage est bien une œuvre. L’œuvre de l’homme, que l’on peut contempler , comme une œuvre d’art, et apprécier les qualités esthétiques (langue chantante, expressive, riche, la calligraphie, etc), © que l’on peut étudier pour elle-même (linguistique, grammaire, philologie, etc) et que l’on peut même vénérer (la parole sacrée). Mais langue différe du langage dont il est question ici. Le langage désigne la faculté humaine de s’exprimer par un code articulé et abstrait. Et en ce sens il vise toujours quelque chose au-delà de lui-même, à savoir un sens . C’est au nom de cette extériorité à lui-même qu’il est bien un outil. Mais comme le monde humain crée de nouvelles signification, la langage doit lui-même, sans cesse, s’ouvrir sur de nouvelles fonctions.
II.2 On peut en établir une rapide typologie permettant de prendre la mesure de la richesse des fonctions, des utilités de l’outil linguistique : communiquer (cf langage des abeilles analysées par Benvéniste), penser (cf Hegel : « Nous n’avons donc conscience de nos pensées, nous n’avons des pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et que par suite nous les marquons de la forme externe, mais d’une forme qui contient aussi le caractère de l’activité interne la plus haute. C’est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l’externe et l’interne sont si intimement unis », ce qui suppose l’invention de concepts, les règles de logique, l’analogie, la mémoire, etc comme le montre Hegel) et la création dont la poésie est la forme exemplaire.
II.3 Au cœur de l’outil du langage réside la fonction symbolique -> Benvéniste : « le langage représente la forme la plus haute d’une faculté qui est inhérente à la condition humaine, la faculté de symboliser. Entendons par là, très largement, la faculté de représenter le réel par un « signe » et de comprendre le « signe » comme représentant le réel, donc d’établir un rapport de « signification » entre quelque chose et quelque chose d’autre. » Grâce à cet outil intellectuel où signifié et signifiant sont totalement libres, conventionnel et arbitraire le signe linguistique est mobile, extrêmement plastique et facile à conserver et transmettre.
Enfin le dernier paradoxe est lié à la valeur de l’outil du langage, est-il « un » outil, c’est-à-dire un outil parmi les autres ? ou bien davantage.
III Le paradoxe de l’outil des outils III.1 Valeur traditionnelle des outils est la liberté qu’il procure, cf Descartes, Discours de la méthode. Se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » c’est gagner en indépendance par rapport aux contraintes naturelles (anticiper les phénomènes), gagner en puissance (technique), affronter la souffrance (médecine) et la peur de la mort. Mais appliqué au langage cette utilité (vitale) s’avère réductrice et voile la réalité, comme le notent Bergson ou Nietzsche. C’est pourquoi on ne peut sortir du langage et qu’en même temps il s’agit de ne pas réduire la fonction du langage à l’utilité pratique.
III.2 En effet le langage = outil d’émancipation par excellence. Cf Rousseau, Discours sur l »inégalité : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile » -> maîtrise du langage = pouvoir politique, moral, historique. De plus, comme le montrent Austin et les philosophes du langage ordinaire, l’une des modalités du langage est la performativité par laquelle le langage accomplit des actions : demander, convaincre, ordonner, jurer, prier, etc. (cf pouvoir rhétorique des sophistes).
III.3 Ainsi le langage apparaît comme l’outil fondamental de la société des hommes libres (« règne des fins » de Kant). Comme dans le célèbre tableau l’école d’Athènes de Raphaël par le langage sont instaurés, en même temps que le savoir, l’égalité de droit, la transmission d’un monde, l’importance du livre, le choix de la raison, contre la force, l’argument d’autorité, la tradition ou la croyance.© Ce qui suppose le droit à en disposer et manifeste le fait que l’outil du langage est traversé de part en part par le politique : liberté d’expression, presse indépendante, école obligatoire, etc.
Conclusion : langage = outil, outil multiforme et en devenir comme un formidable couteau suisse intellectuel, et outil des outils.
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- Notions du bac
Notion : la science
Ce cours sur la science vous aidera à préparer l'épreuve de philosophie du bac.
Au programme : l' expérience de Galilée du haut de la Tour de Pise, la notion d'expérience cruciale, le critère de falsifiabilité de Popper...
Sujet possible : Une théorie scientifique peut-elle être prouvée par une expérience ?
Le succès de la méthode expérimentale – Galilée
Lorsque Galilée monte au sommet de la Tour de Pise, c’est pour réaliser une expérience, afin de vérifier l’une de ses théories. Intuitivement, on croit qu’un corps léger tombe moins vite qu’un corps lourd. L’idée de Galilée, c’est qu’une bille légère tombera aussi vite qu’une boule beaucoup plus lourde.
L’expérience vérifie sa théorie : les corps arrivent au sol en même temps, quel que soit leur poids.
Même si l’expérience de la Tour de Pise n’a probablement jamais été réalisée par Galilée, et relève plutôt du mythe qui entoure ce personnage, elle est significative d’un phénomène essentiel : la science moderne commence lorsqu’on organise des expériences, pour vérifier les théories formulées par le savant ou le laboratoire.
Auparavant, le modèle était tout autre : des disciplines telles que l’alchimie ou l’astrologie ne se fondent sur aucune expérience.
La métaphysique, la « reine des sciences », et qui prend pour objet d’étude Dieu, l’âme, l’infini, etc. fonde sa supériorité sur celle de ses objets, et non sur la certitude épistémologique de ses résultats. En effet, aucune expérience ne peut prouver ses résultats, puisque ses objets d’étude dépassent précisément toute expérience possible. On ne peut organiser aucune expérience sur l’âme ou sur Dieu.
Avec Galilée commence donc une ère nouvelle, qui s’imposera peu à peu dans l’ensemble des sciences : l’ère de la méthode expérimentale . On émet une hypothèse, et on organise des expériences, afin de la confirmer ou de l’invalider.
C’est l’organisation d’expériences qui constitue une science en tant que telle. Une discipline qui se contenterait d’affirmer des théories sans les vérifier expérimentalement ne serait pas une science, ne constituerait pas une connaissance, mais relèverait de l’opinion ou de la croyance.
Tel est d’ailleurs selon Kant, le cas de la métaphysique, qui perd avec l’avènement de la science moderne son statut de « reine des sciences », ainsi qu’il le constate dans la Critique de la Raison pure .
La difficulté d’organiser une expérience cruciale
Une expérience cruciale est une expérience qui permet à elle seule de vérifier ou d’invalider une théorie. Elle est suffisante pour juger de la vérité ou de la fausseté de l’hypothèse examinée.
L’expérience de Galilée que nous venons de décrire, par exemple, est une expérience cruciale. Si la boule plus lourde tombait plus vite que la bille légère, l’hypothèse de Galilée sur la gravité aurait définitivement été éliminée.
Néanmoins, on peut se demander si une expérience cruciale est réellement possible. Ainsi que Duhem l’a montré dans la Théorie physique , une hypothèse ne peut être testée isolément. Elle repose sur un ensemble d’hypothèses, ensemble qui constitue la théorie scientifique, comprise comme un tout global dont on ne peut isoler une partie pour la tester séparément.
De ce fait, lorsqu’une expérience invalide une hypothèse, celle-ci ne peut être rejetée car on ne sait quelle hypothèse exacte est invalidée. Il peut s’agir d’une autre hypothèse liée à la première, et incluse dans la théorie scientifique dans son ensemble, qui sous-tend l’hypothèse examinée.
De même on n’est jamais sûr qu’une hypothèse testée est confirmée par une expérience. Il se peut que ce soit une hypothèse annexe et liée à la première qui soit confirmée.
De ce fait, une théorie scientifique ne peut jamais réellement être prouvée (ou infirmée) par une expérience. Cela vient remettre en question l’utilité de l’expérience, en tant qu’outil épistémologique.
L’expérience comme gage de scientificité - Popper
Si Popper admet qu’aucune expérience ne peut confirmer une théorie, il soutient tout de même qu’elle peut réfuter une hypothèse.
C’est précisément cela qui fait le caractère scientifique d’une théorie : son caractère réfutable . Cet apparent paradoxe peut être aisément compris, si on cherche ce qui distingue une théorie scientifique d’une théorie non-scientifique, comme l’astrologie.
Les propositions d’un astrologue ne peuvent pas être réfutées. Elles sont si vagues qu’aucune expérience ne peut être utilisée pour montrer leur fausseté. A l’inverse, une théorie scientifique décrit elle-même les conditions exactes d’une expérience qui pourrait la réfuter. Un physicien, lorsqu’il formule une hypothèse, précise : si l’on fait telle ou telle mesure, et que l’on trouve tel nombre, alors mon hypothèse sera fausse.
Voici quelque chose que ne peut faire un astrologue, qui se targue au contraire d’avoir toujours raison et qui ne peut imaginer une expérience qui le mettrait en défaut.
C’est ce que Popper appelle le critère de falsifiabilité .
Un énoncé est falsifiable si la logique autorise l’existence d’un énoncé ou d’une série d’énoncés d’observation qui lui sont contradictoires, c’est-à-dire, qui la falsifieraient s’ils se révélaient vrais ( Qu’est-ce que la science ? ).
Ou encore : Ceux parmi nous qui refusent d’exposer leurs idées au risque de la réfutation ne prennent pas part au jeu scientifique ( la Logique de la découverte scientifique ).
Popper vise explicitement la psychanalyse ou le marxisme . Ces deux doctrines court-circuitent toute réfutation possible. Le marxiste traitera de « bourgeois » celui qui critique son système, tandis que le psychanalyste dira que son adversaire a un problème de « déni » ou de « refoulement ».
Le scientifique doit au contraire essayer d’organiser le maximum d’expériences possibles pour réfuter sa propre théorie. Voici l’état d’esprit authentique du chercheur.
On voit donc qu’aucune théorie ne peut être confirmée définitivement par une expérience. En revanche, elle peut être réfutée, et c’est cela qui permet le progrès scientifique.
Le modèle de la démonstration : logique et mathématique
Si la méthode expérimentale est une approche épistémologique très efficace, il ne faut pas oublier que certaines sciences se sont constituées en tant que telles sans recourir à celle-ci.
Les mathématiques , par exemple, ne recourent pas à l’expérience pour prouver la vérité d’un théorème.
La démonstration géométrique met en place un appareil argumentatif tout à fait différent, qui repose sur l’utilisation de définitions, d’axiomes, et de propositions déduites les unes des autres.
Les mathématiques sont une science a priori (indépendante de l’expérience). Le géomètre n’utilise éventuellement l’expérience (en traçant un cercle par exemple) qu’à des fins d’ illustration . Il travaille d’ailleurs sur des objets mathématiques qui ne se rencontrent dans aucune expérience (le cercle parfait n’existe pas dans le monde réel).
Cette méthode a été pour la première fois conceptualisée par Euclide , dans ses Eléments :
Définitions 1. Un point est ce dont il n’y a aucune partie 2. Une ligne est une longueur sans largeur 3. Les limites d’une ligne sont des points […] Demandes [ou postulats] 1. Qu’il soit demandé de mener une ligne droite de tout point à tout point 2. Et de prolonger continûment en ligne droite une ligne droite limitée. 3. Et de décrire un cercle à partir de tout centre et au moyen de tout intervalle. 4. Et que tous les angles droits soient égaux entre eux. […] Notions communes [ou axiomes] 1. Les choses égales à une même chose sont égales entre elles. 2. Et si, à des choses égales, des choses égales sont ajoutées, les touts sont égaux. 3. Et si, à partir de choses égales, des choses égales sont retranchées, les restes sont égaux. 4. Et si, à des choses inégales, des choses égales sont ajoutées, les touts sont inégaux. 8. Et le tout est plus grand que la partie. […] Proposition 32 Dans tout triangle, un des côtés étant prolongé, l’angle extérieur est égal aux deux angles intérieurs et opposés, et les trois angles intérieurs du triangle sont égaux à deux droits.
On le voit : la démonstration mathématique parvient, sans l’aide d’aucune expérience, à mettre au jour des vérités nécessaires. Ces vérités sont obtenues de manière totalement a priori.
La logique est un autre exemple de science purement rationnelle, dans laquelle n’intervient aucune expérience. En effet, la logique fait abstraction du contenu des propositions, pour ne se soucier que de la validité de leur enchaînement : elle ne s’intéresse qu’à la vérité formelle (voir cours sur la démonstration).
Ainsi, un raisonnement comme celui-ci est tout à fait conforme du point de vue logique :
Un homme est un chat Or un chat est un chien Donc un chien est un homme
On remarque donc que plusieurs disciplines se sont constituées sans aucun rapport à l’expérience, et la certitude de leurs résultats est beaucoup plus assurée que celle qu’on rencontre dans les sciences empiriques.
Pourquoi ? Parce que l’expérience ne peut fonder aucune loi nécessaire , ainsi que l’a montré Hume dans le Traité de la nature humaine . Une expérience montre qu’un phénomène s’est produit ici et maintenant, mais ne peut nous assurer qu’il se reproduira demain. Chaque matin, j’ai vu le soleil se lever, mais je ne peux en déduire qu’il se lèvera demain, ou pour l’éternité. Jusqu’à présent, tous les cygnes que j’ai vu étaient blancs, mais je ne peux en déduire la loi nécessaire : tous les cygnes sont blancs. Je suis toujours à la merci d’une expérience qui me montrerait le contraire. On a d’ailleurs découvert une variété de cygnes noirs.
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Afin que vous compreniez mieux ce que l’on attend de vous dans une dissertation, voici un exemple de dissertation de philosophie. A chaque fois, je précise entre parenthèses juste après à quelle étape de la méthodologie de la dissertation cela correspond. Si vous ne l’avez pas lu, je vous invite à lire d’abord cet article sur la manière de bien commencer sa dissertation de philosophie ou si vous préférez la vidéo c’es t ici.
Sujet : « L’homme est-il à part dans la nature ? » (Exemple de dissertation de philosophie)
Petit rappel de la structure de l’introduction. Pour un exemple d’introduction de dissertation en vidéo c’est ici .
Introduction
Vinciane Despret, philosophe et psychologue, remarque combien les hommes sont enclins à se considérer eux-mêmes comme exceptionnels. Mais, à ses yeux, c’est oublier que nous sommes aussi de grands destructeurs ou si l’on peut dire des êtres particulièrement nuisibles pour les autres, pour nous-mêmes et pour la nature. Ce faisant, elle considère bien les hommes comme « à part » dans la nature, du moins par nos capacités de destruction. Mais, est-il réellement justifié de dire que nous sommes à part dans la mesure où nous restons dépend d’une nature qui peut également nous détruire en tant qu’espèce ? (Accroche qui propose une première réponse au sujet et formule un début d’objection ) Alors, l’homme est-il réellement à part dans la nature ? (Rappel du sujet) A première vue , et si l’on se fie à la manière dont les hommes se considèrent eux-mêmes depuis des siècles, l’homme est bien à part dans la nature car il serait doté de facultés exceptionnelles telles la conscience, un langage riche et articulé, une raison ou encore des cultures variées et complexes qui l’éloignent toujours davantage de la vie animale. Mais, notre tendance à nous considérer comme supérieurs, ne nous fait-elle pas oublier que notre espèce comme toutes les autres est le produit de l’évolution des espèces ? Ainsi, on pourrait dire que l’homme n’est pas particulièrement à part. L’être humain reste une espèce qui, par le fait du hasard, a développé une raison, une conscience de soi, autant de facultés qui sont devenues la norme chez l’homme car elles lui procurent un avantage et lui permettent d’étendre son influence ou peut-être son territoire. Ce mécanisme est le même pour toutes les espèces, pourquoi alors considérer l’homme comme à part ? (Problématique constituée d’une première réponse au sujet « A première vue », puis d’une objection à cette première réponse « Mais »). Nous verrons d’abord que l’être humain peut effectivement être considéré comme à part dans la nature. Puis, nous nous demanderons si cette idée que nous serions une espèce à part n’est pas une pure illusion. Enfin, nous envisagerons bien une spécificité humaine, mais qui au lieu d’être un privilège est plutôt une immense responsabilité. (Annonce du plan en 3 parties) .
Développement
Avant de rédiger le développement de l’exemple de dissertation de philosophie, petit rappel de la structure globale que doit avoir votre devoir. Le nombre des sous-parties est indicatif. Il doit y avoir au moins deux sous-parties par partie et pas plus de trois.
Attention, ci-dessous, je vais mettre des titres Première grande partie / premier paragraphe. Vous ne devez pas les mettre dans vos copies. Je les mets seulement pour que vous compreniez bien la structure. Afin que votre copie soit bien lisible, vous devez passer des lignes entre les grandes parties et revenir à la ligne + alinéa quand vous changez de paragraphe (ou sous-partie).
Première grande partie : l’homme est bien à part dans la nature
Premier paragraphe :.
L’être humain peut semble-t-il être considéré comme à part dans la nature car il est doté de facultés qui le rendent très différent des autres espèces. (Thèse générale du paragraphe qui répond au sujet) Certes, l’être humain appartient en un sens à la nature, car si l’on définit la nature comme l’ensemble de ce qui n’a pas été créé ou transformée par l’homme (définition de la nature) alors l’espèce humaine est bien naturelle. L’homme ne s’est pas créé lui-même, il est donc un être naturel au moins en partie. Mais, l’être humain à ceci de particulier que précisément il a cette capacité à transformer sa nature et à n’être pas totalement soumis à son instinct. Il peut se cultiver c’est-à-dire se transformer si bien qu’il peut devenir réellement très différent d’un autre être humain. (Argument formulé avec mes propres termes pour soutenir la thèse) Aux yeux de Rousseau, ce qui fait la spécificité de l’être humain par rapport aux autres espèces, c’est sa capacité à « se perfectionner ». (Utilisation d’une référence à Rousseau qui justifie la thèse, avec utilisation du vocabulaire de l’auteur). Il remarque ainsi qu’un être humain peut, par les choix qu’il fait, aussi bien devenir un très grand artiste, sportif ou savant, qu’un toxicomane. C’est d’ailleurs lui qui pose la question « Pourquoi l’homme, seul, est-il sujet à devenir imbécile ? » et il y répond que c’est parce qu’il est le seul à être libre, c’est-à-dire à pouvoir ne pas suivre un programme inscrit à l’avance dans ses gènes et qui décide de son mode de vie. Ce que l’on appelle communément un instinct. L’homme peut donc se perfectionner toute sa vie, là où l’animal va très rapidement cesser de changer dès lors qu’il est adulte. (Développement en utilisant les arguments que l’auteur utilise pour justifier sa thèse) Nous pouvons donc dire que l’homme est bien à part dans la nature, car il a cette capacité de se perfectionner que n’ont pas les autres espèces. (Retour au sujet : le but est de rappeler en quoi ce que l’on vient de dire répond au sujet)
(Suite à venir)
▶️ Je vous montre comment développer une sous-partie en vidéo ci-dessous :
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Une réflexion sur “ exemple de dissertation de philosophie rédigée ”.
Je trouve vos articles très intéressants. Dommage, quelques coquilles!!!
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- Cours : La science
La science Cours
La recherche d'un critère qui différencierait une hypothèse scientifique d'une hypothèse non scientifique fut l'un des problèmes principaux de la philosophie des sciences du XX e siècle. L'empirisme logique a affirmé qu'une hypothèse scientifique qui a du sens se reconnaissait car elle pouvait être décomposée en énoncés simples directement vérifiables par l'expérience. Thomas Samuel Kuhn a critiqué cette vision simpliste de la science en établissant qu'elle progressait par paradigmes, et qu'on ne pouvait réduire la scientificité à l'analyse des énoncés. Karl Popper a proposé la réfutabilité comme critère pour reconnaître une hypothèse scientifique.
Reconnaître la science
Si la science peut se distinguer de l'opinion par sa recherche des fondements, des raisons et des causes, il existe toutefois des discours qui prennent la forme de la science, et qu'il faut pouvoir distinguer de la science elle-même.
La différence entre science et opinion
L'opinion, qu'elle soit vraie ou fausse, se caractérise par son absence de fondement. La science s'en différencie par sa recherche de justifications, et par la connaissance des causes. Il existe toutefois des discours qui prennent la forme de la science, sans en être. Il faut pouvoir distinguer la science de la pseudoscience.
Pour le sens commun, l'opinion est un jugement qui n'est vrai que pour celui qui l'affirme. C'est ainsi que l'on peut dire « c'est ton opinion », sous-entendant « ce n'est vrai que pour toi ». La science s'y opposerait par sa vérité objective, c'est-à-dire sa correspondance avec la réalité.
Toutefois, définir la science par sa vérité ne permet pas de la distinguer d'une opinion vraie. Il faut alors pouvoir différencier une opinion conforme à la réalité d'un énoncé scientifique.
« Socrate : (…) En effet les opinions vraies, tant qu'elles demeurent, sont une belle chose, et produisent toutes sortes d'avantages ; mais elles ne veulent guère demeurer longtemps, et elles s'échappent de l'âme de l'homme : en sorte qu'elles ne sont pas d'un grand prix, à moins qu'on ne les arrête en établissant entre elles le lien de la cause à l'effet. C'est, mon cher Ménon, ce que nous avons appelé précédemment réminiscence. Ces opinions ainsi liées deviennent d'abord sciences, et alors demeurent stables. Voilà par où la science est plus précise que l'opinion vraie, et comment elle en diffère par l'enchaînement. »
Platon fait ici remarquer qu'une opinion, même vraie, se caractérise par l'instabilité. Une autre opinion pourrait être choisie à tout instant, en apparaissant plus séduisante. La recherche des causes permet de stabiliser l'opinion, alors fondée dans les raisons qui la justifient.
Un énoncé scientifique se distingue d'une opinion vraie car il peut être justifié par une explication des causes. Pour produire un savoir, et s'approcher de la science, il faut ainsi fonder ce que l'on affirme en explicitant les raisons et les principes.
Dire que l'eau bout à 100 °C est une opinion vraie ; elle ne devient un énoncé scientifique que justifiée par les lois de la thermodynamique.
Certaines théories scientifiques sont invalidées, nuancées, ou considérées fausses. C'est le développement normal de la science, qui vient corriger les énoncés passés, ou en proposer de nouveaux expliquant d'une meilleure façon les phénomènes naturels. Il faut toutefois remarquer qu'une théorie scientifique, dont on a identifié qu'elle était fausse, peut rester dans sa forme et dans ses méthodes, de la science.
Le problème est alors que certains discours prennent la forme de la science : ils proposent des principes, des causes, mais ne peuvent être qualifiés de scientifiques. C'est pour reconnaître la science et pour la définir qu'il est alors nécessaire de trouver un critère qui la distingue de ces discours non scientifiques.
Le créationnisme refuse la théorie de la sélection naturelle comme moteur de l'évolution. Ses partisans remplacent l'évolution par des récits où une création divine serait la seule explication valable de la vie et de l'univers tel qu'on le connaît.
La différence entre science et pseudoscience
La question de la différenciation entre science et discours non scientifiques a été au cœur des débats des philosophes des sciences du XX e siècle. L'empirisme logique du cercle de Vienne a affirmé qu'un énoncé scientifique avait comme caractéristique de pouvoir être décomposé en énoncés simples vérifiables par l'expérience. Thomas Samuel Kuhn s'est opposé à cette vision simple de la science en établissant qu'elle fonctionnait par paradigmes, et qu'il fallait prendre en considération des éléments contextuels plus larges que les seuls énoncés pour comprendre les conditions de la scientificité, et interpréter les théories. Karl Popper a affirmé que seule la réfutabilité possible d'un énoncé lui permettait d'être qualifié de scientifique.
L'empirisme logique : la science vérifiable par l'expérience
L'empirisme logique propose un critère pour différencier une théorie scientifique des autres discours non scientifiques : une théorie scientifique serait toujours décomposable en énoncés simples directement observables et vérifiés par l'expérience.
Il a toujours existé de nombreux discours qui prétendent concurrencer la science. L'empirisme logique a recherché un critère pour différencier les discours scientifiques de la pseudoscience. L'empirisme logique est une position principalement développée et promue par le cercle de Vienne, qui était un groupe de philosophes et de scientifiques dans la première moitié du XX e siècle.
L'hypothèse fondamentale de l'empirisme logique quant à ce qui est de la science et ce qui n'en est pas est la suivante : toute théorie scientifique doit être décomposable en un ensemble fini d'énoncés simples vérifiables par l'expérience. On appelle « énoncé protocolaire » la description aussi précise que possible d'un fait observé. Une théorie est alors scientifique si elle n'est déduite qu'à partir d'énoncés protocolaires, et de relations logiques entre ces énoncés.
« Lorsque quelqu'un affirme : "Il y a un Dieu", "L'inconscient est le fondement originaire du monde", "Il y a une entéléchie comme principe directeur du vivant", nous ne lui disons pas "Ce que tu dis est faux", mais nous lui demandons : "Qu'est-ce que tu signifies avec tes énoncés ?" Une démarcation très nette apparaît alors entre deux espèces d'énoncés : d'un côté les affirmations telles que les formules de la science empirique ; leur sens peut être constaté par l'analyse logique, plus précisément par le retour aux énoncés les plus simples portant sur le donné empirique. Les autres énoncés, parmi lesquels ceux que l'on vient de citer, se révèlent complètement dénués de signification quand on les prend au sens où l'entend le métaphysicien. »
Manifeste du cercle de Vienne, La conception scientifique du monde . 1929. Dans Manifeste du Cercle de Vienne et autres écrits
Sous la direction d'Antonia Soulez, © PUF, 1985, p. 116.
Ainsi, pour l'empirisme logique du cercle de Vienne, les seuls énoncés qui ont un sens sont ceux qui peuvent être décomposés en énoncés simples, appelés « énoncés protocolaires », vérifiés par une observation directe de l'expérience.
L'énoncé suivant est protocolaire : à 10 h 52, le vendredi 12 octobre, un précipité vert est apparu dans le tube à essai numéro 13.
Le problème d'une telle conception de la science est sa rigidité excessive. Une théorie scientifique mise en difficulté par une expérience n'est pas nécessairement abandonnée. Dans les faits, la science ne s'est pas construite par une accumulation progressive d'observations directement vérifiables par les sens.
Les paradigmes scientifiques
Contre la conception de la science proposée par l'empirisme logique, Thomas Samuel Kuhn thématise l'existence de paradigmes scientifiques. Un paradigme est un ensemble de présupposés partagés par une communauté scientifique et déterminant ce qui appartient à la science d'une époque ou d'un contexte donné. Penser le progrès scientifique sous forme de paradigmes peut toutefois inciter au relativisme.
C'est contre la vision simplifiée et rigide de la science proposée par les empiristes logiques que Thomas Samuel Kuhn affirme la progression de la science par paradigmes et par révolutions scientifiques.
Paradigme scientifique
Un paradigme scientifique est pour Thomas Samuel Kuhn un ensemble de valeurs explicites ou implicites, de méthodes, d'exemples-types et de modèles partagés par une communauté scientifique.
Thomas Samuel Kuhn identifie quatre éléments fondamentaux des paradigmes scientifiques, qu'il appelle aussi « matrices disciplinaires » :
- Les « généralisations symboliques », ce sont les lois formelles connues, ou les formules mathématiques, qui appartiennent au paradigme et à la communauté scientifique.
- Les exemples-types, que sont les problèmes scientifiques et leurs solutions habituellement rencontrés dans les manuels, dans les laboratoires, ou dans les salles de travaux pratiques.
- Les modèles ou principes qui déterminent les conceptions du monde auxquelles tous les scientifiques adhèrent. Ils permettent d'avoir une certaine idée de la réalité. Ce sont les croyances fondamentales de la communauté scientifique. La physique mécanique en est un exemple.
- Les valeurs partagées par la communauté scientifique, qui définissent ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas comme preuve, ou comme conditions de vérité.
L'idée fondamentale de Thomas Samuel Kuhn est que la scientificité, c'est-à-dire le fait qu'une théorie soit scientifique ou non, dépend d'un cadre contextuel plus large que la seule analyse des théories. Elle dépend des paradigmes dans lesquels les théories sont constituées et interprétées. Toute observation n'intervient qu'à l'intérieur d'un paradigme qui lui donne sens. Ce sont donc les théories qui correspondent aux normes du paradigme actuel qui sont scientifiques. C'est ce que Kuhn appelle la « science normale ».
La différence entre la physique d'Aristote et celle de Newton ne doit pas se comprendre en termes de progression de l'une à l'autre, et de vérité de l'une ou de l'autre. Il faut davantage identifier la révolution scientifique et les différences radicales de paradigmes entre ces différentes conceptions du mouvement.
Pour Thomas Samuel Kuhn, lorsqu'un paradigme présente de trop nombreuses anomalies face à de nouvelles expériences, ou lorsque de nouveaux problèmes vont sembler trop difficiles à résoudre à l'intérieur du paradigme, la science va entrer en crise jusqu'à potentiellement produire une révolution scientifique. Les anciens problèmes vont alors être abandonnés car une nouvelle manière d'aborder les phénomènes va émerger. C'est la création d'un nouveau paradigme.
« En apprenant un paradigme, l'homme de science acquiert à la fois une théorie, des méthodes, et des critères de jugement, généralement en un mélange inextricable. C'est pourquoi, lors des changements de paradigme, il y a généralement déplacement significatif des critères déterminant la légitimité des problèmes et aussi des solutions proposées. »
Thomas Samuel Kuhn
La Structure des révolutions scientifiques
trad. Laure Meyer, © Flammarion, collection Champs (1972), p. 155, 1962
Il faut toutefois remarquer que cette conception de la science rend très difficile la comparaison de théories appartenant à différents paradigmes. Ces théories sont « incommensurables » selon Thomas Samuel Kuhn, car elles n'ont rien de commun, pas même le sens des mots. Les paradigmes de Thomas Samuel Kuhn sont alors utilisés par les relativistes pour affirmer que la vérité d'une théorie dépend seulement d'une idéologie, d'un moment de l'histoire, ou de son utilité. C'est alors le problème de la vérité scientifique qui ne trouve pas de solution.
La réfutabilité
Karl Popper affirme que la science se distingue des autres discours non scientifiques car elle produit des énoncés réfutables. La scientificité se reconnaît alors par la réfutabilité. Pour qu'une hypothèse soit scientifique, il doit être possible d'imaginer des expériences qui pourraient la réfuter. Une hypothèse qui résiste à la réfutation est corroborée.
Il est toujours facile, pour une hypothèse donnée, d'imaginer des expériences qui lui seront favorables. La confirmation n'est pas un critère suffisant pour assurer la scientificité d'un énoncé. Une bonne hypothèse scientifique ne s'identifie pas par sa décomposition en observations vérifiées par l'expérience.
L'hypothèse « il pleut tous les jours » peut être confirmée par deux semaines de pluie consécutives, sans pour autant être ni une hypothèse vraie ni une hypothèse scientifique.
La confirmation par une expérience ou par une observation est insuffisante, et c'est à cette insuffisance que s'attaque Karl Popper.
Il est important de remarquer que, si la confirmation par une expérience singulière n'est pas suffisante pour assurer la vérité d'une hypothèse, la réfutation par une expérience singulière peut assurer la fausseté d'une hypothèse.
Observer des semaines entières de pluie ne permet pas d'assurer la vérité de l'hypothèse « il pleut tous les jours » tandis qu'un seul jour sans pluie permet de réfuter l'hypothèse.
C'est face à cette différence fondamentale entre la confirmation et la réfutation que Popper affirme la priorité de la réfutation pour assurer la scientificité d'une théorie. Pour qu'une hypothèse soit scientifique, il doit exister des expériences possibles qui pourraient réfuter l'hypothèse par des observations contradictoires. Si une hypothèse se prête à la réfutation par des expériences, et si elle résiste à ces expériences qui auraient pu la réfuter, elle est alors provisoirement vraie. Une hypothèse qui a résisté à la réfutation est dite corroborée.
« 3) Toute "bonne" théorie scientifique consiste à proscrire : à interdire à certains faits de se produire. Sa valeur est proportionnelle à l'envergure de l'interdiction. 4) Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. Pour les théories, l'irréfutable n'est pas (comme on l'imagine souvent) vertu mais défaut. »
Karl Popper
Conjectures et réfutations : la croissance du savoir scientifique , ( Conjectures and refutations )
trad. Michelle-Irène Buhot de Launay, Marc Buhot de Launay, © Payot, collection Bibliothèque scientifique (2006), p. 64-65, 1963
L'hypothèse la plus scientifique est toujours chez Popper celle qui a le plus de falsificateurs virtuels.
Falsificateurs scientifiques
Les falsificateurs virtuels sont des faits possibles, ou des effets observables qui, s'ils existaient, réfuteraient l'hypothèse scientifique. À l'inverse, une hypothèse qui n'a pas de falsificateur virtuel n'est pas scientifique.
- Provenant d'un horoscope, l'énoncé « Jupiter vous apportera soutien et force durant cette journée » n'est pas réfutable. Il est toujours facile de confirmer cette hypothèse par une expérience, mais il n'est possible d'imaginer aucune expérience qui mettrait précisément en difficulté cette hypothèse.
- À l'inverse, l'énoncé « toute planète a une orbite ellipsoïdale dont le Soleil occupe l'un des foyers » présente un grand nombre de falsificateurs virtuels ou, autrement dit, d'expériences imaginables qui pourraient réfuter la théorie ; l'hypothèse y résiste, et est donc corroborée.
Induction, théorie et expérience
Si une certaine vision de la science consiste à croire qu'elle repose sur le principe de l'induction, il est nécessaire de nuancer cette conception de la méthode scientifique en s'intéressant à la relation qu'entretiennent la théorie et l'expérimentation.
L'induction et ses difficultés
L'induction est un raisonnement qui part de cas particuliers pour arriver à une conclusion générale. C'est une inférence qui permet de passer de faits singuliers observés dans l'expérience à un énoncé général. Faire reposer la méthode scientifique sur la conception commune de l'induction est toutefois une vision erronée de la science.
L'induction consiste à partir de faits particuliers, tirés de l'expérience et de l'observation, pour arriver à une conclusion générale.
Il est courant de penser que la science fonctionne à partir d'observations particulières, telles que « j'observe que le soleil se lève à telle heure ce matin du 20 novembre 2020 ». Une fois recueilli un nombre relativement élevé d'observations particulières, il serait légitime de passer à une conclusion générale telle que « le soleil se lève tous les matins ». À partir de ces conclusions générales induites d'observations particulières, la science permettrait alors de prédire par déduction de nouvelles observations particulières, telles que « le soleil se lèvera demain ». C'est ce que Alan Francis Chalmers, dans Qu'est-ce que la science ? , appelle « l'inductivisme naïf ». Cette vision de la science est courante. En plus d'être incorrecte, elle pose un problème fondamental quant à la méthode inductive, problème précisément développé par Chalmers dans son ouvrage.
« Ces défauts [du principe de l'induction] proviennent du caractère vague et douteux de la revendication qu'un "grand nombre" d'observations sont faites dans des circonstances "fort variées". Combien d'observations faut-il accumuler pour en obtenir un grand nombre ? Doit-on chauffer une barre métallique dix fois, cent fois, avant de pouvoir conclure qu'elle se dilate toujours quand on la chauffe ? »
Alan Francis Chalmers
Qu'est-ce que la science ? Récents développements en philosophies des sciences : Popper, Kuhn, Lakatos, Feyerabend
© La Découverte, 1987
Le problème de l'induction consiste à se demander s'il est légitime de passer d'observations particulières à une conclusion générale. Comment, sur la base d'un nombre même répété d'expériences particulières, est-il possible de passer à une conclusion générale ? Est-il possible d'identifier le nombre suffisant d'observations singulières pour passer à la conclusion générale ? Et y a-t-il un principe qui permettrait de justifier ce passage de l'expérience particulière à la loi générale ? Si les observations particulières trouvent leur fondement dans l'expérience, l'énoncé général n'est pas lui-même tiré de l'expérience.
Karl Popper a utilisé un exemple aujourd'hui célèbre : un individu qui n'aurait jamais rencontré un cygne noir, et qui aurait observé un grand nombre de cygnes blancs, pourrait être tenté de conclure que « tous les cygnes sont blancs ». Cet énoncé ne provient pas lui-même de l'expérience. Il suffirait à cet individu de croiser un seul cygne noir pour qu'il reconnaisse la fausseté de cet énoncé. Il faut alors se demander s'il était légitime de passer par induction de « un très grand nombre de cygnes, tous blancs, ont été observés » à « tous les cygnes sont blancs ».
« Mais c'est dans la forme même de l'induction, et dans le jugement qui en résulte, que nous avons à introduire les plus grands changements. Car l'induction dont parlent les didacticiens, et qui procède par simple énumération, est quelque chose de puéril ; elle conclut de manière précaire, s'expose au risque d'une instance contradictoire, et ne prend en vue que les choses familières, sans déboucher sur rien. »
Francis Bacon
Novum Organum
Théorie et expérience
Si une théorie scientifique n'est pas produite à partir de la généralisation d'expériences particulières, c'est parce qu'une théorie doit toujours précéder l'expérience pour la déterminer et l'organiser. Dans l'examen de la méthode expérimentale, généralisation et expérimentation ne doivent pas être abstraitement distinguées.
Concevoir la méthode scientifique comme simplement inductive revient à oublier la place que joue la théorie scientifique dès l'observation et l'expérimentation.
En effet, dans la suite de son ouvrage Qu'est-ce que la science ? , après avoir exposé le problème de l'induction, Alan Francis Chalmers remarque que le point de vue « inductiviste naïf » a un présupposé implicite fondamental, qui est « que la science commence par l'observation ». Il existe en effet une certaine vision de la méthode expérimentale qui consiste à croire que l'expérience apporte des données sans préjugés qui sont seulement ensuite interprétées. Ainsi, selon cette vision de la méthode expérimentale, toute hypothèse scientifique débuterait par une observation neutre de la réalité, et par le recueil de faits exempts de toute théorie scientifique.
Il est important toutefois de remarquer que la réalité des pratiques expérimentales contredit largement cette vision de la méthode scientifique. En effet, les processus expérimentaux sont conçus à partir d'hypothèses de recherches. C'est-à-dire qu'une certaine théorie scientifique détermine l'observation des faits, et que les expériences sont menées dans le but de répondre à une certaine problématique. Il est donc difficile d'affirmer que la science commence par l'observation et par l'expérience, car l'expérience est toujours déterminée par la théorie qui la nécessite. C'est ce point que Bergson développe dans son discours prononcé au Collège de France en 1913 sur « la philosophie de Claude Bernard ».
« Trop souvent nous nous représentons encore l'expérience comme destinée à nous apporter des faits bruts : l'intelligence, s'emparant de ces faits, les rapprochant les uns des autres, s'élèverait ainsi à des lois de plus en plus hautes. Généraliser serait donc une fonction, observer en serait une autre. Rien de plus faux que cette conception du travail de synthèse, rien de plus dangereux pour la science et pour la philosophie. Elle a conduit à croire qu'il y avait un intérêt scientifique à assembler des faits pour rien, pour le plaisir, à les noter paresseusement et même passivement, en attendant la venue d'un esprit capable de les dominer et de les soumettre à des lois. Comme si une observation scientifique n'était pas toujours la réponse à une question, précise ou confuse ! Comme si des observations notées passivement à la suite les unes des autres étaient autre chose que des réponses décousues à des questions posées au hasard ! »
Henri Bergson
La Pensée et le Mouvant. Essais et conférences. VII - « La philosophie de Claude Bernard »
Bergson rappelle ici qu'il est fréquent de séparer l'observation de la généralisation, en oubliant qu'une observation intervient toujours dans le cadre d'une question posée au réel. On pourrait d'ailleurs noter qu'à l'ère actuelle du big data, où les données collectées n'ont jamais été aussi nombreuses, les remarques de Bergson sont particulièrement précieuses : les données ne peuvent être recueillies qu'à partir de théories préalables qui déterminent quoi recueillir et comment le recueillir.
La vision de la science expérimentale qui fait de l'induction le cœur de sa méthode n'est pas satisfaisante. La science ne progresse pas depuis un recueil neutre des données d'observation pour aller vers des généralisations, des lois, et des théories scientifiques. Toute expérience a comme point de départ une certaine théorie qui détermine son élaboration, son sens, le recueil des données, les concepts utilisés pour observer, sélectionner les faits, et les organiser.
« Il y a donc deux opérations à considérer dans une expérience. La première consiste à préméditer et à réaliser les conditions de l'expérience ; la deuxième consiste à constater les résultats de l'expérience. Il n'est pas possible d'instituer une expérience sans une idée préconçue ; instituer une expérience, avons-nous dit, c'est poser une question ; on ne conçoit jamais une question sans l'idée qui sollicite la réponse. »
Claude Bernard
Introduction à l'étude de la médecine expérimentale
L'ambition scientifique
Si l'ambition de la science consiste à décrire le réel et à se donner les moyens d'agir sur ou avec lui, il n'est pas certain que l'objet de cette ambition soit le réel lui-même. L'analyse du cas particulier de l'expérience vécue met en difficulté l'ambition scientifique qui voudrait réduire toute connaissance à des connaissances physiques ou matérielles.
L'objet de la science : réalisme et antiréalisme
Si la science a comme ambition de connaître le réel, de le décrire et d'agir à partir de cette connaissance, il est important de se demander si cette connaissance et ces descriptions visent le réel lui-même. Deux théories s'opposent : le réalisme scientifique et l'antiréalisme scientifique.
Connaître et agir sur le réel
La science semble se diviser entre des connaissances fondamentales du réel et des connaissances destinées à l'application. Il faut cependant s'interroger sur l'objet visé par ces connaissances. Selon les positions philosophiques, l'objet décrit est le réel lui-même, ou une modélisation fictionnelle permettant l'action.
Il semble communément admis que la science a deux finalités :
- la connaissance du réel et des lois de la nature ;
- la maîtrise des lois de la nature pour agir sur le réel et appliquer les sciences au soin, à la construction, à l'amélioration de la vie, et à l'accroissement des connaissances.
« Sans doute, quand on envisage l'ensemble complet des travaux de tout genre de l'espèce humaine, on doit concevoir l'étude de la nature comme destinée à fournir la véritable base rationnelle de l'action de l'homme sur la nature, (…) [Mais] quels que soient les immenses services rendus à l'industrie par les théories scientifiques, quoique, suivant l'énergique expression de Bacon, la puissance soit nécessairement proportionnée à la connaissance, nous ne devons pas oublier que les sciences ont, avant tout, une destination plus directe et plus élevée, celle de satisfaire au besoin fondamental qu'éprouve notre intelligence de connaître les lois des phénomènes. »
Auguste Comte
Cours de philosophie positive , deuxième leçon
Ainsi, la science aurait à la fois une fin en soi, recherchant la connaissance du réel pour la seule connaissance, et serait un moyen en vue d'une action sur le réel. On pourrait d'ailleurs remarquer que de nombreuses sciences se divisent en une science dite « fondamentale », et une science dite « appliquée ».
On peut distinguer, au sein de la biologie, la biologie fondamentale qui tente entre autres de décrypter les mécanismes cellulaires, et la biologie appliquée qui utilise ces connaissances notamment à des fins médicales.
Le réalisme : la science comme description du réel
Le réalisme affirme que les entités et objets examinés par la science, qu'ils soient directement observables ou non (la gravité), existent au même sens que les objets les plus communs (un stylo). La science décrirait alors le réel lui-même.
Cependant, dans le cas de ces deux finalités, il est présupposé que la science vise le réel lui-même, c'est-à-dire les choses telles qu'elles sont indépendamment de l'être humain. Qu'il s'agisse de connaître le réel, ou d'agir sur lui, c'est toujours le réel lui-même qui est visé, en considérant ainsi que la science a un accès véritable à l'essence des choses. Cette position philosophique s'appelle le réalisme scientifique.
Réalisme scientifique
Le réalisme scientifique est la thèse selon laquelle les objets dont parle la science, ses concepts, ses entités, existent tels qu'ils sont décrits, sans dépendre de la connaissance que nous en avons.
« Pour le réalisme scientifique, les entités, états et processus décrits par les théories existent vraiment, pour peu que ces théories soient exactes. Protons, photons, champs de force et trous noirs sont aussi réels qu'ongles d'orteils, turbines, tourbillons dans un cours d'eau ou volcans. »
Ian Hacking
Concevoir et expérimenter : thèmes introductifs à la philosophie des sciences expérimentales
trad. Bernard Ducrest, © Christian Bourgois Éditeur, p. 59, 1989
Ainsi, pour un partisan du réalisme scientifique, la science décrit le réel lui-même ou, autrement dit, le monde tel qu'il est. Les concepts utilisés par les scientifiques, mêmes ceux non directement visibles tels que la gravité, un courant électrique, ou des photons, sont alors des descriptions précises de la réalité telle qu'elle est en elle-même. Dire que ces entités existent, c'est dire qu'elles sont au même sens qu'un stylo, une pierre, ou une table.
L'argument le plus connu utilisé pour défendre simplement le réalisme scientifique est celui du philosophe américain Hilary Putnam.
« L'argument positif pour le réalisme est que c'est la seule philosophie qui ne rend pas le succès de la science miraculeux. »
Hilary Putnam
« Qu'est-ce que la vérité mathématique ? »
Cet argument repose sur le constat simple que la science est capable d'agir sur le réel en lançant des fusées, en opérant un cerveau, en produisant des prédictions des phénomènes naturels, etc. Considérant ce « succès » de la science, il faudrait alors nécessairement admettre que son objet est bien le réel lui-même, car sinon les explications et applications pratiques de la science ne pourraient tenir qu'aux miracles.
L'antiréalisme : la science comme création de modèles et d'instruments
L'antiréalisme affirme que les entités décrites par la science qui ne sont pas directement observées ne sont que des modèles, des fictions, qui permettent de faciliter l'explication du réel, sa compréhension, les mesures et les prédictions.
Il est possible de défendre la position inverse, que l'on appelle « antiréalisme scientifique ».
Antiréalisme
Selon l'antiréalisme , les objets dont parle la science qui ne sont pas directement observables, tels que les gènes, un courant électrique ou un photon, n'existent pas au même sens qu'un arbre, un verre ou une pierre.
« L'antiréaliste s'oppose à ces entités qui ne sont pour lui que fictions, constructions logiques ou éléments d'un processus intellectuel d'appréhension du monde. »
Une variation particulièrement connue de la thèse antiréaliste est l'instrumentalisme.
Instrumentalisme
L'instrumentalisme affirme que les entités qui ne sont pas directement observées le plus simplement par les sens sont des fictions utilisées pour comprendre, manipuler ou mesurer le réel. Elles ne correspondent pas directement à l'essence du réel, mais sont une construction scientifique permettant d'appréhender d'une manière structurée les choses qui ne sont pas immédiatement observables.
Ainsi, selon l'instrumentalisme, les théories scientifiques ne seraient pas une description directe du réel, mais davantage des créations de modèles qui permettent, comme le fait un instrument de mesure, de prédire et d'agir sur le réel.
« Entrez dans ce laboratoire ; (…) un observateur enfonce dans de petits trous la tige métallique d'une fiche dont la tête est en ébonite ; le fer oscille et, par le miroir qui lui est lié, renvoie sur une règle en celluloïd une bande lumineuse dont l'observateur suit les mouvements ; voilà bien sans doute une expérience ; au moyen du va-et-vient de cette tache lumineuse, ce physicien observe minutieusement les oscillations du morceau de fer. Demandez-lui maintenant ce qu'il fait ; va-t-il vous répondre : « J'étudie les oscillations du barreau de fer qui porte ce miroir » ? Non, il vous répondra qu'il mesure la résistance électrique d'une bobine (…) pour pouvoir faire cette interprétation, il ne suffit pas d'avoir l'attention en éveil et l'œil exercé ; il faut connaître les théories admises, il faut savoir les appliquer, il faut être physicien. »
Pierre Duhem
La Théorie physique. Son objet, sa structure
Les limites de la science : l'exemple de l'expérience vécue
L'ambition scientifique de description du réel comporte bien souvent un présupposé physicaliste, c'est-à-dire un présupposé qui affirme que toutes les connaissances sont réductibles à des connaissances physiques ou matérielles. Cette thèse physicaliste est mise en difficulté par l'expérience vécue ou « effet que cela fait » de vivre quelque chose.
Si la science a comme ambition de décrire le réel, elle présuppose donc qu'elle en a entièrement la possibilité. Les sciences physiques, telles que la physique et la chimie que l'on trouve dans les manuels, se caractérisent par la thèse selon laquelle toutes les connaissances sont réductibles à des connaissances physiques. Autrement dit, la totalité de ce qui existe, la totalité de ce que l'on vit, perçoit, comprend, est explicable par les propriétés physiques des choses. Ainsi, toutes les choses qui existent seraient réductibles à des propriétés physico-chimiques, et leur constitution serait donc entièrement réductible à la connaissance physique.
L'expérience vécue, ou « l'effet que cela fait » de vivre, de percevoir, de ressentir, a toutefois mis en difficulté ce présupposé des sciences physiques. En effet, s'il est facile d'accepter que les sciences physiques pourront dans le futur donner toutes les informations physiques, chimiques, à propos par exemple de la vision d'une couleur ou du ressenti d'un sentiment, il semble difficile d'admettre que « l'effet que cela fait » d'éprouver un sentiment, ou de voir une couleur, pourra être réductible à des propriétés physiques.
Frank Jackson, dans son article Ce que Marie ne savait pas ( What Mary Didn't Know ) (1982), propose une expérience de pensée célèbre. Il imagine que l'on enferme depuis toujours une brillante scientifique dans une pièce sans aucune couleur. Elle apprend alors toutes les connaissances physiques possibles à propos, par exemple, de la couleur rouge, sans avoir jamais vu cette couleur. Frank Jackson demande alors : « Que se produira-t-il quand Marie sortira de sa chambre noire et blanche (…) ? ». Marie fera en effet l'expérience, pour la première fois, de la couleur rouge, de « l'effet que cela fait » de voir une couleur, et on peut donc conclure que l'expérience vécue n'était pas réductible aux connaissances physiques du rouge.
On appelle qualia les propriétés de l'expériences vécue, telles que l'effet que cela fait de voir une couleur, ou le fait d'éprouver un sentiment, qui semblent irréductibles à toute connaissance physique. L'expression « effet que cela fait » provient d'un article célèbre de Thomas Nagel.
« J'ai dit que l'essence de la croyance selon laquelle les chauve-souris ont une expérience est que cela fait un certain effet d'être une chauve-souris. À l'heure actuelle, nous savons que la plupart des chauve-souris (…) perçoivent le monde extérieur principalement par sonar, ou écholocalisation (…). Nous ne pouvons nous former plus qu'une conception schématique de l'effet que cela fait . »
Thomas Nagel
Quel effet cela fait-il d'être une chauve-souris ? , ( What is it like to be a bat? )
The Philosophical Review (n° 83, 4), octobre 1974
Si l'on simplifie l'argument de Nagel, il consiste à remarquer que si l'on peut très précisément expliquer les processus physiques par lesquels la chauve-souris perçoit, les connaissances physiques ne remplacent pas « l'effet que cela fait » de percevoir comme une chauve-souris. On ne pourra jamais connaître directement cet effet vécu. La chauve-souris perçoit en effet par écho-localisation, c'est-à-dire par un mécanisme de sonar, et il semblerait que toutes les connaissances physiques à propos de ce système ne permettront jamais de ressentir « l'effet que cela fait » de percevoir comme un sonar. Toute « extrapolation » à partir de sa propre expérience ou à partir de ses connaissances de l'écho-localisation échouerait à appréhender ce vécu.
L'ambition scientifique de réduction du réel à des explications physiques et de description à partir des sciences physiques semble mise en difficulté par l'expérience vécue, ou par le phénomène de la conscience. Les qualia semblent en effet résister à la description qui réduirait « l'effet que cela fait » à des informations physiques.
- Sujets corrigés bac français, philosophie
- Réussir le commentaire philosophique, méthode, repérage sur texte. Méthode de la dissertation
Husserl, Les rapports entre la vérité et la science. Introduction et première partie du texte
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- Dans Réussir le commentaire philosophique, méthode, repérage sur texte. Méthode de la dissertation
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Exercice bac, le commentaire
Husserl, Les rapports entre la vérité et la science
Husserl, Les rapports entre la vérité et la science
« La vérité ou la fausseté, la critique et l'adéquation critique des données évidentes, voilà autant de thèmes banals qui déjà jouent sans cesse dans la vie pré-scientifique. La vie quotidienne, pour ses fins relatives et variables, peut se contenter d'évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous; définitives; et, partant, des vérifications renouvelées et ultimes. Si, en fait, comme elle-même doit finir par s'en convaincre, la science ne réussit pas à édifier un système de vérités "absolues", si elle doit sans arrêt modifier les valeurs "acquises", elle obéit pourtant à l'idée de vérité absolue, de vérité scientifique, et elle tend par là même à un horizon infini d'approximations qui convergent toutes vers cette idée. A l'aide de ces approximations, elle croit pouvoir dépasser la connaissance naïve, et aussi se dépasser infiniment elle-même. Elle croit le pouvoir aussi par la fin qu'elle se pose, à savoir l'universalité systématique de la connaissance »
Thème, thèse, problématique
Commentaire d'Husserl Husserl, Les rapports entre la vérité et la science
Thème Vérité dans les sciences et la vie quotidienne Thèse Montrer que la science ne peut pas se contenter de vérités relatives mais veut des vérités absolues Problématique De quelle vérité s'agit-il dans la science et pourquoi ne peut-elle pas se contenter de vérités relatives?
Autre corrigé du texte
- Exemple de rédaction : introduction et première partie du texte de Husserl
Les mouvements du texte
Mouvement 1 Du début à "renouvelées et ultimes" L'auteur pose sa thèse selon laquelle la science veut des vérités absolues et non relatives. Mouvement 2 "Si, en fait, comme elle-même doit finir"... à la fin C'est un idéal de croire que l'on peut atteindre une vérité absolue en se basant sur le progrès.
Analyse du mouvement 1
Mouvement 1 « La vérité ou la fausseté, la critique et l'adéquation critique des données évidentes, voilà autant de thèmes banals qui déjà jouent sans cesse dans la vie pré-scientifique. La vie quotidienne, pour ses fins relatives et variables, peut se contenter d'évidences et de vérités relatives. La science, elle, veut des vérités valables une fois pour toutes et pour tous; définitives; et, partant, des vérifications renouvelées et ultimes.
La science a créé son discours traditionnel qui crée de fausses évidences, il s'agit du discours scientifique tenu depuis Galilée. Husserl cherche à montrer ce qu'est la science sans exclure le monde préscientifique de l'intuition sensible.
I - La science veut des vérités absolues et non relatives. 1 - Dans notre extrait, Husserl s'interroge sur les rapports entre la vérité et la science. Par souci de répondre à ce questionnement, c'est en opposant l'attitude quotidienne de l'attitude scientifique que le phénoménologue procède. Dans le monde de la vie, la vie est en lien avec la vérité, il y a ce qu'Husserl appelle les évidences vécues.
2 - Les concepts de vérité ou fausseté n'ont pas l'exclusivité scientifique. Ces notions nous accompagnent dans notre quotidien et nos actes les plus ordinaires comme lorsque nous agissons ou échangeons. Ce monde préscientifique de l'intuition sensible, du subjectif et ce monde sont indépassables même par la science. L'homme peut induire, faire ses expériences et obtenir ses certitudes. Par exemple, le soleil se lèvera demain. Mais il ne peut pas s'adapter au schéma d'une science qui tente de mathématiser la nature en faisant abstraction de toutes les évidences vécues.
3 - Cependant les notions de vérité et d'évidence n'ont pas le même sens dans le concret de notre vie quotidienne et dans le domaine scientifique. En partant du présupposé d'Husserl "seul le monde de la vie donne du sens à la vie elle-même", le mépris de la science en refusant tout ce qui est subjectif nous égare dans notre existence. La science est dans la contradiction qui consiste à dévaloriser le monde de la vie. Husserl tente de justifier cet égarement de la science pour le comprendre. Dans notre réalité concrète de tous les jours, nos fins sont relatives, elles dépendent de notre volonté, de nos désirs. Le domaine scientifique ne vise pas l'action, sa quête est celle d'une vérité définitive.
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La méthode de la dissertation de philosophie !
Publié le 27 novembre 2018 par Justine Debret . Mis à jour le 7 décembre 2020.
Quelle méthode suivre pour une dissertation de philosophie ? C’est une question que l’on se pose depuis le lycée et qui nous préoccupe encore à l’université.
Table des matières
Étape 1 de la méthode d’une dissertation – analyser le sujet en profondeur, étape 2 de la méthode d’une dissertation – problématiser, étape 3 de la méthode d’une dissertation – faire un plan, étape 4 de la méthode d’une dissertation – argumenter, étape 5 de la méthode d’une dissertation – l’introduction, le développement, les transitions et la conclusion, étape 6 de la méthode d’une dissertation – la relecture et correction de votre dissertation, présentation gratuite, 1. lire le sujet attentivement.
Cela parait évident, mais la première étape est de lire le sujet en entier . Si plusieurs sujets de dissertation sont proposés, il vous faut les lire tous avant de choisir le sujet qui vous semble le plus approprié (celui que vous avez le plus préparé).
Exemple de sujets
2. définir les termes du sujet.
Il est primordial de définir les termes du sujet, afin de le comprendre et de choisir un angle d’attaque.
Conseil Utilisez l’étymologie des mots.
Les mots ont des définitions diverses et vous devrez choisir une définition spécifique pour les termes centraux du sujet en introduction.
Exemple de définition des termes
Sujet : Le travail n’est-il qu’une contrainte ?
Il faut définir les termes “travail”, “contrainte” et “qu’une”. Si des idées, des concepts, des théories ou des auteurs vous viennent à l’esprit, notez les sur votre brouillon !
Travail : au sens économique, le travail est une activité rémunérée ou non qui permet la production de biens et services. Avec le capital, c’est un facteur de production de l’économie. L’étymologie du terme travail est tripalium (instrument de torture), un instrument formé de trois pieux, deux verticaux et un placé en transversale, auquel on attachait les animaux pour les ferrer ou les soigner, ou les esclaves pour les punir.
Contrainte : une chose imposée par l’extérieur contre la volonté d’un individu (différent d’une obligation).
Qu’une : seulement, uniquement.
3. Faire un brainstorming sur le sujet
Soulignez les mots du sujet qui vous semblent essentiels et essayez de les définir ou de trouver des synonymes.
Étalez plusieurs feuilles de brouillon et écrivez toutes les idées qui vous viennent à l’esprit concernant votre sujet.
Relisez souvent le sujet pour éviter le hors-sujet.
L’analyse du sujet constitue une étape majeure de la réponse : elle cerne à viser précisément les exigences du libellé.
- Elle porte sur les termes essentiels figurant dans le libellé.
- Elle doit permettre de dégager le ou les problèmes posés par le sujet et de délimiter le domaine concerné par le sujet.
Exemple de brainstorming
- Le travail peut être un plaisir.
- Est-ce une contrainte ou une obligation que l’homme s’inflige ? Que serions-nous sans le travail ?
- C’est une activité imposée de l’extérieur, donc une contrainte.
- Le travail permet de nous libérer ?
- Le travail est une fin en soi ?
- Est-ce imposé par la société ?
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Reformuler un texte gratuitement
Grâce aux définitions et au brainstorming , faites un travail de reformulation avec vos propres mots de la question qui vous est posée.
Astuce Commencez la question par “en quoi” (pour une réponse avec différents arguments) ou “est-ce que” (pour une réponse en thèse/antithèse).
Lors de la problématisation du sujet, demandez-vous si vous pouvez y répondre avec vos connaissances et si vos propos sont en relation directe avec le sujet de la dissertation de philosophie.
Exemple de problématique
Problématique : Est-ce que l’Homme est contraint ou obligé de travailler ?
Maintenant que vous avez une problématique, il faut faire un plan qui y répond. Recherchez des idées et notez-les de manière ordonnée.
En fonction du sujet de dissertation de philosophie proposé, un type de plan va s’imposer : dialectique, analytique ou thématique.
Nous conseillons de faire un plan en trois parties (et deux sous-parties). Toutefois, ce n’est pas obligatoire et vous pouvez faire deux parties (et trois sous-parties).
Il existe plusieurs types de plan :
- Le plan dialectique (ou critique).
- Le plan analytique.
- Le plan thématique
Exemple de plan
Plan :
I) Le travail n’est qu’une activité imposée par l’extérieur contre la volonté de l’Homme
A) L’origine du travail B) Il est imposé à l’humanité par d’autres Hommes C) Le travail et la société
II) Le travail est une activité que l’être humain s’impose librement à lui-même
A) Travailler est naturel pour l’Homme ? B) Le travail comme une libération C) Le travail est une fin en soi
L’analyse du sujet de la dissertation de philosophie permet de dégager deux ou trois idées qui sont les parties de votre développement.
Chaque argument est l’objet d’un paragraphe qui doit présenter une explication de l’argument, des exemples précis et une phrase conclusive.
Exemple d’argumentation
B) Le travail comme libération
Argument 1 : D’après Kant, l’Homme se dicterait librement le travail car il en aurait besoin pour se libérer de la nature qui est en lui. En effet, le travail est une activité qui induit de suivre des règles, et ces règles permettent à l’être humain de se libérer de la nature qui réside en lui, c’est-à-dire de se civiliser. Cette nature qui habite l’être humain s’exprime par le désir, l’instinct et les sentiments d’après Kant. Le travail est donc l’activité qui permet à l’Homme de ne plus être esclave de sa nature et d’accéder à l’estime de soi.
Exemple : C’est-à-dire que lorsque l’Homme travail, tout ce qu’il construit « il doit en avoir tout seul le mérite et n’en être redevable qu’à lui-même ». D’après Kant, le travail permet aussi d’évoluer et d’accéder à la culture, car si l’Homme ne travaillait pas, il serait resté au stade primitif. Par exemple, un consultant qui travaille pour Deloitte sur différentes missions continuera de se perfectionner et d’accumuler des connaissances au fil de sa carrière.
Conclusion : Par conséquent, l’Homme s’oblige à travailler pour se libérer de la nature qui est en lui et pour accéder à l’estime de soi, ainsi qu’à la culture.
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1. L’introduction d’une dissertation
L’introduction d’une dissertation de philosophie permet de poser le sujet et d’exposer clairement le problème.
Elle ne doit pas être trop longue (10 à 15 lignes) et s’adresse à un lecteur profane.
L’introduction d’une dissertation de philosophie doit comporter :
- une amorce ;
- l’énoncé du sujet (si c’est une citation, elle doit figurer dans l’introduction avec le nom de l’auteur) ;
- la définition des termes et reformulation du sujet ;
- la problématique ;
- l’annonce du plan de la dissertation.
Exemple d’introduction
Sujet : Le travail n’est-il qu’une contrainte?
Introduction :
« Le travail a quelque chose de semblable à la mort. C’est une soumission à la matière. » a dit Guillaume Apollinaire. Il pose ainsi la question du travail, comme une unique contrainte. L’étymologie latine du mot travail, « tripalium », signifie « instrument de torture ». En outre, c’est une action liée à la souffrance et qui possède une dimension fortement négative. Par définition, le travail est une activité de transformation de la nature qui a pour effet de transformer l’Homme lui-même. Pour Blaise Pascal, c’est un divertissement qui occupe une grande partie de la vie des Hommes et qui permet de masquer les problèmes essentiels de l’existence humaine. On définit une contrainte comme étant est une chose imposée par l’extérieur contre la volonté d’un individu. Or, il faut bien différencier une contrainte d’une obligation, qui elle est une activité que l’individu s’impose lui-même librement. On peut donc se demander est-ce que l’Homme est contraint ou obligé de travailler ? Dans un premier temps, nous nous demanderons si le travail n’est qu’une activité imposée par l’extérieur contre la volonté de l’Homme, puis dans un deuxième temps nous nous interrogerons sur le fait que le travail est une activité que l’être humain s’impose librement à lui-même.
2. Le développement
Le développement comporte deux ou trois parties, nettement séparées. Il faut sauter une ligne après l’introduction, entre chaque partie, et avant la conclusion.
Chaque partie est divisée en trois ou quatre paragraphes qui s’articulent autour d’un argument ou d’une idée directrice.
Tout argument doit être illustré par un exemple littéraire qui donne lieu à une analyse permettant au lecteur d’apprécier leur pertinence. Chaque partie s’achève sur une phrase de conclusion.
Exemple de développement
Effectivement, l’Homme s’imposerait librement le travail, car il en aurait besoin pour se libérer.
Exemple : C’est-à-dire que lorsque l’Homme travail, tout ce qu’il construit « il doit en avoir tout seul le mérite et n’en être redevable qu’à lui-même ». D’après Kant, le travail permet aussi d’évoluer et d’accéder à la culture, car si l’Homme ne travaillait pas, il serait resté au stade primitif.
Conclusion : Par conséquent, l’Homme s’oblige à travailler pour se libérer de la nature qui est en lui et pour accéder à l’estime de soi ainsi qu’à la culture.
Argument 2 : Par ailleurs, d’autres philosophes voient dans le travail un autre facteur de libération. En effet, pour Pascal, le travail permet à l’Homme de se libérer de la misère existentielle, qui est le maux le plus douloureux de l’espèce humaine et qui est en fait la définition de la condition humaine. La misère existentielle est en fait une angoisse, un ennui qui est commun à tous les Hommes et qui résulte d’une interrogation sur l’existence humaine.
Exemple : Ces questions existentielles, qui sont universelles, plongeraient l’Homme dans une angoisse et un ennui profond. Il existe de nombreuses questions de ce genre comme « que faire de sa vie ? » ou bien « que faire face à l’angoisse de la mort ? ». Pascal considère que pour se libérer face à ce maux l’Homme s’impose librement le travail, qui est un divertissement qui l’occupe et l’empêche de se poser ces questions existentielles. C’est-à-dire que le travail est la seule solution pour l’Homme face au sentiment insupportable que l’existence humaine est absurde.
Conclusion : Par conséquent, l’Homme se dicte librement le travail car c’est l’unique solution face à l’angoisse et l’ennui causés par la condition humaine. Le travail, d’après ces deux exemples constitue une obligation pour l’Homme dans le sens où il se l’impose librement afin de se libérer de la nature qui est en lui, ainsi que de la misère existentielle qui l’habite. Toutefois, le travail pourrait n’être considéré que comme une contrainte s’il constituait une activité réalisé pour une fin extérieure.
3. Les transitions
Dans une dissertation de philosophie, les transitions sont primordiales. Elles permettent de lier les parties entre elles.
Deux types de transitions sont utilisés :
- Les transitions entre grandes parties (I et II par exemple).
- Les transitions entre chaque sous-partie (entre A et B par exemple).
Une transition est faite de plusieurs parties :
- une mini-conclusion de la partie ou sous-partie précédente ;
- une critique d’un point faible de la partie précédente ;
- l’annonce de la partie qui suit.
Exemple de transition
Transition (de B vers C) :
Nous avons mis en exergue que le travail permet à l’Homme de se libérer de la nature qui est en lui et de sa misère existentielle (B). Toutefois, notre étude ne s’est pas encore intéressée aux autres apports du travail. Nous allons désormais nous intéresser au travail comme une fin en soi (C).
4. La conclusion d’une dissertation
La conclusion d’une dissertation de philosophie est une synthèse du développement. Il faudra clairement indiquer la réponse à la problématique de l’introduction. Il est possible d’ajouter ensuite une ouverture qui propose une extension de la réflexion sur un autre angle du thème.
Exemple de conclusion
Conclusion :
Le travail ne peut guère être uniquement considéré comme une simple contrainte même si il est imposé à l’Homme par d’autres individus. En effet, il s’agit aussi d’une obligation, une fin en soi, qui lui permet en quelque sorte de s’émanciper la nature qui est en lui ainsi que de sa condition humaine. Le travail permet en effet à l’Homme de se libérer d’aspects contraignant liés à l’existence humaine.
Voici une présentation de cours gratuite sur comment faire une dissertation. Vous pouvez l’utiliser avec vos élèves ou simplement de manière personnelle pour travailler la méthode de la dissertation de philosophie.
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Citer cet article de Scribbr
Si vous souhaitez citer cette source, vous pouvez la copier/coller ou cliquer sur le bouton “Citez cet article” pour l’ajouter automatiquement à notre Générateur de sources gratuit.
Debret, J. (2020, 07 décembre). La méthode de la dissertation de philosophie !. Scribbr. Consulté le 22 octobre 2024, de https://www.scribbr.fr/dissertation-fr/methode-dissertation/
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Justine Debret
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Major Prépa > Académique > Culture Générale > La science en philosophie : les auteurs incontournables
La philosophie de la connaissance occupe une partie importante du champ de la philosophie. Il est donc incontournable d’avoir des connaissances solides dans ce domaine. Des connaissances précises, qui s’appuient sur des noms d’auteurs, de livres et des exemples pertinents, vous aideront à faire la différence. Presque chaque sujet peut être étudié sous l’angle de l’une de ces catégories : le vrai, le bien (la morale) et le beau (l’art) . Dans la première catégorie, on peut réfléchir plus particulièrement à la philosophie de la science. Dans un premier temps, on peut définir comme scientifique ce qui répond à quatre critères :
- La volonté d’expliquer le réel
- L’objet d’étude : des phénomènes réguliers et reproductibles
- La valeur prédictive
- Le fait d’être mesurable et réfutable par l’expérimentation
Dans cet article, vous pourrez trouver des auteurs à mobiliser pour la première de ces catégories : Auguste Comte, Bertrand Russell, Gaston Bachelard et Karl Popper.
Auguste Comte (1798 – 1857) et le positivisme
Selon Auguste Comte, trois stades de la connaissances se succèdent : le stade théologique, le stade métaphysique et le stade scientifique. L’esprit doit nécessairement passer par ces trois stades. Comte appelle le stade scientifique le « positivisme ». Ces stades correspondent à trois manières d’expliquer les phénomènes , qu’il décrit dans le Discours sur l’esprit positif .
La théologie a été la première façon d’expliquer le monde, jusqu’à l’Ancien Régime. Autrement dit, les phénomènes naturels, comme la foudre, étaient rapportés à des décisions et des comportements divins, par exemple les colères de dieux Grecs.
La métaphysique renvoie à des entités abstraites telles que l’ « âme » et la « nature ». Elle correspond à l’époque des Lumières. Les philosophes de l’époque métaphysique raisonnent de façon abstraite, notamment aux causes premières, au lieu de penser les lois générales qui régissent les rapports physiques. Par exemple, Rousseau prend comme point de départ de sa réflexion une société pré-culturelle abstraite pour élaborer l’idée du contrat social.
Comte disqualifie les deux premiers états, qui ne doivent être que transitoires. Seul le positivisme propose des théories explicatives qui rendent compte du réel. Au stade positif sont élaborées des lois qui organisent les rapports du vivant, à partir de réactions et de relations cause-effet. Il ne faut s’attacher à rendre compte que du connaissable. Ainsi, renoncer à la métaphysique n’est pas une perte, car pour Comte, il ne faut pas chercher à comprendre ce qui ne peut pas être compris par la raison.
Russell (1872 – 1970) et la culture scientifique
Dans L’Esprit scientifique et la science dans le monde moderne , le mathématicien et philosophe britannique Bertrand Russell affirme que la science est un fait culturel . L’avènement de l’esprit scientifique est historiquement daté et se caractérise par de nouvelles normes. C’est un phénomène récent qui marque une rupture avec les millénaires de culture préscientifique précédents.
L’influence de cet esprit scientifique s’observe concrètement par un changement de mœurs et une augmentation des champs d’étude de la science. Pour Russell, il se caractérise avant tout par une méthode fondée sur l’observation et la généralisation . Autrement dit, le scientifique peut élaborer une loi générale à partir de faits particuliers. En effet, une théorie scientifique se construit par l’observation de phénomènes répétés, à partir desquels on recherche une loi explicative. La valeur prédictive de cette loi est testée par l’expérimentation. Si elle n’est pas réfutée, elle peut être raisonnablement généralisée jusqu’à buter sur des faits contradictoires.
Cette méthode se retrouve désormais dans notre façon de penser quotidienne. Par exemple, c’est en observant de façon répétée que l’on se brûle en touchant les flammes qu’on en déduit que le feu brûle. Pour Russell, ce raisonnement est caractéristique d’une entrée dans le monde moderne et scientifique.
Mais selon lui, la méthode scientifique est mathématique plus qu’expérimentale . C’est par exemple le cas dans l’expérience d’Archimède consistant à mesurer le volume et la masse d’une couronne afin de vérifier qu’elle était faite d’or. Il effectue ces mesures sur ordre de Hiéron, tyran de Syracuse, qui voulait s’assurer qu’un orfèvre ne l’avait pas dupé. Archimède procède par déduction à partir des mesures observées, en les comparant à la masse volumique de l’or.
La méthode scientifique est ainsi héritée des Grecs. Elle n’a en elle-même pas d’époque historique, c’est son influence généralisée sur la société et les institutions qui constituent un fait historique.
Bachelard (1884 – 1962) et l’esprit scientifique
Contrairement à Comte, Gaston Bachelard pense que le stade positif n’est pas une conquête définitive. Le scientifique doit faire un effort pour se maintenir dans l’esprit scientifique, par opposition à l’esprit commun. Bachelard l’explique dans La Formation de l’esprit scientifique .
Bachelard distingue trois époques de la pensée scientifique : l’état pré-scientifique jusqu’au XVIIIe, puis l’état scientifique, enfin le nouvel esprit scientifique à partir du début XXe. Dans l’état pré-scientifique, l’esprit s’arrête aux phénomènes sensibles, qu’il observe avec curiosité. Il s’agit de l’état « concret ». A partir du XVIIIe, les scientifiques décryptent les expériences concrètes à partir de réflexions abstraites, en s’appuyant sur la géométrie. L’abstrait permet de mieux comprendre le concret, de fonder les intuitions sensibles.
Le nouvel esprit scientifique commence avec la théorie de la relativité générale d’Einstein. Elle remet en doute des intuitions auparavant considérées comme sûres. Cela montre que le scientifique ne peut pas toujours faire confiance aux intuitions qu’il élabore à partir des observations concrètes. Au contraire, la réalité peut être contre-intuitive. Le scientifique doit donc sans cesse remettre en doute les théories établies et volontairement élaborer des théories contre-intuitives.
Ces trois stades correspondent à trois états d’âme : l’âme puérile ou mondaine, l’âme professorale et la « conscience scientifique douloureuse ». Là où l’âme professorale cherche à enseigner avec dogmatisme et se tient sûre de ses connaissances, l’âme scientifique fait l’effort de remettre en doute les théories établies. Elle ose élaborer des théories sans préjugés, même sans « support expérimental stable » lui permettant d’avancer avec sûreté.
En cela, le véritable esprit scientifique construit la connaissance par opposition aux connaissances antérieures et à l’opinion commune . Selon Bachelard, « l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal ; elle ne pense pas ; elle traduit des besoins en connaissance ». L’opinion endort l’esprit. Il ne faut pas la rectifier, mais la supprimer, car sa façon de fonctionner est en elle-même mauvaise. La suppression de l’opinion est la première étape de la connaissance scientifique.
Popper (1902 – 1994) et le critère de falsifiabilité
Traditionnellement, une caractéristique de la science est qu’elle est empirique. Autrement dit, serait scientifique l’énoncé confirmé par des expériences scientifiques observables. Avec ce premier critère, on peut facilement opposer la science à la métaphysique, car la métaphysique ne s’appuie pas sur des observations concrètes. En réalité, ce critère ne suffit pas, car des théories non scientifiques s’appuient sur des observations, par exemple l’ufologie, c’est-à-dire la science des extraterrestres.
Dans Logique de la découverte scientifique , le philosophe autrichien Karl Popper propose un nouveau critère. Il introduit la « falsifiabilité » comme critère de démarcation entre la science et la non-science. Une théorie est scientifique non pas à condition qu’on puisse la vérifier par l’expérience, mais à condition qu’on puisse la réfuter par l’expérience. En effet, il n’est jamais possible de confirmer définitivement une théorie, même si plusieurs expériences concordent. La répétition d’un même résultat à l’issue d’une expérience ne garantit pas que ce résultat continuera à se répéter. En revanche, si une seule expérience contredit une théorie, la théorie est fausse. Une théorie est donc scientifique si elle peut être infirmée par une expérience scientifique.
Pour Popper, on peut qualifier de scientifique un ensemble de propositions cohérentes non contredites par l’expérience, mais qui pourraient l’être. Il pense qu’ un scientifique doit chercher sans cesse les failles de sa théorie. L’attitude du scientifique consiste à éprouver la validité de sa théorie. Le scientifique est capable de mettre en doute ses théories de façon systématique. Au contraire, celui qui affirme la validité de sa théorie sans la mettre en doute et veut la prouver à tout prix n’a pas un esprit scientifique.
Que retenir ?
Les exemples de ces quatre auteurs montrent d’abord que la définition de la “science” ne fait pas l’unanimité. De même, savoir distinguer le “scientifique” du “non scientifique” pose problème. Si vous êtes confrontés à un sujet portant sur la vérité, pensez à vous demander comment cette vérité est atteinte : est-ce par une méthode scientifique ? Qu’est-ce qui caractérise cette méthode ? Est-elle propre à une époque, à une façon de penser ?
D’autre part, on peut retirer quelques caractéristiques communes de ces quatre auteurs. Notamment :
- La méthode scientifique fonctionne par observation, expérimentation et généralisation. Elle repose sur une part d’abstraction.
- Le scientifique doit remettre systématiquement en doute les théories précédentes, afin de construire la connaissance sans se laisser enliser dans l’opinion. Il doit aussi remettre en doute ses propres théories par l’expérimentation.
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La science est-elle incompatible avec la religion ?
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Catégorie : La vérité
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