Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

Catégorie : La nature

La nature, source inestimable de fascination et de réflexion, est un sujet central de la philosophie environnementale et métaphysique. Elle soulève des questions sur notre relation à l’environnement, sur la valeur intrinsèque de la nature et sur les responsabilités morales envers la planète. L’examen de la nature nous invite à contempler notre place dans l’univers.

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Ce qui est naturel échappe-t-il à l’histoire ?

Dans le débat philosophique, la question de la relation entre nature et histoire suscite diverses réflexions. En effet, l’interrogation « Ce qui est naturel échappe-t-il à l’histoire ? » nous invite à une profonde analyse des liens entre ces deux dimensions.

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La question de la distinction entre l’homme et l’animal est un sujet philosophique majeur. Cette dissertation se penchera sur cette problématique, en analysant les arguments qui soutiennent ou contestent l’existence d’une différence fondamentale entre ces deux entités.

  • Bonjour les élèves du lycée Pré Saint Sauveur de Saint Claude

29 mars 2021 | 0 commentaires

La Nature a-t-elle des droits ?

LA NATURE A-T-ELLE DES DROITS ?

Introduction

En octobre 2019, le gouvernement d’Édouard Philippe a réuni 150 citoyens français, tirés au sort, pour « définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici à 2030, par rapport à 1990 ». Parmi les propositions de la convention citoyenne remises au gouvernement le 21 juin 2020, il y a la modification de la Constitution française, de façon faire entrer dans cette constitution, sous la forme d’un troisième alinéa à l’article 1 er , la garantie, par la République, de «  la préservation de la biodiversité, de l’environnement » , et «  la lutte contre le dérèglement climatique  ».

Le projet du gouvernement français de transformation de la Constitution française en faveur de l’environnement fait suite à l’écriture d’une Charte de l’environnement , écrite en 2004, et adossée depuis 2005 à la Constitution par révision constitutionnelle, et placée aux côtés de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et du Préambule de 1946, où sont affirmés les droits fondamentaux de l’être humain tels qu’ils sont reconnus dans le monde moderne (droit à l’emploi, liberté syndicale, droit de grève, droit à une vie familiale, droit de protection de la santé).

C’est dire si, désormais, l’État français est prêt à reconnaître, constitutionnellement, que « la nature a des droits ».

Mais cette idée qu’imposent de plus en plus les juristes que la nature puisse être un sujet de droit est-elle philosophiquement cohérente ? N’est-ce pas seulement la personne physique ou morale qui peut avoir des droits et des devoirs légaux ? La nature peut-elle être considérée comme une personne physique ou morale ? N’y a-t-il pas là, dans cette expression, une forme de projection anthropomorphique ?

I Mise en place du contexte historique du sujet, et analyse du sujet

1.   le droit naturel et le « droit de nature » ne sont pas les droits de la nature.

On pourrait être tenté de traiter le sujet à partir de notions appartenant à la culture philosophique : la Loi naturelle (ou Droit naturel) et la loi de nature. Ces concepts mêlent en effet le vocabulaire juridique (le droit) à la notion de « nature ». En réalité, ils ne concernent pas directement le sujet. Ce dernier, en effet ne parle pas de ce que certains désignent sous le terme de « droit du plus fort » qui, comme le montre Rousseau dans le Contrat social , n’est pas un droit, mais un fait : si le plus fort impose sa volonté au plus faible, c’est par une violence qui n’est jamais en elle-même légitime. C’est par un abus de langage qu’on parle de « droit du plus fort » ou de « loi de la jungle ».

À l’autre bout du spectre, parler de « Loi naturelle » comme le fait Aristote, pour désigner une loi non écrite, mais qui s’impose à tous les êtres humains du fait qu’ils sont des êtres de raison, c’est rester dans la seule sphère de l’humanité.

L’intérêt de ce sujet porte en réalité sur la question environnementale et la façon dont certains juristes ont mis sur la table, à partir des années 1970, la question de faire de la nature un sujet de droit. À cette époque en effet l’humanité prend conscience que l’activité humaine hautement technologique a des effets pervers très dangereux pour la biosphère. Faire de la nature un sujet de droit est le moyen pour les avocats et juristes de préserver l’environnement.

Ce sont les juristes qui mènent la danse. La philosophie suit en partie, en partie se révolte contre cette façon dont les juristes font de la nature un sujet de droit.

2.   Le départ de l’aventure des droits de la nature est le fait des avocats et juristes

Tout commence avec un juriste américain, Christopher Stone qui s’oppose à un projet de la  Société Walt Disney Company qui menace une forêt de Californie et publie pour éveiller le public à une conscience écologique : Les Arbres doivent-ils pouvoir plaider ?(1972) . La Cour déboute la plainte arguant que puisque la nature n’est pas un sujet de droit, il ne peut pas y avoir à son encontre de préjudice.

La même année, une Conférence à  Stockholm pose, pour la première fois, les questions environnementales qui deviennent l’objet d’une interrogation mondiale

Michel Serres, reprend l’idée dans Le Parasite (1980) pour en faire un concept philosophique : comme la démocratie est fondée par un Contrat social que Rousseau a mis à jour – ce qui fait de la démocratie le seul régime légitime – , de même, il faut qu’il y ait une sorte de contrat naturel entre l’humanité et la nature, à défaut duquel, l’humanité restera le parasite de la biosphère qu’elle est. Il propose de changer de modèle de comportement : du parasite à la symbiose. Pour Michel Serres, il n’y a pas de toute : la nature doit devenir un sujet de droit.

À partir de là, les problématiques environnementales de plus en plus pressantes entrent dans les Constitutions nationales.

3.   La constitutionnalisation des droits environnementaux

La Constitution étant le texte qui fonde toute législation nationale, le fait que les préoccupations environnementales entrent dans les Constitutions des différentes nations humaines montre l’importance de ces préoccupations et le désir qu’ont les législateurs de protéger la nature : la Suède fait entrer la nature et les préoccupations environnementales dans sa Constitution en 1974, le Portugal en 1976, l’Espagne en 1978, l’Autriche en 1984, la Colombie en 1991, la Russie et le Pérou en 1993, l’Argentine , la Belgique et l’Allemagne en 1994, le Cameroun, le Ghana en 1996, le Mexique en 1999. Désormais, cette constitutionnalisation du droit environnemental touche pratiquement tous les pays, à l’exception de quelques irréductibles, dont le Danemark, le Japon, les USA.

En faisant une place à l’environnement dans sa Constitution à partir de 2005, la France n’est donc nullement en avance sur les autres nations. Ce qui la caractérise, cependant, c’est de le faire d’une manière particulièrement solennelle, que la Constitution française met, sur le même plan les Droits universels de l’être humain et les Droits de la nature et de l’environnement.

4.   Qui est sujet de droit dans cette constitutionnalisation des préoccupations environnementales ?

La question du sujet : « la nature a-t-elle des droits » doit être précédée de deux questions : «  qui peut être un sujet de droit ?  » et «  la  nature peut-elle se révéler un sujet de droit ?  »

Le premier article de la Charte française de l’environnement fait du « droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé » une sorte de droit universel de l’être humain et il y a une logique à lier comme le fait la Constitution française actuelle la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et les droits environnementaux. Dans le préambule aux différents articles de la Charte, il est d’autre part rappelé que « l’environnement est le patrimoine commun des êtres humains ».

Le fait de lier Droits de l’homme et Charte de l’environnement aurait pu conduire à une reformulation des droits de l’homme pour intégrer des droits environnementaux : chacun doit pouvoir vivre dans une biosphère préservée où l’humanité prend soin de l’ensemble des plantes et des animaux existants, protégeant les espèces en voie de disparition.

Si donc la nature et l’environnement sont protégés par l’humanité, ce n’est pas parce que  la nature, considérée comme une personne légale, a des droits, mais parce qu’ils représentent des conditions nécessaires à la vie de l’humanité et à la vie heureuse de l’humanité. La préservation de l’environnement doit être recherchée, et au même titre que les autres conditions de la vie humaine digne d’être vécue, en accord avec la dignité humaine.

5.   La notion de préjudice environnemental pur

Cependant, le droit français a fait place à une notion qui relance quand même le débat : « le préjudice environnemental pur ». La notion de préjudice est importante en matière de droit, car il consacre la reconnaissance d’un dommage causé à une victime qui est en droit de demander une indemnisation. Dans le cadre de l’environnement, puisque la nature n’est pas une personne, seule une personne humaine pouvait porter plainte et être reconnue comme ayant subi un dommage. Le préjudice environnemental ne pouvait donc être reconnu qu’en passant par le préjudice subi par une personne humaine.

Mais, en 2012, la Cour de cassation a reconnu l’existence d’un préjudice environnemental pur, dans l’affaire ERIKA (en décembre 1999, le pétrolier Erika pour le compte de l’entreprise Total, a fait naufrage sur les côtes bretonnes. Il y a eu 150 000 oiseaux morts et 250000 tonnes de déchets). En 2016, l’État français consacre officiellement l’existence du préjudice environnemental pur par la loi du 8 août 2016.

On pourrait alors croire que la nature a effectivement des droits et peut être reconnue comme ayant subi un dommage, même en l’absence de préjudice humain personnel.

Mais cette notion de « préjudice environnemental pur » renvoie en réalité sous-jacentement à la notion de patrimoine national et au droit des futurs Français au sein de la nation. C’est n’est pas vraiment un droit de la nature qui émerge de l’existence d’un préjudice environnemental pur, même si la loi est très importante pour défendre l’environnement.

6.   Les difficultés que contient le concept d’un droit de la nature considérée comme une personne morale

Dans Le Nouvel Ordre écologique (1992) , Luc Ferry met en garde ceux qui seraient tentés de faire de la nature tout entière une personne morale qui serait un sujet de droit et qui pourrait être représentée par des personnes publiques pour porter plainte auprès des Tribunaux contre ceux qui lui causent des dommages.

Car qu’est-ce que la nature objectivement ? S’agit-il de la biosphère, c’est-à-dire de l’ensemble des êtres vivants ? On comprend bien que les animaux, en tant qu’êtres sensibles, puissent avoir des droits, et en particulier le droit d’être traités de manière à leur éviter toute souffrance inutile, mais peut-on parler d’un droit des plantes ? Où s’arrête la nature ? Les insectes ont-ils des droits ? Les nuées ou tempêtes d’insectes ont-elles le droit d’exister au point que les êtres humains ne pourraient défendre leurs récoltes ?

Comme le rappelle Luc Ferry, « la biosphère donne vie tout autant au virus du sida qu’au bébé phoque, à la peste et au choléra comme à la forêt et au ruisseau. Dira-t-on sérieusement que le HIV est sujet de droit, au même titre que l’homme ? »

7.   Transition

Il est clair que, même quand on parle de « droit de la nature », il s’agit en réalité d’un droit universel et/ou citoyen de chaque être humain à vivre dans un environnement sain. Ce n’est que par un artifice juridique que la nature et ses expressions particulières semblent devenir peu à peu des sujets de droit dans les différentes juridictions constitutionnelles des nations humaines : ainsi, en 2017, le Parlement néo-zélandais a accordé un statut de personne juridique au fleuve Wanganui, qui se trouve sur le territoire d’une communauté maori, celle-ci étant désignée comme son représentant légal. Dans la foulée, l’Inde a décrété que le Gange est « une entité vivante ayant le statut de personne morale » et les droits qui lui sont afférents.

Le fait que des fleuves soient ainsi reconnus comme des personnalités juridiques ayant des droits propres en Nouvelle-Zélande et en Inde n’est pas un hasard. En réalité, ces pays relèvent, par leur religion, de civilisations qui ne voient pas la contradiction qu’il y a à reconnaître une existence personnelle à des êtres naturels, contradiction qui nous saute, au contraire, aux yeux, à nous qui sommes issus des croyances monothéistes.

II La nature n’a pas le même sens dans les civilisations chamaniques et dans les civilisations monothéistes puis laïques

1.   la notion amérindienne de la terre mère.

La notion de Terre mère (la Pachamama des Incas) qu’on trouve dans de nombreuses civilisations où la spiritualité est d’origine chamanique consacre l’idée d’une biosphère divine qui contient tous les êtres vivants dans un équilibre parfait et que l’être humain se doit de préserver. Pour les Amérindiens, il est ainsi absurde de se demander si les virus font ou non partie de la nature et ont un droit de vie, et cette question que pose l’Occident, naît, selon eux, du fait que qu’on a oublié que nous sommes des êtres tout aussi naturels que tous les autres. Les attaques des virus sont vécu à l’intérieur de ces spiritualités comme destinées à rétablir un équilibre que les êtres humains ont rompu. Guérir de la maladie c’est, donc, pour les chamanes, retrouver l’équilibre plutôt qu’éradiquer un virus. La Nature est, selon eux, l’âme du monde, dans lequel se trouvent les êtres humains au même titre que tous les autres êtres vivants, dans lesquels ils situent aussi les fleuves, le vent, et les autres manifestations de la nature, qui tous ont une âme. Pour les chamanes amérindiens, les êtres humains doivent redécouvrir qu’ils ont leur place dans la nature, car c’est ainsi qu’ils pourront sortir des crises nées de conceptions initialement monothéistes puis scientifiques qui se sont diffusés dans le monde à partir de l’Occident.

2.   La nature dans les trois monothéismes historiques

Cette revendication des Amérindiens pour que la Nature et tous les êtres de la nature soient reconnue comme des entités juridiques reste difficile à comprendre chez de nombreux Occidentaux, parce qu’ils ont une relation à la nature qui s’enracine, depuis l’Antiquité, dans un monothéisme qui voit dans le divin une figure mâle, paternelle, et transcendante c’est-à-dire extérieure à la nature, quand les Amérindiens et les Hindous voient le divin exister de manière immanente à tous les êtres, dans la mesure où ils participent tous à la même Mère divine.

Dans le mythe de la Genèse , on voit clairement cette séparation du divin et de la nature puis, secondairement, de l’être humain et de la nature. Dieu est présenté comme une puissance du verbe créateur qui fait surgir la nature de sa volonté. L’être humain est fait, en dernier, et est fait et lui seul à l’image du divin, destiné à dominer la nature :

« Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme.

Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. »

Bien qu’il y ait des interprétations de ce texte qui va du côté de la responsabilité royale de l’être humain, ces interprétations sont récentes. Pendant longtemps, les êtres humains se sont sentis autorisés, par les textes sacrés même, à exploiter la nature, son sous-sol et les autres êtres vivants qui furent domestiqués et asservis aux besoins humains.

Cependant, durant toute l’Antiquité et tout le Moyen Âge, les animaux domestiques et les champs étaient soignés en même qu’exploités, et considérés presque comme appartenant à la même maison que les êtres humains. Les élevages intensifs et la maltraitance animale qui en résulte est une invention moderne qui prend sa source à la Renaissance. La nature n’a en effet commencé à être exploitée de manière totalement décomplexée qu’à partir du moment où comme l’explique H. Arendt, dans la hiérarchie des expressions humaines, l’homme fabricateur – l’inventeur, le chercheur et l’artiste – a remplacé l’homme contemplateur – le sage et le moine.

3.   Le rapport à la nature à partir de la Renaissance

Heidegger dénonce l’idéologie scientifique et technologique qui s’est imposée à la Renaissance, et qui a conduit l’humanité à traiter la nature sans aucun égard. À cette idéologie, s’est liée une éthique protestante et un capitalisme qui sont à l’origine de cette prévalence du travail et du profit dans le monde moderne.

Tout démarre avec l’invention de la méthode expérimentale, l’invention et l’utilisation des instruments de mesure et d’observation qui dévoilent les mystères de la nature, ainsi que l’apparition d’une technologie qui se déploie en s’appuyant sur les connaissances scientifiques pour transformer, profondément, le mode de production des biens de consommation. L’esprit mercantile, capitaliste, industriel fit, de tout ce qui est, un fond à exploiter. C’est ce que Heidegger désigne sous le terme « d’arraisonnement ». Le regard porté sur la nature n’est alors plus ce regard craintif, mais aussi admiratif et contemplatif qu’il fut pendant longtemps quand la nature apparaissait comme la première Créature du divin, mais un regard avide et instrumentalisant qui voit en elle une simple réserve de richesses potentielles qu’il s’agissait de s’approprier, puis d’exploiter jusqu’à l’usure totale.

4.   Le dualisme cartésien (partie pour les TG, qui découle d’un cours encore à faire : sur la conscience et l’inconscient)

Pour Descartes, ce qu’on appelle la réalité est composée de deux substances indépendantes : la matière qu’il appelle « substance étendue » et l’esprit qui prend le nom de « substance pensante ». Et chez l’être humain, ces deux substances prennent les noms de « corps » (ou matière corporelle) et d’« âme ».

À l’intérieur de la représentation de Descartes, il y a donc deux réalités d’essence contradictoire : l’esprit est propre au divin, il est infini, fait de pleine conscience et même d’omniscience, de parfaite et infinie liberté, de volonté et d’activité. C’est Dieu qui est le Sujet par excellence. C’est au demeurant le nom que se reconnaît le divin, quand il le dévoile à Moïse dans l’Exode : «  Et Moise dit à Dieu : Voici, quand je viendrai vers les fils d’Israël, et que je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous, et qu’ils me diront : Quel est son nom ? que leur dirai-je ? Et Dieu dit à Moïse : JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il dit : Tu diras ainsi aux fils d’Israël : JE SUIS m’a envoyé vers vous.  »

En face du divin, toute la création entière apparaît, dans la philosophie de Descartes qui n’est que le prolongement philosophique des croyances monothéistes, comme faite seulement de matière dont la nature est foncièrement la passivité, l’inertie, le mécanique, l’inconscient. C’est la théorie des animaux-machines : il n’y a rien de plus fondamentalement dans l’organisme vivant que dans la matière inerte.

Et entre les deux réalités, la matière et l’esprit, il y a l’être humain qui est un composé d’âme et de corps, un composé indissociable.

En tant qu’il a une âme, l’être humain participe de l’esprit qui par ailleurs appartient au divin. Il est capable de conscience, de liberté, de décisions, de volonté. Il peut être un sujet, et un sujet de droit.

Mais en tant qu’il a un corps, l’être humain est comme tout le reste de la nature : un être mécanique, passif, automatique, instinctif… Sur le plan juridique, c’est souvent l’occasion des circonstances atténuantes.

On voit comment la nature comme puissance de vie a disparu, au fond, dans la philosophie de Descartes, c’est de la matière inerte avec des ressorts qui font que les animaux sont capables d’appétits et de mouvements. La nature a perdu son pouvoir de fascination, d’émerveillement, et de mystère. Il n’y a dès lors aucune raison qu’on ne l’exploite.

5.   Transition : les redoutables problèmes environnementaux de notre monde appellent un changement de paradigme

la surexploitation moderne de la nature est à l’origine de tous les problèmes environnementaux que nous connaissons, dont la pollution, la déforestation du fait du développement des monocultures, le réchauffement climatique et la disparition des espèces sont les plus cruciaux. De ce fait, on voit l’Occident commencer à s’intéresser aux représentations des autres cultures qui, de leur côté, remodèlent les institutions copiées sur l’Occident pour les rendre conformes à leur vision du réel.

Il n’est dès lors pas étonnant que les premières Constitutions nationales qui reconnaissent la Nature comme entité globale soient l’Équateur ( en 2008) et la Bolivie (en 2009). Pour ces civilisations en effet, il n’y a aucune contradiction au fait que la Nature soit reconnue comme un Sujet de droit, et cela a eu des effets concrets : en 2019, et en Bolivie, 25 procès ont été engagés par les défenseurs des droits de la nature, et 20 ont été gagnés, contre des élevages intensifs ou des exploitations excessives.

Une Déclaration universelle des droits de la Terre mère a même été déclarée en 2010, à l’occasion de la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique qui s’est tenue en Bolivie, et à laquelle ont participé 47 États dont la France. Cette Déclaration vise 12 droits de la nature et 13 devoirs humains à son égard. Mais elle n’a cependant aucune valeur contraignante.

 III Si la nature reste difficilement un sujet de droit, il est judicieux de mettre en forme juridique les obligations morales et légales de l’être humain à l’égard des autres êtres vivants et de la biosphère

1.   la recherche scientifique actuelle conduit à ce changement de paradigme.

La science qui fut, à l’origine, profondément en cause dans ce mépris de la nature, dans son exploitation, nous engage de plus en plus à comprendre l’importance et la fragilité des écosystèmes, et dès lors, c’est le progrès scientifique qui nous conduit mieux que tout autre chose, et peut-être mieux que n’importe quelle croyance à mieux respecter la nature, à savoir protéger les espèces. C’est elle aussi qui permet à l’humanité de comprendre à quel point elle est dépendante de la biosphère dans son ensemble et à quel point celle-ci lui est précieuse.

Mais, cette conscience scientifique qui se diffuse de plus en plus sur le rôle protecteur de l’humanité se heurte à des intérêts capitalistes privés et à la puissance que possèdent les richesses privées face au bien commun.

2.   Changer de paradigme : athéisme et religions doivent apprendre la tolérance

L’être humain va toujours de l’avant. Il n’est pas question, pour lui, de revenir en arrière, et de reprendre les religions chamaniques, bien qu’un certain paganisme moderne renaisse, dans les pays occidentaux où la liberté de pensée et la liberté religieuse le  permettent.

Cette liberté de pensée semble une donnée essentielle pour faire avancer la cause écologique : les athées, mais aussi les croyants monothéistes et l’ensemble des croyants de toute religion doivent respecter les visions qui ne sont pas les leurs, et par là comprendre que la nature puisse être chère à certains non seulement parce qu’elle est utile à l’humanité, mais pour des raisons profondes, de nature mystiques.

3.   Comparaison entre la critique faite par Simone Weil au sujet des droits de l’homme et la critique qu’on peut faire des droits de la nature

Revoir le cours : lorsque S. Weil fut chargé, durant la Seconde Guerre mondiale, par le Général de Gaulle de réfléchir à une reformulation de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, elle a mis l’accent sur le problème auquel cette déclaration s’est heurtée lors de la Shoah : les droits de l’être humain ne sont rien si personne ne se considère avoir des devoirs à l’égard des autres êtres humains.

Ce ne sont pas les droits de la nature que la philosophie doit mettre en avant, mais les obligations morales de l’humanité à l’égard de tout être sensible, mais aussi de l’ensemble de la biosphère, et encore à l’égard des futurs êtres humains auquel il ne s’agit pas de léguer un monde usé, pollué, difficilement vivable, causant de multiples désordres de santé.

4.   Les obligations morales s’enracinant dans l’inversion des rapports de force, l’humanité et elle seule a des obligations morales à l’égard du monde vivant (cours TG sur le devoir)

Le rapport de force se traduit par le fait que le plus fort instrumentalise, humilie, écrase le plus faible. C’est la force de l’humanité qui l’a conduit à instrumentaliser la nature et l’ensemble des matériaux naturels, mais aussi l’ensemble des végétaux et bon nombre d’animaux quand elle ne les fit pas tout simplement disparaître. Cette force de l’humanité lui vient bien sûr de son intelligence et de sa capacité à coordonner les actions humaines.

Le devoir moral inverse la relation comme l’explique Levinas : dans la relation éthique, le fort se sent obligé de mettre à son service les ressources qui sont les siennes.

Et la conscience humaine devant le désastre écologique qu’a produit le déploiement des forces de l’humanité transforme le devoir moral en devoir légal. C’est parce qu’elle est consciente, intelligente, capable d’être sujet de ses actions que l’humanité a des obligations morales à l’égard de la nature et des êtres de la nature et qu’elle a transformé, à partir du XXe siècle, ses obligations morales en obligations légales.

À cet égard, les lois sur la protection du monde animal sont exemplaires. Ainsi, les lois sur l’expérimentation médicale ont englobés les animaux dans la protection qui servait au départ les êtres humains : il faut désormais éviter d’utiliser les animaux pour en faire des cobayes de laboratoire, et si ce n’est pas possible, il faut leur éviter toute souffrance.

Ces lois reposent sur la reconnaissance de la sensibilité et de la vulnérabilité animale ainsi que sur la profonde inégalité qui existe entre le chercheur et l’animal qui oblige le premier à l’égard du second.

Est-il nécessaire de faire de la nature ou des êtres naturels (les fleuves, les forêts, les arbres, les espèces animales) des sujets de droit pour que l’humanité en respecte l’existence et les protège des ambitions capitalistes ? Il ne s’agit pas nécessairement que tous les êtres humains deviennent des chamanes et croient en l’existence d’une Déesse-Mère-Nature qui serait un sujet de droit. Mais il s’agit d’apprendre à respecter les croyances des autres et même d’y voir la sagesse qu’elles contiennent. L’humanité actuelle a des obligations morales qui sont en grande partie devenues des obligations légales à l’égard de ses enfants et de tous les êtres humains du futur qui ont le droit de vivre dans un environnement sain, aussi riche que celui qu’est encore la biosphère de nos jours, et si l’idée d’une Mère nature aide à respecter ces obligations, elle doit être reconnue comme infiniment estimable.

Mots-clefs : chamanisme , Droits , Dualisme cartésien , l'homme fabricateur , Mère Nature , nature , Préjudice environnemental pur , Sujet de droit , Vision instrumentale du réel

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« Se demander si la nature a des droits, c'est interroger le lien d'identité entre l'homme et la nature : « sujet de droit » par exc ellence (cf. la Déclaration universelle des droits de l'homme), l'homme peut-il accorder ce statut à la nature. A insi, il faut se demander ce qu'implique la notion de « sujet de droit » ; en d'autres termes, des êtres inanimés ou non-conscients peuvent-ils y prétendre ? P our la conscience écologique, les pratiques humaines requiert la reconnais sance d'un « droit » ou de « droits » de la nature, obligeant l'homme à moduler son action envers l'environnement. M ais, premièrement, c e l a s o u s -entend que l'activité humaine (science, technique et/ou technologie) serait pernicieus e et, deuxièmement, que la nature serait justement susceptible de recevoir un traitement identique à l'homme. A fin de battre e n b r è c h e c e s deux idées, nous montrerons d'abord comment l'idéal d'une maîtrise scientifique et utilitariste de la nature s'est progressivement imposée, au détriment, il est vrai, d'une prise en compte de la nature. Toutefois , nous analyserons dans un s econd temps l'impossibilité de fonder la nature sur le concept de « sujet de droit », uniquement applicable à l'homme conscient. N o u s examinerons enfin les c onséquences qui en découlent : le recours à la notion de valeur et l'introduction d'une respons abilité humaine consistant à hiérarchiser la nature et à adapter l'intervention technoscientifique humaine. I – L'impérialisme de la science : la nature est un moyen (non une fin) et ne connaît pas de droits 1) L'impérialisme de la science : dans le Discours de la méthode, Descartes explique que grâce à la science les hommes se doivent de « devenir comme maîtres et possesseurs de la nature ». L'idée est de se servir de la nature comme d'un moyen permettant d'améliorer le bien-être et la santé des hommes. A insi, on utilise la force du vent pour faire tourner les ailes d'un moulin ou un boeuf pour tirer une charrue. Le philosophe anglais Francis Bacon va encore plus loin dans La Nouvelle Atlantide en annonçant que la science doit permettre de « réaliser toutes les choses possibles ». 2) Le mécanisme et la notion de fin : cette conception de la science s'appuie sur une vision de la nature livrée au mécanisme et à la nécessité. En la prolongeant dans la Critique de la raison pratique, Kant notait que seul l'homme, être conscient, peut être pris comme fin de l'action morale – je considère autrui en son humanité comme fin en soi et non comme un moyen. La nature se trouve ainsi exclut du règne des fins et sa préservation ne peut en être une : toujours moyen et jamais fin en soi, la nature est instrumentalisée à ses dépens. La personne est ce qui se dis tingue de la chose, comme la fin se distingue des moyens. T out être dont l'existence ne dépend pas de la libre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avec autre chose que lui-même. L e s êtres naturels sont d e s c h o s e s . L e s êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi. Ils ne peuvent servir simplement comme moyens, et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect. La personne est une fin objective, dont l'exis tence même est une fin en soi, qui ne peut être remplacée par aucune autre. Étant fin en soi, on lui doit un absolu respect. La personne humaine est la seule valeur abs olue existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique. L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que : "La nature raisonnable existe comme fin en soi." C 'est ainsi que nous devons nous représenter notre propre existence ainsi que celle d'autrui, et c e principe doit sous-tendre toutes nos actions. La moralité, soit l'usage de la raison dans le domaine pratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "A gis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen." 3) L'absence de droit: de ce point de vue, la nature ne pos sède donc aucun droit, à l'inverse de l'homme.

Il convient donc de s'interroger sur la possibilité de fonder la nature sur le concept de « droit » ; autrement dit, comment considérer que la nature puisse être sujet de droit(s) ? II – La nature peut-elle être un sujet du droit ? 1) Le contrat social : la personne à laquelle s'applique le droit est toujours d'emblée engagée par la réciprocité. A insi, le droit de l'un correspond au devoir de l'autre, et vice vers a. C ette idée prend corps dans le Contrat social, tel que Rousseau le définit dans l'ouvrage du même nom. On peut donc distinguer l'usage légitime d'un droit, compatible avec le droit équivalent d'autrui, et l'abus commis au détriment de ce dernier. À ce niveau, un tel rapport entre l'homme et la nature n'est pas envisageable. Le droit s'applique aux relations interhumaines et le sujet du droit par excellenc e est l'homme. 2) Le contrat naturel : la notion de droit implique donc de reconnaître que le sujet du droit (la personne à laquelle il s'applique) puisse revendiquer ses droits et comprendre ses devoirs. Or, la nature n'est évidemment pas capable d'une telle revendication. C ependant, Michel Serres, dans le Contrat naturel, propose de reconnaître la nature comme un sujet de droit, puisqu'elle nous place dans un ensemble d'échanges mutuels : la nature est l'habitat de l'homme, ce qui l'abrite et le nourrit, c'est donc à lui de le préserver. M ais à ce niveau, le sujet de droit qu'est la nature ne l'es t pas pleinement au sens où l'homme en est un. 3) La pitié : toutefois, on peut songer à une façon de lier l'homme à la nature en faisant appel à la pensée de Schopenhauer, qui entrevoit, par-delà la césure phénoménale entre hommes, animaux et objets inertes, une identité c ommune aux choses sous l'espèce de la volonté (Monde comme volonté et représentation). A insi, l'homme ne diffère-t-il qu'en apparence de la nature et en la lésant, il brise l'unité intime qui les relie. La pitié consiste à reconnaître que le monde nous est identique en son fond et nous pousse donc à le préserver. III – La nature a une valeur et demande à être hiérarchisée 1) La prudence : malgré cela, on s'en rend c ompte, la pitié ne lie pas l'homme à la nature de la même manière que le droit peut le faire. L'appel peut alors s e reporter sur c e qu'A ristote, dans l'Ethique à Nicomaque, appelle l a prudence : s i l a s c i e n c e c o n s i s t e à démontrer et l'art à produire correctement, la prudence sert à délibérer sur l'action bonne ou mauvaise. Toutefois, condition nécessaire, la prudence n'est pas suffisante. 2) L'obligation : en effet, la prudence ressortit à l'éthique et à des questions telles que : « Q uelles règles suivre pour bien agir ? ». O r, le droit implique l'idée d'obligation : le sujet du droit m'oblige à respecter son droit propre, c'est-à-dire à le reconnaître et à agir en conséquence. Une usine peut polluer une rivière et décimer la faune qui s'y trouve, commentant par-là une imprudence, un ac te moralement blâmable, sans pour autant enfreindre un quelconque droit auquel prétendrait la nature. Si celle-c i ne peut être sujet de droit, est-elle alors pour autant livrée à la merci des hommes ? 3) La valeur des êtres naturels : s ' i l e s t possible de promulguer des lois obligeant l'homme à protéger la nature, il importe encore plus de responsabiliser l'homme, en le poussant à discriminer au sein de la nature c e qui doit être protégé (des écosystèmes...) et ce qui doit être et mérite effectivement d'être combattu (virus...). A insi, qu'est-ce qui impos e le respect et qu'est-ce qui nécessite une intervention technique ? L'homme a donc pour but de reconnaître la valeur de la nature , de la hiérarchiser et de moduler son action en c onséquence. En définitive, au lieu de céder le pas face à la nature, l'homme donne son sens à l'écologie, en tant qu'il établit des normes et des valeurs visant son respect. Conclusion : A insi, s'il est avéré que la nature est mise en danger par l'idéal moderne de maîtrise, édicté par la techno-science, il n'est cependant pas possible de faire la nature un sujet de droit au plein sens du terme, en ce qu'elle n'engage aucune réciprocité avec l'homme. Il ne s'agit donc pas pour l'homme de reconnaître l'existence de la nature en cessant toute activité ; plutôt, il convient de déterminer sa valeur et le type d'actions qui doit s'y rapporter. Il est alors possible de reconnaître les vertus de la science dans le c adre d'une conscience écologique.. »

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La nature est-elle un sujet de droit ? : épisode • 4/4 du podcast Philosophie de l’écologie

La nature est-elle un sujet de droit ?

Depuis une cinquantaine d’années, l’opposition entre défenseurs des droits de la nature et défenseurs des droits humains n’est plus aussi radicale. on s’interroge philosophiquement et juridiquement sur les liens entre les hommes et la nature. irait-on vers une indistinction des genres .

  • Catherine Larrère Philosophe, professeure émérite à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, spécialiste des questions éthiques et politiques liées à la crise environnementale et aux nouvelles technologies

Merci à Raoul Fladoc (@raoulfladoc) pour son illustration pour Les Chemins de la philosophie .

À la fin des années 60, la société Walt Disney projeta d'installer une station de sports d'hiver dans une vallée de la Californie, célèbre pour ses séquoias. L'association de protection de la nature, le Sierra Club, s'y opposa, mais la cour rejeta la demande en avançant l'impossibilité d'arguer d'un préjudice personnel dans le cas de la nature. Dès l'ouverture du procès, le juriste Christopher Stone proposa, dans un article fondateur, d’accorder des droits aux arbres et « à l’environnement naturel dans son ensemble », par ce texte il contribua à une prise de conscience éthique. Cinquante ans plus tard, en 2017, le parlement néo-zélandais accorde le statut de personne juridique au fleuve Whanganui, et quelques jours plus tard, en Inde, la Haute-Cour de l'état himalayen décrète que les fleuves Gange et Yamuna seront désormais des entités vivantes ayant le statut de personne morale. Peut-on vraiment revendiquer le droit pour un arbre de plaider ou pour un fleuve d'exister comme personne juridique et morale ? Et si l'avenir de l'écologie était inconcevable sans l'affirmation officielle de Droits de la nature ?

L'invitée du jour :

Catherine Larrère , philosophe, professeure émérite à l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, spécialiste de philosophie morale et politique Co-autrice de Penser et agir avec la nature : une enquête philosophique aux éditions La Découverte

Lectures de Jacques Gamblin :

  • Extrait du Contrat naturel de Michel Serres, éditions François Bourin, 1990
  • Le droit des écosystèmes, extrait de Humain, trop humain de Philippe Descola, contribution à Penser l'anthropocène , Presses de Sciences-Po, 2018

Sons diffusés :

  • Archive sur le fleuve Gange, une entité vivante, Arte journal, 3 juillet 2017 et musique de Christophe Chassol, Little Krishna and the girls
  • Archive de la juriste Valérie Cabane sur l'écocide, BRUT, 6 juillet 2018
  • Musique de Deison & Mingle, Optokinetic Reflex (Glassy Eyes)
  • Chanson de fin : Dominique A, Rendez-nous la lumière
  • Marie Simon Collaboration
  • Nicolas Berger Réalisation
  • Isis Jourda Collaboration
  • Philippe Baudouin Réalisation
  • Sharon Houri Collaboration
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Ne nous promenons plus dans les bois. La chronique d’Anne-Sophie Moreau

Une r écente loi interdit l’accès aux forêts privées sous peine de fortes amendes. Mais la nature peut-elle vraiment appartenir à quelqu’un ?

Hier, j’ai eu les larmes aux yeux en voyant un papillon dans une rue de Paris. Il y a si longtemps que je n’ai pas fait un tour en forêt, pensai-je avec chagrin. Si vous êtes comme moi, se promener dans la nature fait partie de vos besoins primaires. Las ! ce bon vieux rituel pourrait bien disparaître.

La faute à une loi votée en février 2023 – et passée inaperçue jusqu’ici – qui vise à « limiter l’engrillagement des espaces naturels ». Une noble intention, a priori  : il s’agissait de laisser les animaux circuler librement. Or le législateur a cru bon, pour compenser l’interdiction faite aux propriétaires de clôturer, d’ajouter des mesures pour « protéger la propriété privée ». Résultat : un promeneur peut désormais être sanctionné d’une amende de 135 euros pour avoir simplement traversé un domaine – en empruntant un chemin de forêt, par exemple. Quelques mois plus tard, un marquis décidait d’interdire l’accès à ses 750 hectares de terrain en pleine réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, dans les Alpes, un lieu prisé des randonneurs. Un scandale qui a conduit des députés écologistes à proposer une autre loi – déjà rejetée – pour « dépénaliser l’accès à la nature ». L’idée ? S’inspirer des Scandinaves, chez qui tout un chacun a le droit de traverser des terrains privés, voire d’y camper, pour profiter pleinement du friluftsliv – la « vie en plein air » en norvégien.

Lorsqu’il s’agit d’espaces naturels, la défense de la propriété privée a ses limites. La « loi littoral » garantit l’accès à la mer : pourquoi ne pas imaginer un équivalent pour les promenades en forêt ou en montagne ? Certains plaident pour que l’on considère les espaces naturels comme des « communs » – des ressources à gérer collectivement. Ce qui implique de revoir la notion de propriété privée : selon Elinor Ostrom, lauréate en 2009 du « prix Nobel » d’économie, nous gagnerions à l’envisager comme un « faisceau de droits », en distinguant les droits d’aliénation et d’exclusion des droits de gestion, d’accès ou encore de prélèvement. Un propriétaire pourrait, par exemple, conserver le droit de vendre son terrain, tandis que d’autres auraient le droit d’y flâner ou d’y glaner des champignons. Reste à savoir si la protection de la nature est compatible avec les promeneurs qui, malgré leurs précautions, font fuir biches et autres grands tétras…  

L’enjeu est de taille : en France, 75 % des forêts sont privées. Or se promener dans les bois n’est pas un simple loisir qu’on peut remplacer par une partie de scrabble. « Sitôt que je me vois sous les arbres, au milieu de la verdure, je crois me voir dans le paradis terrestre et je goûte un plaisir interne aussi vif que si j’étais le plus heureux des mortels », constatait Rousseau dans ses Rêveries du promeneur solitaire. Des découvertes récentes lui donnent raison : d’après le biologiste et promoteur de la sylvothérapie Qing Li, la balade en forêt diminuerait le stress et stimulerait nos défenses immunitaires.

Son empêchement soulève enfin des questions existentielles. La forêt, explique Bruno Bettelheim dans sa Psychanalyse des contes de fées, « symbolise le monde obscur, caché [… ] de notre inconscient ». On s’y perd lorsqu’on éprouve « la nécessité de se trouver soi-même »  : c’est là, sous les épais feuillus, qu’on « cesse d’être incertain sur ce que l’on est vraiment et où on commence à comprendre ce qu’on veut être ». Pas étonnant que cette interdiction nous angoisse : privés de forêt, nous sommes privés de nous-mêmes.  

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Feinberg : Est-il juste d’accorder des droits à la nature ?

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Il est clair que nous ne devrions pas maltraiter certaines plantes, et il existe en effet des réglementations qui imposent aux personnes le devoir de respecter certains membres du règne végétal. Par exemple, il est interdit de cueillir des fleurs sauvages dans les toundras montagneuses des parcs nationaux, ou de mettre en danger les arbres d’une forêt sèche. (…)

Toutefois, nous sommes tous d’accord pour dire que les plantes ne sont pas cette sorte d’êtres qui peut avoir des droits. Jamais il ne sera vraisemblable de comprendre les plantes comme les bénéficiaires directement visés par les règles qui sont conçues pour les “protéger”. Nous voulons préserver les séquoïas pour le profit ( sake ) que les êtres humains tirent à la vue de leur magnifique sérénité, et pour celui des générations futures d’êtres humains. Les arbres ne sont pas cette sorte d’êtres qui ont leur “propre profit”, en dépit du fait qu’ils ont des propensions biologiques. N’ayant par eux-mêmes ni désirs ni objectifs conscients, il est impossible que les arbres connaissent la satisfaction ou la frustration, le plaisir ou la douleur. Par conséquent, il n’y a nul lieu de traiter cruellement les arbres. Selon ces aspects moralement cruciaux, les arbres sont différents des espèces supérieures d’animaux.

Pourtant, les arbres ne sont pas de simples choses comme les pierres. Ils croissent et se développent selon les lois de leur nature propre. Aristote et Thomas d’Aquin admettaient que les arbres avaient leurs “fins naturelles”. Pourquoi alors leur refuser le statut d’êtres disposant d’intérêts propres ? Ma raison est que, de quelque façon qu’on achève l’analyse de ce concept, un intérêt présuppose un équipement cognitif au moins rudimentaire. Un intérêt est composé de désirs et de buts, qui eux-mêmes présupposent des sortes de croyances, ou de conscience cognitive. Une créature désirante veut X parce qu’elle recherche tout ce qui est O et que X lui apparaît comme O, ou bien elle recherche Y et elle croit, ou attend, ou espère que X sera un moyen d’atteindre Y. (…) De simples aspirations brutes non liées à des croyances – aspirant à on ne sait quoi – pourraient peut-être constituer une forme primitive de conscience (sans pétition de principe), mais il s’agit de bien autre chose que ce que nous appelons “désir”, tout particulièrement quand nous parlons d’êtres humains.

Si une telle théorie est exacte, nous ne trouverons jamais aucune raison justifiant d’attribuer des désirs ou une volonté à une créature que l’on sait incapable de développer mêmes les croyances les plus rudimentaires ; et si les désirs et la volonté sont les éléments qui constituent les intérêts, les créatures dépourvues d’esprit ne présentent par elles-mêmes aucun intérêt. C’est pourquoi la loi ne saurait viser la protection de leurs intérêts, et il faut comprendre derrière cette protection juridique  la protection des intérêts que des êtres humains ont pour elles.

Néanmoins, la vie des plantes pourrait présenter des complications pour la théorie des intérêts [car] on dit aussi bien des plantes que des animaux qu’elles ont des besoins propres. (…) Les besoins des plantes semblent plus proches de ceux des animaux          que les pseudo-besoins de simples choses. Le propriétaire de la plante en a besoin        (par exemple pour sa valeur commerciale ou comme repas potentiel), mais la plante elle-même, à première vue, a besoin d’être nourrie et cultivée. La confusion dans laquelle nous nous trouvons a sa source dans le langage. C’est un lieu commun d’affirmer que le mot “besoin” est ambigu. Affirmer que A a besoin de X, c’est dire soit :

(1) X est nécessaire pour accomplir l’un des objectifs de A, ou pour remplir une de ses fonctions,

(2) X est bon pour A, et son absence lui serait préjudiciable ou néfaste. 

La première interprétation du besoin est neutre du point de vue des valeurs                     et n’implique aucun commentaire sur la valeur de son objectif ou de sa fonction ;         tandis que la seconde nous engage dans un jugement de valeur sur ce qui est bon           ou mauvais pour A sur le long terme, autrement dit sur ce qui est dans l’intérêt de A. Donc, pour avoir des intérêts, un être doit avoir des besoins dans le second sens, mais toute sorte de chose, végétale ou minérale, pourrait avoir des besoins dans le premier sens. Une automobile a besoin d’essence et d’huile pour bien fonctionner, mais ce n’est pas un drame si elle n’en dispose plus : un réservoir vide n’entrave ni ne retarde ses intérêts. De la même façon, dire qu’un arbre a besoin de lumière et d’eau, c’est simplement affirmer que sans ces éléments il ne pourra pas croître ni survivre ; mais à moins que la croissance et la survie des arbres ne fassent l’objet de préoccupations humaines, affectant des intérêts humains, pratiques ou esthétiques, sans cela les besoins des arbres seuls ne suffiront pas pour revendiquer ce qui leur est “dû” selon leur bon droit. Les plantes peuvent avoir besoin de certaines choses pour remplir leurs fonctions, mais leurs fonctions leur sont assignées par des intérêts humains, et non par elles-mêmes.

Joel FEINBERG , « Les droits des animaux et des générations à venir » (1974) ( trad.G.Lequien)

Questions de compréhension :

  • Selon Feinberg, dans l’intérêt de qui faut-il préserver la nature ? Justifiez.
  • Selon Feinberg, que faut-il posséder pour avoir des intérêts ? Appliquez son raisonnement à un exemple précis.
  • Les arbres ont-ils des besoins qui doivent être respectés pour eux-mêmes ?

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" La cour constitutionnelle colombienne vient de reconnaître la personnalité juridique à un fleuve du pays. Cela fait suite à d’autres décisions comme celle d’un juge indien qui considère que le bloc himalayen doit en son entier se voir attribuer la qualité de sujet de droit. Les questions d’environnement sont un enjeu crucial pour notre temps, et elles mettent aussi le droit en demeure de se réinventer..."

 "C’est ce à quoi s’emploie Laurent Neyret, Professeur de droit de l’environnement à l’Université de Versailles-Saint-Quentin que reçoit, ce soir, Antoine Garapon." (source : France Culture)

Selon Philippe Descola , les droits de la nature sont un concept occidental. Pour lui, la civilisation occidentale est la seule qui sépare nature et culture. Accorder des droits à la nature est un concept relativement récent. Il résulte de la conscience des dégâts provoqués par l'homme à la nature. Vu la dégradation du biotope, et aussi pour des raisons éthiques, des instances en Occident, à tous les niveaux (ONU, Union européenne, nations européennes), se préoccupent d’accorder des droits à la nature. L’étendue de ces droits fait discussion. Le débat porte sur la priorité à accorder, soit à la nature soit à l’homme. Des positions se situent entre ces deux extrêmes. (source : wikimonde)

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Avons-nous des devoirs envers la nature ?

Texte 5 la responsabilité envers la nature.

Hans Jonas

Jonas - XX e siècle

Texte 6 le parasite et le symbiote.

Michel Serres

Serres - XX e siècle

Texte complémentaire.

Le fleuve Whanganui en Nouvelle Zélande

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Accorder des droits à la nature, une révolution juridique qui bouscule notre vision du monde

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Enquête Donner une personnalité juridique aux fleuves, aux lacs et autres espaces naturels était jusqu’ici plutôt réservé aux Etats où vivent des populations autochtones. Cette évolution arrive en Europe et provoque de fortes oppositions. Elle bouleverse une vision du monde fondée sur la prééminence de l’être humain sur la planète.

C’est un mouvement diffus mais puissant, une révolution à bas bruit amorcée depuis une dizaine d’années, et qui s’étend désormais à une vingtaine de pays. De l’Equateur à l’Ouganda, de l’Inde à la Nouvelle-Zélande, par voie constitutionnelle, législative ou jurisprudentielle, des fleuves, des montagnes, des forêts se voient progressivement reconnaître comme des personnes juridiques, quand ce n’est pas la nature dans son ensemble – la Pachamama (la Terre Mère) – qui est promue sujet de droit. Jusque-là plutôt circonscrite à des régions où vivent des populations autochtones, cette évolution juridique s’est étendue pour la première fois à un pays européen, le 21 septembre 2022, avec le vote par le Sénat espagnol des droits de la Mar Menor, une lagune d’eau salée située sur les bords de la Méditerranée , près de Murcie, en Espagne. Un « premier pas important » qui « montre qu’accorder une personnalité juridique à un écosystème en Europe est possible » , estime Maria Teresa Vicente Gimenez, professeure de droit à l’université de Murcia.

A cet élan international font écho plusieurs initiatives en France, souvent portées par des collectifs d’habitants, pour proclamer et défendre les droits de rivières : le fleuve Tavignano en Corse , la Garonne en Nouvelle-Aquitaine ou la rivière de la Têt dans les Pyrénées-Orientales. Ces revendications s’accompagnent d’une riche production éditoriale, qui en explore les enjeux juridiques ( Des droits pour la nature, collectif, Editions Utopia, 2018) , les fondements philosophiques ( Etre la rivière , Sacha Bourgeois-Gironde, PUF, 2020), les prolongements politiques ( Le fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire , Les Liens qui libèrent, 2021), ou encore analyse son efficacité, comme dans l’ouvrage coécrit par les juristes de l’association Notre affaire à tous ( Les Droits de la nature. Vers un nouveau paradigme de protection du vivant , Le Pommier, 2022, 468 pages, 24 euros).

Cette mutation se heurte toutefois à de fortes oppositions. L’idée de donner des droits aux entités naturelles est âprement discutée dans les milieux juridiques, où des spécialistes du droit de l’environnement s’inquiètent des risques et dérives qu’elle pourrait entraîner. Certains opposants n’hésitent pas à la comparer aux procès d’animaux du Moyen Age, où l’on condamnait des cochons à la pendaison ou des charançons à l’excommunication pour avoir attaqué des récoltes. Les plus nuancés considèrent qu’il s’agit d’ « une mauvaise réponse à une bonne question » , selon la formule de l’avocat et professeur de droit de l’environnement Arnaud Gossement.

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Classement des écoles » Dissertations et devoirs » Philosophie » Dissertation : Avons-nous des devoirs envers la nature ?

Dissertation : Avons-nous des devoirs envers la nature ?

Définir les termes du sujet

La nature désigne à la fois l’ensemble des propriétés fondamentales d’un être ou d’une chose, et l’ensemble du monde physique et des principes qui l’animent.

Au sens large, le terme « devoirs » désigne des obligations imposées non seulement par la morale, mais aussi par les lois, les règlements, les conventions sociales. En l’occurrence, ce sont surtout les devoirs moraux qui sont interrogés.

Qui est désigné par le pronom « nous » ? S’agit-il de tous les individus ? de l’espèce humaine en général ?

Dégager la problématique

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Construire un plan

Tableau de 3 lignes, 2 colonnes ;Corps du tableau de 3 lignes ;Ligne 1 : 1. Nous avons des devoirs envers la nature; Observez que la nature semble réaliser des fins (chez les êtres vivants notamment).La beauté de la nature nous oblige-t-elle à la respecter et à en prendre soin ?; Ligne 2 : 2. La nature n’est pas un sujet de droit; Devons-nous respecter la matière et l’étendue ?Une entité impersonnelle peut-elle avoir des droits ?Citez des exemples de devoirs moraux. Impliquent-ils une réciprocité ?; Ligne 3 : 3. Nous avons des devoirs indirects envers la nature; Renseignez-vous sur les impacts du saccage de la nature sur l’homme. Le bonheur de l’homme requiert-il la préservation de la nature ?Devons-nous traiter de la même manière tous les éléments de la nature ?;

Introduction

[Reformulation du sujet] Alors que le terme de « nature » désigne l’ensemble du monde physique et des principes qui l’animent, celui de « devoirs » renvoie à l’idée de conduites qui s’imposeraient à un « nous », c’est-à-dire aux hommes entendus comme individus et espèce. [Problématique et annonce de plan] Si nous avons des devoirs envers la nature, ne faut-il pas concevoir celle-ci comme un sujet ayant des droits et méritant le respect ? N’est-ce pas là attribuer des caractères humains à la nature ? Si, au contraire, il faut dire que nous n’avons pas de devoirs envers la nature, n’est-ce pas valider moralement son saccage ?

1. Nous avons des devoirs envers la nature

A. la nature est assimilable à une personne dotée de conscience.

Comme le souligne Aristote dans sa Physique , la nature paraît ordonnée en vue de fins . Le corps humain, par exemple, est d’une telle complexité qu’il semble difficile de n’y voir que le résultat du hasard. Tout se présente donc comme si la nature voulait produire un tel résultat.

Aristote ne prête peut-être pas des intentions au sens strict à la nature, mais montre la nécessité de rendre compte de celle-ci en recourant à l’idée de finalité.

B. La nature est un ensemble d’êtres vivants

Certains animaux sont manifestement proches des hommes, du fait qu’ils semblent dotés de conscience , à tel point que Montaigne soutient dans ses Essais qu’« il y a plus de différence de tel homme à tel homme qu’il n’y a de tel homme à telle bête ». C’est ainsi que certains animaux disposeraient même du langage !

C. La nature est belle

Selon l’Américain Emerson , les devoirs que l’homme a envers la nature se manifestent dans le sentiment d’ émerveillement qui est le nôtre devant les paysages qu’elle nous offre. Celui qui aime la nature la voit avec révérence et conserve son esprit d’enfant, car la forêt recèle une éternelle jeunesse.

2. La nature n’est pas un sujet de droit

A. la nature n’est que matière et étendue.

La science moderne nous a appris que la nature pouvait être conçue entièrement comme un mécanisme . Elle est assimilable à un livre « écrit en langage mathématique » (Galilée). Elle ne doit pas être entendue comme « quelque déesse, ou quelque autre sorte de puissance imaginaire » (Descartes). En droit, elle est totalement explicable par des principes rationnels. Elle est bien un ensemble de lois aveugles et parler de devoirs dans ce contexte est totalement dépourvu de signification.

B. La nature n’est pas une personne

Selon Jacques Monod, les effets de finalité intentionnelle s’expliquent entièrement par le jeu de causes matérielles aveugles et du hasard . La personnification de la nature apparaît alors comme une forme d’anthropomorphisme qui n’a pas lieu d’être.

C. La nature ne saurait avoir de devoirs envers les hommes

Jean Piaget soutient qu’il n’est possible pour l’individu de s’imposer des devoirs qu’envers des êtres susceptibles de s’imposer les mêmes devoirs à son égard. Ce n’est pas le cas de la nature, dont les tremblements de terre et éruptions volcaniques frappent les hommes au hasard. L’idée de devoirs envers la nature est donc caduque.

3. Nous avons des devoirs indirects envers la nature

A. le respect de la nature s’impose pour l’homme lui-même.

Dans ses Leçons d’Éthique , Kant explique que si les hommes doivent respecter la nature, c’est pour l’homme lui-même. Ainsi, par exemple, un homme qui abat son chien n’enfreint pas un devoir qu’il a envers son chien, mais « il commet un acte qui heurte en lui le sentiment d’humanité  ». Un homme cruel envers les animaux commet un acte qui contredit « l’affabilité bienveillante », montrant, par là-même, qu’il pourrait également être cruel envers ses semblables.

Jonas étend ce devoir aux générations futures  : lutter contre la pollution est une conduite qui s’impose par respect envers les hommes à venir.

B. La nature est un concept large

Nous avons peut-être des devoirs envers certains animaux , mais nous n’en avons pas envers les minéraux. Selon Peter Singer, « si un être souffre, il ne peut y avoir aucune justification morale pour refuser de prendre en considération cette souffrance ». Autant il semble difficile de soutenir l’existence d’une souffrance minérale, autant on ne peut en nier l’existence chez les animaux.

La maximisation du bien-être de tous passe par celui de tout être sensible, indépendamment de son intelligence. Ainsi, il ne s’agit pas de soutenir que les hommes et les animaux doivent être traités de manière identique et, par exemple, de « donner le droit de vote aux cochons », mais de changer notre façon de percevoir et de traiter ces derniers, c’est-à-dire de ne pas mépriser les intérêts des non-humains.

C. L’homme peut souhaiter préserver la nature

On peut reconnaître qu’il existe généralement chez les hommes le désir de vivre une vie proche d’une nature préservée . C’est ce qu’illustre le phénomène croissant de rurbanisation , dont parlent Antoine Bailly et Lise Bourdeau-­Lepage­ : tout en conservant le confort, ces hommes de plus en plus nombreux souhaitent mener une existence campagnarde.

Au sens strict, nous n’avons pas de devoirs envers la nature. Néanmoins, nous avons des devoirs indirects (pour l’homme) envers elle, et peut-être envers les animaux qui connaissent la souffrance. Enfin, au-delà des prescriptions morales existe un désir humain de préserver la nature : l’homme réclame la possibilité d’être toujours émerveillé par les paysages naturels préservés. L’homme éprouve une sorte de désir d’osmose avec la nature, par-delà le bien et le mal, qui est irréductible à une simple stratégie de survie de l’humanité.

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  • La nature a-t-elle des droits ?

Publié le 15/05/2020

Extrait du document

« Se demander si la nature a des droits, c'est interroger le lien d'identité entre l'homme et la nature : « sujet de droit » par excellence (cf. la Déclaration universelle des droits de l'homme ), l'homme peut-il accorder ce statut à la nature. Ainsi, il faut se demander ce qu'implique la notion de « sujet de droit » ; en d'autres termes, des êtres inanimés ou non-conscients peuvent-ils y prétendre ? Pour la conscience écologique, les pratiques humaines requiert la reconnais sance d'un « droit » ou de « droits » de la nature, obligeant l'homme à moduler son action envers l'environnement. M ais, premièrement, cela sous-entend que l'activité humaine (science, technique et/ou technologie) seraitpernicieus e et, deuxièmement, que la nature serait justement susceptible de recevoir un traitement identique à l'homme. Afin de battre en brèche ces deux idées, nous montrerons d'abord comment l'idéal d'une maîtrise scientifique et utilitariste de la nature s'est progressivement imposée, au détriment, il est vrai, d'une prise en compte de la nature. Toutefois , nous analyserons dans un second temps l'impossibilité defonder la nature sur le concept de « sujet de droit », uniquement applicable à l'homme conscient. Nous examinerons enfin les conséquences qui endécoulent : le recours à la notion de valeur et l'introduction d'une responsabilité humaine consistant à hiérarchiser la nature et à adapter l'interventiontechnoscientifique humaine. I – L'impérialisme de la science : la nature est un moyen (non une fin) et ne connaît pas de droits 1) L'impérialisme de la science : dans le Discours de la méthode , Descartes explique que grâce à la science les hommes se doivent de « devenir comme maîtres et possesseurs de la nature ». L'idée est de se servir de la nature comme d'un moyen permettant d'améliorer le bien-être et la santé deshommes. Ainsi, on utilise la force du vent pour faire tourner les ailes d'un moulin ou un boeuf pour tirer une charrue. Le philosophe anglais FrancisBacon va encore plus loin dans La Nouvelle Atlantide en annonçant que la science doit permettre de « réaliser toutes les choses possibles ». 2) Le mécanisme et la notion de fin : cette conception de la science s'appuie sur une vision de la nature livrée au mécanisme et à la nécessité. En la prolongeant dans la Critique de la raison pratique, Kant notait que seul l'homme, être conscient, peut être pris comme fin de l'action morale – je considère autrui en son humanité comme fin en soi et non comme un moyen. La nature se trouve ainsi exclut du règne des fins et sa préservation nepeut en être une : toujours moyen et jamais fin en soi, la nature est instrumentalisée à ses dépens. La personne est ce qui se dis tingue de la chose, comme la fin se distingue des moyens. T out être dont l'existence ne dépend pas de la libre volonté, maisde la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avec autre chose que lui-même. Les êtres naturels sont des choses. Les êtresraisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi. Ils ne peuvent servir simplement commemoyens, et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect. La personne est une fin objective, dont l'exis tencemême est une fin en soi, qui ne peut être remplacée par aucune autre. Étant fin en soi, on lui doit un absolu respect. La personne humaine est la seulevaleur absolue existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique. L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principeque : "La nature raisonnable existe comme fin en soi." C 'est ainsi que nous devons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions. La moralité, soit l'usage de la raison dans le domaine pratique,repose par conséquent sur la maxime suivante : "A gis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne detout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen." 3) L'absence de droit : de ce point de vue, la nature ne pos sède donc aucun droit, à l'inverse de l'homme. Il convient donc de s'interroger sur la possibilité de fonder la nature sur le concept de « droit » ; autrement dit, comment considérer que la nature puisse être sujet de droit(s) ? II – La nature peut-elle être un sujet du droit ? 1) Le contrat social : la personne à laquelle s'applique le droit est toujours d'emblée engagée par la réciprocité.

A insi, le droit de l'un correspond au devoir de l'autre, et vice versa. Cette idée prend corps dans le Contrat social , tel que Rousseau le définit dans l'ouvrage du même nom. On peut donc distinguer l'usage légitime d'un droit, compatible avec le droit équivalent d'autrui, et l'abus commis au détriment de ce dernier. À ce niveau, un telrapport entre l'homme et la nature n'est pas envisageable. Le droit s'applique aux relations interhumaines et le sujet du droit par excellenc e estl'homme.2) Le contrat naturel : la notion de droit implique donc de reconnaître que le sujet du droit (la personne à laquelle il s'applique) puisse revendiquer ses droits et comprendre ses devoirs. Or, la nature n'est évidemment pas capable d'une telle revendication. C ependant, Michel Serres, dans le Contrat naturel , propose de reconnaître la nature comme un sujet de droit, puisqu'elle nous place dans un ensemble d'échanges mutuels : la nature est l'habitat de l'homme, ce qui l'abrite et le nourrit, c'est donc à lui de le préserver. Mais à ce niveau, le sujet de droit qu'est la nature ne l'es t paspleinement au sens où l'homme en est un.3) La pitié : toutefois, on peut songer à une façon de lier l'homme à la nature en faisant appel à la pensée de Schopenhauer, qui entrevoit, par-delà la césure phénoménale entre hommes, animaux et objets inertes, une identité c ommune aux choses sous l'espèce de la volonté ( Monde comme volonté et représentation ). Ainsi, l'homme ne diffère-t-il qu'en apparence de la nature et en la lésant, il brise l'unité intime qui les relie. La pitié consiste à reconnaître que le monde nous est identique en son fond et nous pousse donc à le préserver. III – La nature a une valeur et demande à être hiérarchisée 1) La prudence : malgré cela, on s'en rend compte, la pitié ne lie pas l'homme à la nature de la même manière que le droit peut le faire. L'appel peut alors se reporter sur ce qu'A ristote, dans l' Ethique à Nicomaque , appelle la prudence : si la science consiste à démontrer et l'art à produire correctement, la prudence sert à délibérer sur l'action bonne ou mauvaise. Toutefois, condition nécessaire, la prudence n'est pas suffisante.2) L'obligation : en effet, la prudence ressortit à l'éthique et à des questions telles que : « Quelles règles suivre pour bien agir ? ». O r, le droit implique l'idée d'obligation : le sujet du droit m'oblige à respecter son droit propre, c'est-à-dire à le reconnaître et à agir en conséquence. Une usine peutpolluer une rivière et décimer la faune qui s'y trouve, commentant par-là une imprudence, un ac te moralement blâmable, sans pour autant enfreindreun quelconque droit auquel prétendrait la nature. Si celle-ci ne peut être sujet de droit, est-elle alors pour autant livrée à la merci des hommes ?3) La valeur des êtres naturels : s'il est possible de promulguer des lois obligeant l'homme à protéger la nature, il importe encore plus de responsabiliser l'homme, en le poussant à discriminer au sein de la nature c e qui doit être protégé (des écosystèmes...) et ce qui doit être et mériteeffectivement d'être combattu (virus...). Ainsi, qu'est-ce qui impose le respect et qu'est-ce qui nécessite une intervention technique ? L'homme adonc pour but de reconnaître la valeur de la nature , de la hiérarchiser et de moduler son action en conséquence. En définitive, au lieu de céder le pas face à la nature, l'homme donne son sens à l'écologie, en tant qu'il établit des normes et des valeurs visant son respect. Conclusion : Ainsi, s'il est avéré que la nature est mise en danger par l'idéal moderne de maîtrise, édicté par la techno-science, il n'est cependant pas possible de faire lanature un sujet de droit au plein sens du terme, en ce qu'elle n'engage aucune réciprocité avec l'homme. Il ne s'agit donc pas pour l'homme de reconnaîtrel'existence de la nature en cessant toute activité ; plutôt, il convient de déterminer sa valeur et le type d'actions qui doit s'y rapporter. Il est alors possiblede reconnaître les vertus de la science dans le c adre d'une conscience écologique.. »

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    Par exemple, il est interdit de cueillir des fleurs sauvages dans les toundras montagneuses des parcs nationaux, ou de mettre en danger les arbres d'une forêt sèche. (…) Toutefois, nous sommes tous d'accord pour dire que les plantes ne sont pas cette sorte d'êtres qui peut avoir des droits.

  18. Philo52

    b. La nature comme ensemble de lois. - La nature est-elle un ensemble de lois ? - "La Nature est le système des lois établies par le Créateur pour l'existence des choses et pour la succession des êtres." - "La nature, c'est l'existence des choses, en tant qu'elle est déterminée selon des lois universelles."

  19. La nature a-t-elle des droits?

    Selon Philippe Descola, les droits de la nature sont un concept occidental. Pour lui, la civilisation occidentale est la seule qui sépare nature et culture. Accorder des droits à la nature est un concept relativement récent. Il résulte de la conscience des dégâts provoqués par l'homme à la nature.

  20. Avons-nous des devoirs envers la nature ?

    Michel Serres distingue deux rapports antagonistes de l'homme envers la nature et propose ainsi l'adoption d'un contrat qui lierait les hommes à la nature de manière symbiotique, c'est‑à‑dire dans une association organique réciproque.

  21. Accorder des droits à la nature, une révolution juridique qui bouscule

    L'idée de donner des droits aux entités naturelles est âprement discutée dans les milieux juridiques, où des spécialistes du droit de l'environnement s'inquiètent des risques et dérives...

  22. Dissertation : Avons-nous des devoirs envers la nature

    [Problématique et annonce de plan] Si nous avons des devoirs envers la nature, ne faut-il pas concevoir celle-ci comme un sujet ayant des droits et méritant le respect ? N'est-ce pas là attribuer des caractères humains à la nature ?

  23. La nature a-t-elle des droits

    C ependant, Michel Serres, dans le Contrat naturel , propose de reconnaître la nature comme un sujet de droit, puisqu'elle nous place dans un ensemble d'échanges mutuels : la nature est l'habitat de l'homme, ce qui l'abrite et le nourrit, c'est donc à lui de le préserver. Mais à ce niveau, le sujet de droit qu'est la nature ne l'es t ...

  24. Donner des droits à la nature : une idée qui fait son chemin

    Donner des droits à la nature : une idée qui fait son chemin. En Île-de-France, un collectif propose de reconnaître la « personnalité juridique » à des lacs régulièrement pollués. Est-il possible d'accorder des droits à la nature en France, comme le font déjà plusieurs pays ?