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Les Fausses Confidences (intro+partie 1 et 2)

Par maevabnnn   •  16 Novembre 2020  •  Dissertation  •  976 Mots (4 Pages)  •  41 729 Vues

Les fausses confidences est une comédie en trois actes écrits en prose par Marivaux et parue en 1737, siècle des Lumières. Dorante, un jeune noble a perdu sa fortune. Dubois son ancien balet le quitte pour entrer au service d’Araminte. Cette dernière est une riche héritière, ravissante et jeune veuve. Mais sa mère, Madame Argante rêve de voir sa fille devenir comtesse. Dubois va alors mettre un stratagème en place pour aider Dorante à conquérir Araminte. On peut alors se demander, en quoi le stratagème est un thème central des fausses confidences et au cœur de la théâtralité de la pièce. D’une part, nous étudierons le stratagème, un thème central des FC. Enfin, nous verrons le stratagème au cœur de la théâtralité.

Dorante, un bourgeois infortuné est aidé par son ancien valet Dubois pour tenter de conquérir la jeune veuve Araminte Pour y parvenir Dubois va mettre en place tout un stratagème. Le mensonge va alors devenir une technique de séduction. En effet, changer d’apparence vestimentaire n’est pas la seule façon d’avancer masquer Ce ne sont plus les habits qui induisent en erreur autrui mais les mots. Par exemple Dorante, fait de nombreuses fausse confidences à Araminte à propos de Dorante (acte I, scène 14, l532-533) « vous saurez qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser des femmes qui l’étaient, et de fort aimables » L’objectif de la stratégie est aussi parfois de soulever un obstacle car il peut heurter un mariage,  ici la différence de classe sociale entre Araminte (riche héritière) et Dorante (noble ayant perdu sa fortune) et aussi la mère d’araminte madame Argante qui veut que sa fille soit comtesse et ainsi marié avec le comte. Le stratagème, u le bal des intriguant, s’observe aussi chez les personnages. Les FC est une pièce qui repose sur les épaules du valet et témoigne d’une hiérarchie entre domestiques. Arlequin, valet, a un rôle mineur, c’est le valet Dubois qui tire les ficelles de l’intrigue. On peut comparer Dubois a scapin et figaro et mettre en lumière l’honnêteté de Dubois. Monsieur Rémy, oncle de Dorante et Madame Argante, mère d’Araminte sont eux aussi instigateurs de fausse confidence. Araminte choisit librement de renoncer au compte et de tenir tête à sa mère. Quant à Dorante il ne veut pas épouser Marton comme le souhaiterait son oncle. Mais le stratagè  me est aussi vu à travers les objets comme le portait et la lettre qui devinent des instruments de celui-ci. Ils ne sont pas choisis aux hasards mais conviennent à prendre la mesure de leur charge émotionnelle. Le portrait étant une dimension artistique et difficilement differiencbale de l’amour. La lettre quant a elle offre une réflexion sur le pouvoir et l’importance en effet, Araminte tentera de piéger Dorante et de le pousser dans ses retranchements en lui faisant rédiger une fausse lettre contant qu’elle épousera le comte, ce qui qui souligne à nouveau le stratagème et sa position centrale.

Si le stratagème est un thème central de la pièce il est aussi au cœur de la théâtralité des fausses confidences.

        Quelle que soit sa nature le stratagème est une fiction qui certes s’efforce d’être crédible mais reste une fiction. C’est un jeu qui est celui de toute représentation théâtrale. C’est un jeu dans un jeu et donc un faux semblant et une représentation théâtrale. Dès lors Le stratagème mis en place, tout se transforme en un vaste théâtre, les personnages devient dramaturges et metteurs en scène mais aussi acteurs et spectateur. Effectivement peu importe le stratège, homme, femme, confident, intendant, etc.  Ses caractéristiques importent moins que ses trois fonctions (personnage, dramaturge et metteur en scène). Ici, c’est Dubois qui est charger de mettre en place le stratagème, celui qui va l’imaginer et le mettre en œuvre. Dans Les FC, il doit trouver un plan pour que Dorante réussisse à conquérir Araminte. Mais cette mise en œuvre transforme aussi les personnages en acteurs. Le menteur sait qu’il ment, le déguise sait qu’il porte un habit et l’usurpateur d’identité sait qu’il trompe son monde. Mais ils sont aussi spectateurs dans la meire ou ils observent les effets de leurs ruses sur autrui. Par exemple (acte ii scène 8) Dorante laisse croire à Marton qu’il l’aime « tout a réussi elle prend le change à merveille » dit-il en aparté. Cette situation connait une complexité complémentaire car toute pièce repose sur la double énonciation les personnages parlent les uns aux autres mais aussi aux spectateurs présents dans la salle, c’est l’essence même du théâtre Mais Dans les FC, la triple énonciations enruce ce schéma (acte II scène 2) Dorante refuse d’épouser la femme que lui propose son oncle monsieur Remy car il « aime ailleurs » répète-il. Ill s’adresse à  son oncle mais aussi au spectateur, mais fais aussi une déclaration indirecte a araminte qui assiste à la scène et qui comprend ce que lui dit Dorante. On retrouve aussi ce procédé dans Molière « l’amour médecin ». Les spectateurs sont tant omniscients que confidents privilégies. L’effet de théâtralité concerne les spectateurs. Effectivement, la stratégie et le stratagème ne fonctionnent que s’ils sont annoncés avant. C’est la condition même de la compréhension et même de l’action. C’est en C’est en exposant à Dorante ce qu’il a imaginé que Dubois renseigne les spectateurs. Quand Dubois ‘aperçoit de la fausse confidence d’araminte en lui affirmant que Dorante n’a rien dit acte ii scène 16, il s’indigne « ah je lui apprendrai à voir me souffler mon rôle de confident ». De plus chez Marivaux les apartés sont nombreux ce qui transforment le spectateur en confident privilégies. Ils les informent en effet de ce que les autres personnages ne savent ni n’entendent ou disent. Ils s’intègrent dans les spectateurs dans l’univers du théâtre auquel ils cessent d’être extérieurs pour en devenir des observateurs clairvoyants

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Dissertation : « Les Fausses Confidences » de Marivaux - exercice corrigé

Français Lycée

Fiche de révision et analyse de cette œuvre de Marivaux (1688-1763) au programme du bac de français. Dans sa pièce de théâtre  Les Fausses Confidences , le dramaturge développe tout un langage et un art du malentendu autour des questions amoureuses. Explications.

Contexte historique

Cette pièce a été écrite et représentée en 1737, au XVIII e  siècle, le siècle de la fin du règne de Louis XIV - qui meurt en 1715 -, de Louis XV et de Louis XVI. C’est également le siècle de la Révolution française.

Genre théâtral

Au XVIII e  siècle, la division entre tragédie et comédie est revue. Les auteurs essaient de trouver une autre façon de faire du théâtre. Diderot propose l’appellation de « drame bourgeois », c’est-à-dire un drame où les personnages ont le choix de leurs actions et qui se déroule dans le milieu de la bourgeoisie (par opposition à la tragédie) sans que ce soit forcément quelque chose de drôle ou qui finit bien (par opposition à la comédie). Mais ce sont tout de même des sujets légers, amoureux. En cela, dans L es Fausses Conficences , on va s’inscrire dans le genre de la comédie.

Cette comédie est sensible  car elle ne présente pas de farces avec des jeux de mots ou des situations absurdes, mais plutôt des situations avec des rapports complexes entre les personnages, voire des rapports avec beaucoup de sensibilité, d’émotion, de délicatesse en fonction des obstacles qu’ils rencontrent pour pouvoir dévoiler leur amour ou pour se retrouver en tant que couple.

Le marivaudage

Marivaux a pratiquement créé son propre mouvement : le marivaudage. Aujourd’hui, au sens courant, le marivaudage est le fait de séduire à tout va. En littérature, le marivaudage est cette manière d’ aborder les questions amoureuses avec subtilité , avec délicatesse et surtout avec le langage. Ce sont des personnages qui discutent beaucoup, et c’est en discutant que leurs sentiments se développent, s’affirment ou s’éteignent. Les situations avancent par le langage chez Marivaux.

L'auteur Marivaux

Le vrai nom de Marivaux est Pierre Carlet. Il n’est pas simplement dramaturge (celui qui écrit, monte et met en scène les pièces), il est aussi romancier ( La Vie de Marianne ) et journaliste (la presse se développe beaucoup au XIX e  siècle). Il vit grâce à sa plume. Après un mariage avec beaucoup d’argent à la clé, il fait faillite. Pour subvenir à ses besoins, il doit donc travailler et publier des pièces de théâtre, des articles, des livres.

Moments-clés des Fausses Confidences

  • Dubois fait entrer Dorante au service d’une noble car il l’aime : Il s’agit de la scène d’exposition. Dubois, un personnage qui appartient aux domestiques d’une famille noble, fait rentrer un autre personnage, Dorante (un jeune homme d’une trentaine d’années), au service d’une noble. Dorante aime la noble chez qui travaille Dubois. Dubois est l’ancien employé de Dorante. Comme il a envie de rendre service à son ancien patron, qui a fait faillite, il va le faire rentrer au service de cette dame. Dorante ne va pas être n’importe quel domestique, il est intendant : celui qui gère toute la maison. Ce moment est très important car il met en place tout le stratagème qui va créer des quiproquos, des malentendus, du suspens dans ce rapprochement entre Dorante et cette noble dont il est amoureux.
  • Révélation finale et aveux réciproques : L’autre moment clé est la fin, la révélation finale de Dorante. Il va expliquer que tout cela n’est qu’une supercherie, que c’est Dubois qui a parlé à cette jeune femme de lui parce qu’il lui avait demandé. Les stratagèmes vont être révélés à la fin – comme le stratagème du portrait donné va être révélé à la fin. Les deux personnages vont pouvoir s’avouer leur amour de manière sincère, sans faux-semblants.

Thématiques importantes des Fausses Confidences

  • Surprise de l’amour : « La surprise de l’amour » est une expression de l’époque. Marivaux a écrit plusieurs pièces qui s’appellent  La Surprise de l’amour , La Seconde surprise de l’amour . C’est un thème important de son œuvre. Cela veut dire qu’il y a des personnages dans les pièces de théâtre qui se laissent surprendre par leurs sentiments. Ils font tout pour ne pas tomber amoureux. Finalement, ils n’arrivent pas à résister et cela s’impose à eux : c’est la surprise de l’amour. Le suspens dans cette pièce est de savoir à quel moment ils vont s’avouer qu’ils sont amoureux de tel personnage, à quel moment ils vont baisser la garde.
  • Rapports d’argent dans le mariage : La raison pour laquelle Dorante ne peut pas voir directement cette femme, c’est qu’il a fait faillite alors qu’elle est riche. Cela montre comment l’argent conditionne les rapports entre les gens au XVIII e  siècle.
Quand l’amour parle, il est le maître. Dubois

Dubois est le maître du jeu, il dirige les marionnettes et décide de tout. C’est une manière de dire que l’amour va forcément s’imposer, se dire à un moment ou un autre. Il y a l ’importance du langage qui est fondamental chez Marivaux à travers cette citation.

► Découvrez aussi la vidéo  Les Fausses Confidences  de Marivaux avec Félix Radu.

Réalisateur : Les Bons Profs

Producteur : Les Bons Profs

Année de copyright : 2022

Année de production : 2022

Publié le 13/12/22

Modifié le 12/01/24

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Cours : __Les Fausses Confidences__

Les Fausses Confidences

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Les Fausses Confidences , Marivaux : une comédie de mœurs

Introduction :

Il n’est pas surprenant que le véritable succès des Fausses Confidences ne soit devenu palpable qu’après la Révolution française alors que la pièce date de 1737. Comédie grinçante mettant une veuve au cœur de l’intrigue amoureuse et prenant un valet très libre comme moteur, cette pièce est un reflet ironique de la société française et de ses imperfections au XVIII e  siècle. Par bien des aspects, elle annonce ce qui va motiver quelques années plus tard les remous politiques du pays. Pourtant, c’est sur une trame bien maîtrisée que s’appuie Marivaux  : l’amour reste au cœur de ses préoccupations, comme dans la plupart des pièces du même auteur qui ont précédé celle-ci. Dorante cherche à épouser la veuve Araminte, chez qui il se fait embaucher. Mais cette dernière est déjà engagée dans un projet de remariage avec le Comte Dorimont et seul un valet rusé, comme l’est Dubois, pourra dénouer les nœuds qui entravent l’épanouissement des sentiments amoureux.

Dans ce premier cours, nous allons nous demander dans quelle mesure on peut considérer que Marivaux remet en cause les mœurs de son époque dans Les Fausses Confidences . Une comédie de mœurs est un lieu scénique où peut s’épanouir une critique satirique du monde social, de sa morale et des comportements des individus qui le constituent. C’est pourquoi nous interrogerons dans un premier temps ce qui fait la spécificité farcesque de la pièce. Dans un deuxième temps nous montrerons comment Marivaux met en relation rire et amour. Tout cela mène à la construction d’une satire sociale dont nous nous efforcerons de pointer les audaces et les limites dans un troisième et dernier temps.

Interroger la farce

Les Fausses Confidences oscille entre la farce et la comédie plus sérieuse. Tout en mettant en scène des personnages parfois grotesques , les situations galantes conduisent les protagonistes à utiliser un langage précieux et à analyser finement leurs sentiments.

Une commedia dell’arte ?

Comme Molière avant lui, Marivaux est influencé par la Commedia dell’arte , ce genre théâtral apparu au XVI e  siècle en Italie et dont le succès auprès du public ne s’amoindrit pas. Mais il ne faut pas oublier que c’est d’abord l’énorme inventivité scénique du théâtre de Foire , qui sévit depuis le Moyen Âge sur les places de France, qui séduit Marivaux.

Théâtre de Foire :

Ensemble de spectacles qui se tenaient sur les marchés et où se retrouvaient aussi bien des troupes de théâtre que des acrobates, des jongleurs, des dresseurs, etc. En général, on jouait des farces courtes qui s’adressaient aux instincts les plus bas des spectateurs.

Outre ce théâtre populaire, le public se rendait principalement à l’Opéra, à la Comédie-Française ou au Théâtre-italien. Ce dernier se trouvait à l’Hôtel de Bourgogne depuis 1680 et c’est par ses comédiens que furent jouées en premier lieu Les Fausses Confidences .

Les caractères des personnages des pièces de Marivaux, des archétypes, étaient alors très proches de ceux régulièrement joués par ces comédiens d’origine italienne.

Les valets, ou zanni en italien, tirent leur vis comica (« force comique ») de leur stupidité ou, au contraire, d’une forme d’intelligence qui les amène à se sortir des situations les plus compliquées par la ruse, l’intrigue, ou même la fourberie.

Arlequin commedia dell arte

Arlequin et son habit reconnaissable à ses losanges, tantôt balourd, tantôt malin, en est un représentant. Il incarne le glouton paillard.

C’est d’ailleurs le personnage d’Arlequin qui retient l’écriture du dramaturge français. Cependant, il en fait un être plus malicieux et naïf que son ancêtre de la commedia dell’arte, dont l’attitude brutale et la tendance à la goinfrerie sont systématiques.

Arlequin Watteau théâtre

Qu’est-ce que le marivaudage ?

La subtilité de la pièce de Marivaux réside dans l’aisance avec laquelle elle manie l’art de la conversation . Ce rapport privilégié au langage atténue la dimension bouffonne de la comédie.

  • Dépassant les stéréotypes liés à l’héritage qu’il récupère, Marivaux invente un nouveau style : le marivaudage .

Marivaudage :

Tendance propre à une pièce de théâtre à utiliser un langage raffiné et subtil dans le but de restituer les nuances du sentiment amoureux.

Le jargon des personnages et leur façon d’avancer doucement pour avouer leurs sentiments n’empêchent pas l’émergence d’une certaine grâce dans leurs dialogues.

Étonnamment, ceux qui marivaudent le plus dans cette pièce ce ne sont pas les amants eux-mêmes, mais le valet Dubois , qui parvient à voir clair dans les attitudes d’Araminte et à fortifier les sentiments de celle-ci :

«  DUBOIS, comme s’en allant. — Pure fable. Madame a-t-elle encore quelque chose à me dire ? ARAMINTE. — Attends ; comment faire ? Si, lorsqu’il me parle, il me mettait en droit de me plaindre de lui ; mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m’en dis ; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer. Il est vrai qu’il me fâcherait, s’il parlait ; mais il serait à propos qu’il me fâchât. DUBOIS. — Vraiment oui ; monsieur Dorante n’est point digne de madame. S’il était dans une plus grande fortune, comme il n’y a rien à dire à ce qu’il est né, ce serait une autre affaire ; mais il n’est riche qu’en mérite, et ce n’est pas assez. ARAMINTE, d’un ton comme triste. — Vraiment non ; voilà les usages. Je ne sais pas comment je le traiterai ; je n’en sais rien, je verrai. DUBOIS. — Eh bien ! madame a un si beau prétexte. Ce portrait que Marton a cru être le sien, à ce qu’elle m’a dit… ARAMINTE. — Eh ! non, je ne saurais l’en accuser, c’est le Comte qui l’a fait faire. DUBOIS. — Point du tout, c’est de Dorante ; je le sais de lui-même ; et il y travaillait encore il n’y a que deux mois, lorsque je le quittai. ARAMINTE. — Va-t’en ; il y a longtemps que je te parle. Si on me demande ce que tu m’as appris de lui, je dirai ce dont nous sommes convenus. Le voici ; j’ai envie de lui tendre un piège. DUBOIS. — Oui, madame ; il se déclarera peut-être, et tout de suite je lui dirais : “Sortez.” »

Acte II, scène 12

Dans ce passage, il apparaît clairement que Dubois indique à Araminte, par son pouvoir de conviction, comment se comporter avec Dorante. Araminte anticipe une situation complexe dans laquelle les sentiments de l’autre ne sont pas faciles à identifier.

Il est trop caricatural de considérer Les Fausses Confidences comme une farce drolatique ou comme un exemple édifiant de marivaudage. Afin de montrer un éventail d’émotions et de situations sur lequel il est possible ensuite de réfléchir, Marivaux propose une œuvre où se mêlent de nombreuses influences .

Penser la comédie amoureuse

Écrire une comédie amoureuse est pour Marivaux un moyen de peindre un tableau des obstacles que la société dresse contre l’épanouissement de l’individu. En effet, tout comme l’orgueil et l’amour-propre, les questions maritale et pécuniaire sont présentées comme des freins au déploiement des sentiments.

Mettre en scène l’amour-propre

Souvent, les personnages de Marivaux ne savent pas eux-mêmes qu’ils sont amoureux. Ils sont aveuglés par des soucis beaucoup plus triviaux.

Araminte est successivement occupée par des événements ménagers ou sociaux : l’arrivée de la « marchande d’étoffes » (fin de l’acte I scène 8) ; puis les nouvelles de « Madame la marquise » (début de l’acte I scène 13). Elle est surtout plus préoccupée de soucis pécuniaires (procès et éventuel mariage avec le Comte) que de vrais sentiments amoureux. C’est d’ailleurs pour faire le point sur ses revenus qu’elle cherche à engager un intendant.

C’est l’arrivée de Dorante qui va provoquer l’amour. Il demeure une « surprise » pourrait-on dire, comme le titre de cette autre pièce de Marivaux : La Surprise de l’amour .

Bien que l’amour de Dorante pour Araminte soit révélé dès la scène d’exposition , il faudra à Araminte trois actes pour reconnaître qu’elle est amoureuse de lui à son tour. Et seules les paroles du valet réussissent à mettre au jour ces sentiments enfouis.

«  DUBOIS. — Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant ; vous m’en direz des nouvelles. Vous l’avez vue et vous l’aimez ? DORANTE. — Je l’aime avec passion ; et c’est ce qui fait que je tremble. »

Acte I, scène 2

La scène d’exposition est la première scène (parfois la deuxième si la première est très courte) d’une pièce de théâtre. Elle a pour objectif de présenter les personnages principaux et de donner les informations nécessaires à la construction de l’intrigue.

Ce n’est pas parce que le personnage ne sait pas qu’il est amoureux que le spectateur, pour sa part, n’est pas mis au courant rapidement. D’ailleurs, en entendant Dubois lui révéler que Dorante est amoureux, une didascalie informe le lecteur (et le jeu de l’actrice informe le spectateur) que la nouvelle incite Araminte à prendre un air « boud[eur] » (elle ne sait pas à ce moment-là qu’elle est l’objet de cette passion). Cette mimique est révélatrice d’une forme de jalousie.

La situation relève d’une originalité psychologique très forte pour l’époque, qui veut que les sentiments ne soient pas toujours conscients.

Du fait de cette lenteur à discerner la nature de ce qu’ils ressentent, la vérité et la morale ne s’offrent pas comme des évidences aux personnages. L’ambition et le désir de richesse que la société impose sont des voiles qui dissimulent la pureté de l’âme.

la déclaration d’amour libertinage marivaudage

Mettre en scène le rapport entre l’amour et l’argent

Il est légitime de vouloir s’enrichir dans Les Fausses Confidences car ce sont les revenus qui déterminent avec qui il est possible de se marier. Ainsi, les personnages cherchent à aimer toujours au-dessus de leur condition  : Dorante l’intendant aime Araminte la bourgeoise qui elle-même projette de se marier avec un noble. La valeur des biens se confond donc avec la valeur humaine (seuls les personnages riches méritent d’être aimés). En avouant son amour pour Dorante à la fin de la pièce, Araminte renversera cet ordre des choses.

La réplique de Monsieur Remy au dernier acte confirme ce douloureux état de fait. Si Dorante avait eu de l’argent dès le début de la pièce, il aurait pu avouer son amour sans retenue :

«  MONSIEUR REMY. — Eh bien, quoi ? C’est de l’amour qu’il a ; ce n’est pas d’aujourd’hui que les belles personnes en donnent ; et tel que vous le voyez, il n’en a pas pris pour toutes celles qui auraient bien voulu lui en donner. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu’il veut courir ; voilà le mal. Car, au reste, s’il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu’il adore. (Contrefaisant madame Argante). Accommodez-vous, au reste ; je suis votre serviteur, madame. (Il sort.)  »

Acte III, scène 8

Des chiffres très précis sont annoncés par les différents personnages au fil des scènes. Le spectateur sait qu’Araminte touche près de « cinquante mille livres de rente » (acte I scène 2), ce qui justifie d’ailleurs que Dorante tente d’entrer à son service. À Marton, le Comte Dorimont propose « mille écus » (acte I scène 11) pour que son mariage se fasse ; il cherchera également plus tard à soudoyer Dorante. Et c’est toute l’intrigue amoureuse qui est parasitée par ces questions monétaires : le spectateur peut notamment douter de la sincérité de l’amour de Dorante vis-à-vis de la veuve tant désirée. De plus, les personnes désintéressées sont montrées comme des imbéciles.

Dans cette scène, le Comte Dorimont méprise ouvertement Dorante parce que Marton le juge incorruptible :

« LE COMTE. — N’y aurait-il pas moyen de raccommoder cela ? Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer, et, pour achever de la résoudre, il ne s’agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. Elle ne voudra pas soutenir l’embarras d’un procès. Parlons à cet intendant. S’il ne faut que de l’argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l’épargnerai pas. MARTON. — Oh ! non ! ce n’est point un homme à mener par-là, c’est le garçon de France le plus désintéressé. LE COMTE. — Tant pis ; ces gens-là ne sont bons à rien. »

Acte II, scène 4

Pour autant, les astuces du valet et le dénouement heureux indiquent que ce n’est pas cette avidité cynique qui l’emporte au moment où la pièce prend une tournure morale. L’intelligence et les stratagèmes permettent de déjouer les injustices de certaines conditions sociales.

Construire une satire sociale

Avec Les Fausses Confidences , Marivaux écrit une satire dans le sens où il fait ouvertement la critique négative de certains aspects de son époque. Ces charges prennent principalement deux visages : il s’agit d’abord de montrer des personnages qui s’émancipent de leurs conditions , Araminte et Dubois, la femme (en théorie soumise) et le valet (en théorie passif) ; et ensuite de montrer le ridicule de certaines conventions , comme le mariage ou le rêve de noblesse.

La veuve : un statut libérateur

Rien d’étonnant à ce que Marivaux choisisse une veuve comme personnage central de sa pièce. Cette situation sociale est courante au XVIII e  siècle, car les jeunes filles sont souvent mariées à des hommes plus âgés qu’elles. De cette façon, après avoir été sous l’autorité de son père, la jeune femme se retrouve placée sous celle de son mari, avec des droits limités par rapport à ce dernier.

Ainsi, pour une femme de l’époque de Marivaux, la situation de veuvage (période pendant laquelle la personne a perdu son conjoint et n’est pas remariée) est l’une des rares qui permettent aux femmes d’être vraiment libres de leurs choix .

En perdant son époux, Araminte a gagné son indépendance et la liberté de pouvoir user comme bon lui semble de ses biens propres.

Araminte marivaux les fausses confidences

Le point de vue d’Araminte permet de montrer les travers de la société précisément parce qu’elle se trouve en marge de celle-ci.

De ce point de vue, le mariage comme contrepoint du veuvage n’est plus un rite sacré, mais une coutume superficielle qui rend fous et cupides ceux qui s’en préoccupent.

Il est probable qu’Araminte résiste à Dorante, et traîne à épouser le Comte de Dorimont, justement parce qu’elle tient à conserver cette liberté. Le cœur de la pièce repose donc sur la défiance d’une héroïne vis-à-vis des hommes .

Vers le libertinage

Les attaques à l’encontre du mariage ne sont pas les seules critiques que se permet Marivaux. Bien que servant, le valet Dubois intrigue auprès de l’entourage de son maître pour qu’ils atteignent ensemble leurs objectifs.

Il est donc question de montrer un serviteur plus puissant que son maître, puisque le sort de Dorante dépend de la réussite des manigances de Dubois, et surpassant sa condition.

Carnaval :

Le carnaval est un type ancestral de fête. À l’origine, il s’agit non seulement de se déguiser et de défiler, mais également d’abolir les règles et les barrières sociales qui régissent la société. La commedia dell’arte récupèrera ce folklore fait de costumes et de masques.

Dans le passage suivant, Dubois coupe la parole de son maître et lui donne des ordres à l’ impératif . Comme dans la tradition carnavalesque qu’apprécie particulièrement le théâtre-italien, c’est le monde à l’envers :

«  DUBOIS. — Retirez-vous. DORANTE. — Je ne sais qu’augurer de la conversation que le viens d’avoir avec elle. DUBOIS. — À quoi songez-vous ? Elle n’est qu’à deux pas : voulez-vous tout perdre ? DORANTE. — Il faut que tu m’éclaircisses… DUBOIS. — Allez dans le jardin. DORANTE. — D’un doute… DUBOIS. — Dans le jardin, vous dis-je ; je vais m’y rendre. DORANTE. — Mais… DUBOIS. — Je ne vous écoute plus.  »

Acte II, scène 17

Cette habileté et cet affranchissement du valet ont le dernier mot face à la rigidité de la mère d’Araminte.

  • À une bourgeoisie traditionnelle qui cherche à s’élever au rang de la noblesse, Marivaux oppose la légèreté d’un valet brillant qui choisit de se ranger du côté des amoureux qui ne cherchent que le badinage et le bonheur.

Dans le dernier mot de la pièce, le spectateur perçoit bien la frustration de Madame Argante et la satisfaction de Dubois, dont le courage et le mérite ont été récompensés :

«  MADAME ARGANTE. — Ah ! la belle chute ! ah ! ce maudit intendant ! Qu’il soit votre mari tant qu’il vous plaira ; mais il ne sera jamais mon gendre. ARAMINTE. — Laissons passer sa colère, et finissons. » (ils sortent) DUBOIS. — Ouf ! ma gloire m’accable. Je mériterais bien d’appeler cette femme-là ma bru.  »

Acte III, scène 13

Il est possible de considérer que, par la façon dont la pièce fait gagner l’amour sur l’appât du gain, l’intelligence sur l’ambition aveugle ; et par la façon dont elle fait d’une femme la proie de tous les désirs en dépit de la sincérité amoureuse, elle annonce avec amusement les grands traits du libertinage qui occupera la littérature de la seconde moitié du siècle.

Libertinage :

Caractère d’un être qui jouit d’une très grande liberté de mœurs.

Le libertinage n’est pas une notion qui se résume à la liberté sexuelle, c’est avant tout une indépendance d’esprit caractérisée par la libre pensée.

Marivaux valet dubois fausses confidences dazincourt

Conclusion :

Tout en se construisant sur les ressorts classiques du drame bourgeois, les trois actes des Fausses Confidences font triompher l’amour et présentent l’ambiguïté de personnages issus de toutes les couches de la société. Ces critères permettent de voir dans cette pièce une comédie de mœurs qui ne se détourne pas d’une portée satirique. Pourtant, il serait fautif de croire que cette pièce est résolument révolutionnaire ou subversive : l’intelligence du valet est toujours mise au service de son maître, l’intendant parvient à s’enrichir, la morale et les bons sentiments sont victorieux. Entre l’irrévérence faite aux traditions et le respect accordé aux convenances, entre brutalité et finesse, c’est le langage théâtral de Marivaux qui montre ici sa virtuosité.

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Sujets de dissertation en littérature sur Les Fausses Confidences de Marivaux

Des sujets de dissertation sur l'oeuvre de Marivaux Les Fausses Confidences pour mieux comprendre et appréhender cette oeuvre au programme du bac de français.

Les Fausses Confidences de Marivaux

Credit Photo : Le Livre de Poche

Facebook

Sujet n°1 : De quelle manière l’œuvre de Marivaux est-elle une critique de la société de l'époque ?

Sujet n°2 : de quelle manière les femmes sont elles représentées dans les fausses confidences , sujet n°3 : quels sont les différents types d’amours exploités dans les fausses confidences , sujet n°4 : de quelle manière le thème de la manipulation est-il mis en œuvre dans les fausses confidences , sujet n°5 : en quoi l'emploi de l'ironie par marivaux dans les fausses confidences contribue-t-il à créer un effet comique , sujet n°6 : comment décririez-vous le personnage d'araminte et son évolution dans l’œuvre de marivaux , sujet n°7 : quelle est l’importance de la comédie dans la pièce les fausses confidences de marivaux , sujet n°8 : comment le personnage de dorante dans les fausses confidences exprime-t-il sa stratégie de manipulation et son habileté à tromper les autres personnages , sujet n°9 : analysez les fausses confidences en tant que pièce de théâtre qui explore les jeux de séduction et les masques sociaux, sujet n°10 : identifiez les normes théâtrales que marivaux remet en question dans les fausses confidences , autres articles susceptibles de vous intéresser au sujet de marivaux.

Marivaux - Les Fausses Confidences : commentaire des scènes 13 et 14 de l'acte I Lafayette, Stendhal, Yourcenar, Molière, Marivaux, Lagarce - que retenir Marivaux, Les Fausses Confidences : fiche de lecture L'île des esclaves, Marivaux - Fiche de lecture

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Les Fausses Confidences : théâtre et stratagème

  • Sarah Sauquet

" Dernière des comédies en trois actes de Marivaux " dans laquelle " le comique se fait plus réaliste " et " la critique sociale plus directe ", Les Fausses Confidences est au programme du bac de français 2020-2021. Nous verrons comment utiliser Gallica pour l’étudier en classe de première.

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L’Amour au théâtre français , Cochin d’après Watteau.  

Entre la foi dans le présent et la foi en l’avenir, Marivaux le singulier

Comprendre l’esthétique de marivaux.

Étudier Marivaux, c’est découvrir un auteur de la première moitié du XVIII e siècle (Marivaux est né en 1688 et décédé en 1763) qui renouvelle la comédie. L’amour et les jeunes amoureux passent désormais au premier plan – nous ne sommes plus chez Molière – et si l’ordre social est bousculé, il n’est jamais renversé – nous ne sommes pas encore chez Beaumarchais . Cette tension très particulière qui fait l’esthétique du dramaturge, Jean Fleury l’analyse dans Marivaux et le marivaudage . Alors que le XVII e siècle embrassait le monde de manière absolutiste et globale, le XVIII e siècle doute, cherche, et Marivaux se situe dans un parfait entre-deux, " entre la foi dans le présent, qui caractérise la seconde moitié du dix-septième siècle, et la foi en l'avenir, qui caractérise la seconde moitié du dix-huitième ".   Pour une approche plus complète, je recommande Marivaux, sa vie et ses œuvres d’après de nouveaux documents . Gustave Larroumet y livre une analyse très précise de l’esthétique du dramaturge  : il replace Marivaux dans l’histoire littéraire, explique pourquoi certains héros de Marivaux ont des prénoms italiens , l’influence que le peintre Watteau a pu exercer sur son œuvre. Larroumet y rappelle aussi la modernité des Fausses confidences , cette pièce dans laquelle un roturier, Dorante, tombe amoureux d’une jeune veuve .

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Découvrir et s’approprier la pièce

Plusieurs éditions de la pièce sont disponibles, mais celle issue du Théâtre de Marivaux a particulièrement retenu mon attention pour son confort de lecture . Dans l’édition de Haut-Cœur et Gayet jeune , une introduction de Pierre Duviquet, " Jugement sur Les Fausses Confidences ", constitue un parfait préambule à la découverte de la pièce. Un résumé synthétique de la pièce et de ses enjeux  est à lire dans Marivaux et le marivaudage , de Jean Fleury. Un enregistrement sonore de plusieurs scènes, jouées par la prestigieuse compagnie de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault permet de découvrir une mise en voix du texte. Plusieurs photographies de mises en scène sont disponibles, datant de 1946 , 1985 , ou 1993 .

Le théâtre de la parole

Analyse stylistique du marivaudage.

Les héros de Marivaux sont pris dans la nasse de leur propre introspection,  et celui-ci s’exprime par l’art de la conversation, ou marivaudage. Ce marivaudage, comment se traduit-il ? La langue de Marivaux est virevoltante, chaque personnage  a ses champs lexicaux et tournures propres. Mme Argante, par exemple, s’exprime beaucoup à l’impératif.   La Linguistique générale et linguistique française constitue une parfaite introduction à une analyse précise du texte. Charles Bally y revient sur les nuances de la phrase , les modalités du langage , la phrase en tant qu’énoncé explicite , ou la différence entre interrogation totale et partielle . Pour comprendre la dynamique du langage théâtral, on pourra lire des extraits de Questions et exercices sur le Petit traité de rhétorique et de littérature de Bernard Jullien consacrés au dialogue théâtral . L’ouvrage comporte de nombreux exercices sur l’identification des genres et l’analyse des styles théâtraux.

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Le marivaudage, ou la mise en scène de la parole

Pour prolonger la réflexion sur le marivaudage, on pourra lire Dix-huitième siècle, études littéraires dans lequel Émile Faguet définit le marivaudage, ces analyses " ramassées en traits rapides et pénétrants ", ce " galimatias " contenu et clair, resté " dans les honnêtes limites du précieux ". Dans Marivaux et le marivaudage , Jean Fleury parle d’une langue " délicate, raffinée, contournée, mais discrète, une langue de salon ". Pour  exprimer au mieux ces nuances langagières, Marivaux fait jouer Les Fausses Confidences par les Comédiens Italiens, réputés pour leur spontanéité et leur langage non verbal, le 16 mars 1737 à l’Hôtel de Bourgogne. Dans le Dictionnaire historique et pittoresque du théâtre et des arts qui s'y rattachent , Arthur Pougin revient très précisément sur l’histoire des Comédiens Italiens , leur particularité, et sur le moment précis de leur histoire où furent montées Les Fausses Confidences .

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Le stratagème, ou le bal des intrigants

Les Fausses Confidences est une pièce qui repose sur les épaules d’un valet et témoigne d’une hiérarchie entre domestiques. Arlequin a un rôle mineur, et c’est le valet Dubois, aux motivations troubles, qui tire les ficelles de l’intrigue. Les Valets au théâtre de Ludovic Celler apporte un éclairage très riche sur l’emploi du valet et sa moralisation grandissante au théâtre, entre servitude, diligence et intérêts. On pourra ainsi comparer Dubois à Scapin et Figaro pour ne citer qu’eux, et mettre en perspective l’honnêteté de Dubois. Le documentaire Le Valet de comédie complète aisément cette lecture et explique ce que représente le personnage d’Arlequin dans l’imaginaire théâtral.

L’oncle et la mère

M. Rémy, l’oncle de Dorante, et Mme Argante, la mère d’Araminte, sont eux aussi instigateurs de fausses confidences. Araminte choisit-elle librement d’épouser Dorante et de renoncer au comte Dorimont, un beau parti ? Comment arrive-t-elle à tenir tête à sa mère ? M. Rémy souhaiterait voir son neveu épouser la suivante Marton. Quel regard Dorante peut-il porter sur cette ingérence ? Deux classiques de la littérature peuvent apporter un éclairage sur ces questions. On pourra lire Il ne faut jurer de rien d’Alfred de Musset, pièce dans laquelle le héros Valentin voit son oncle menacer de lui couper les vivres s’il n’épouse pas la jeune Cécile de Mantes. On pourra aussi lire Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Lalos. Le roman épistolaire met en scène des héros qui en manipulent d’autres pour arriver à leurs fins. La lettre XCVIII est particulièrement intéressante. Mme de Volanges, la mère de Cécile qui souhaitait voir sa fille épouser Gercourt, pose la question à Mme de Merteuil : ces mariages arrangés, que les parents organisent pour leurs enfants, ne sont-ils pas cause de malheurs et de liaisons ?

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Le portrait et la lettre, instruments du stratagème

Portrait et lettre deviennent, dans la pièce, les instruments des stratagèmes. Ces objets ne sont pas choisis au hasard, et il convient de prendre la mesure de leur charge émotionnelle. Dans La Langue théâtrale , Alfred Bouchard rappelle l’importance des accessoires au théâtre ; et dans Histoire du portrait en France , Marquet de Vasselot explique que le portrait, dans sa dimension artistique, est difficilement dissociable de l’amour et de la représentation de l’être aimé . Enfin, Les Liaisons dangereuses offre une réflexion sur le pouvoir et l’importance de la lettre.

La suivante, héroïne sacrifiée du stratagème

Complexe et touchante, la suivante Marton est amoureuse de Dorante. Contrainte de se retirer du jeu amoureux auquel elle est mêlée malgré elle, Marton apparaît comme sacrifiée, même si tout semble se résoudre parce qu’Araminte pense, par son amitié, lui faire oublier sa peine. Ce dénouement laisse songeur, et pour la comprendre, on pourra lire On ne badine pas avec l’amour , d’Alfred de Musset. Rosette y est une Marton à la douleur plus grande et au destin tragique.

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Pour aller plus loin...

  • Le Marivaudage , Françoise Rubellin
  • Préparer le bac de Français avec Gallica .
  • Le Malade imaginaire : spectacle et comédie
  • Collections
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  • baccalauréat
  • bac français

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Accueil » Tout pour le bac » Nos outils Bac 2022 » Prépare le bac de français avec «Les Fausses Confidences» décrypté par Jenna

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Prépare le bac de français avec «Les Fausses Confidences» décrypté par Jenna

Bac français 2022, des clés pour l’oral : en complément de la vidéo de Jenna, voici les éléments principaux de l’œuvre étudiée.

Objet d’étude : La poésie du XIX e siècle au XXI e siècle.

Les Fausses Confidences, c’est une pièce de théâtre écrite par Marivaux. Elle est jouée pour la première fois le 16 mars 1737 par les Comédiens italiens à l’Hôtel de Bourgogne à Paris. Manigances et querelles amoureuses y sont traitées avec humour. Les Fausses confidences est intégré à l’objet d’étude « Le théâtre du XVII e siècle au XXI e siècle», dans le parcours « Théâtre et stratagème».

C’est qui l’auteur ? Marivaux, un écrivain français du XVIII e siècle. Élu à l’Académie française en 1742, c’est l’un des auteurs les plus joués par la Comédie-Française encore aujourd’hui. Il crée, en 1737, Les Fausses Confidences : une pièce de théâtre mise en scène, jouée pour la première fois le 16 mars de la même année à Paris, par les Comédiens italiens. C’est une comédie en trois actes, qui ne connaîtra vraiment le succès qu’après la mort de son auteur, lors de sa reprise par le Théâtre-Français en 1793.

En savoir plus sur Pierre Carlet de Marivaux

De quoi ça parle ? De manigances, de chassés-croisés amoureux, des détours de la séduction… Les Fausses Confidences , c’est l’histoire de Dorante, un bourgeois désargenté, fou amoureux d’Araminte, riche et belle veuve. Intervient alors Dubois, l’ancien valet de Dorante désormais au service d’Araminte, qui s’immisce dans l’histoire pour réunir les deux célibataires. S’ensuivent des quiproquos, des cachotteries, des pièges, des stratagèmes mis en place par Dubois…

Les complications s’enchaînent et s’emmêlent tout au long de la pièce, jusqu’à ce que Dorante révèle finalement à Araminte les folles entreprises de Dubois. Tout se termine bien, et les deux amoureux finissent par se marier. Dubois, le valet calculateur et fin psychologue, est au centre de la pièce et cherche à faire avancer les choses entre deux personnages qui n’osent rien.

À découvrir : qu’est-ce que le marivaudage ?

Construite en trois actes, la comédie est parsemée de ces « fausses confidences » qu’évoque le titre de l’œuvre. Des mensonges, des demi-vérités, des exagérations, des dissimulations… La mise en scène de la révélation de faux secrets pour faire réagir l’être aimé est soigneusement calculée. Autour de Dorante et d’Araminte gravitent d’autres personnages – comme Marton, la jeune servante d’Araminte- qui se retrouvent aspirés par ces complots et font les frais de toutes ces manigances.

Quelque chose que tu peux mentionner à l’oral   : La place du langage dans la pièce est prépondérante. La confidence, qui suppose un secret que l’on dit à autrui, est aussi histoire de confiance. Le langage, dans la pièce de Marivaux, est au cœur de la manipulation mise en scène et de l’objectif de séduction.

Et c’est bien sûr Dubois qui manie le mieux ce formidable instrument qu’est le langage pour provoquer l’amour entre Dorante et Amarinte. Il le souligne d’ailleurs en une phrase : « Quand l’amour parle, il est le maître, et il parlera. »

Pourquoi c’est intéressant ? Cette pièce de Marivaux c’est presque le reflet des amours adolescentes, dans toute leur complexité et leur timidité. Elle mêle la peur et l’amour, l’impatience et la réserve. Il y a même des chances que ça te rappelle des souvenirs du collège !

À regarder : Les Fausses confidences, mise en scène de J. Lasalle à la Comédie-Française

C’est aussi une œuvre drôle, pleine de blagues et de ressorts comiques. Elle est encore fréquemment jouée au théâtre, alors si tu as l’occasion, n’hésite pas à aller la voir. Sinon, tu peux aussi regarder une captation filmée des mises en scène de Luc Bondy , Didier Bezace , Jean-Pierre Miquel ou Jacques Lasalle, disponibles sur YouTube.

Maud Guilbeault

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Les fausses confidences.

Les fausses confidences de Marivaux . L’oeuvre complète accessible à la lecture ou au format pdf ci-après. Bonne lecture!

On voit une mise en scène des fausses confidences de Marivaux selon les règles du théâtre à l'italienne.

Représentée pour la première fois par les comédiens italiens, le 16 mars 1737

PERSONNAGES

ARAMINTE, fille de Madame Argante.

DORANTE, neveu de Monsieur Remy.

MONSIEUR REMY, procureur.

MADAME ARGANTE.

ARLEQUIN, valet d’Araminte.

DUBOIS, ancien valet de Dorante.

MARTON, suivante d’Araminte.

Un domestique parlant.

Un garçon joaillier.

ACTE PREMIER

Scène première.

DORANTE, ARLEQUIN.

Arlequin , introduisant Dorante.

Ayez la bonté, monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle, M lle  Marton est chez madame et ne tardera pas à descendre.

Je vous suis obligé.

Si vous voulez, je vous tiendrai compagnie, de peur que l’ennui ne vous prenne ; nous discourrons en attendant.

Je vous remercie ; ce n’est pas la peine, ne vous détournez point.

Voyez, monsieur, n’en faites point de façon ; nous avons ordre de madame d’être honnête, et vous êtes témoin que je le suis.

Non, vous dis-je, je serai bien aise d’être un moment seul.

Excusez, monsieur, et restez à votre fantaisie.

DORANTE, DUBOIS, entrant avec un air de mystère.

Ah ! te voilà ?

Oui ; je vous guettais.

J’ai cru que je ne pourrais me débarrasser d’un domestique qui m’a introduit ici et qui voulait absolument me désennuyer en restant. Dis-moi, M. n’est donc pas encore venu ?

Non ; mais voici l’heure à peu près qu’il vous a dit qu’il arriverait.  (Il cherche et regarde.)  N’y a-t-il là personne qui nous voie ensemble ? Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse.

Je ne vois personne.

Vous n’avez rien dit de notre projet à M. Remy, votre parent ?

Pas le moindre mot. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualité d’intendant, à cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur ; il ne sait point du tout que c’est toi qui m’as adressé à lui : il la prévint hier ; il m’a dit que je me rendisse ce matin ici, qu’il me présenterait à elle, qu’il y serait avant moi, ou que s’il n’y était pas encore, je demandasse une mademoiselle Marton ; voilà tout, et je n’aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu’à personne : il me paraît extravagant, à moi qui m’y prête. Je n’en suis pourtant pas moins sensible à ta bonne volonté, Dubois. Tu m’as servi, je n’ai pu te garder, je n’ai pu même te bien récompenser de ton zèle ; malgré cela, il t’est venu dans l’esprit de faire ma fortune. En vérité, il n’est point de reconnaissance que je ne te doive.

Laissons cela, monsieur ; tenez, en un mot, je suis content de vous ; vous m’avez toujours plu ; vous êtes un excellent homme, un homme que j’aime ; et si j’avais bien de l’argent, il serait encore à votre service.

Quand pourrai-je reconnaître tes sentiments pour moi ? Ma fortune serait la tienne ; mais je n’attends rien de notre entreprise, que la honte d’être renvoyé demain.

Eh bien, vous vous en retournerez.

Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu’il y a de mieux, veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances ; et tu crois qu’elle fera quelque attention à moi, que je l’épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ?

Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, monsieur, vous vous moquez ; il n’y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible. Il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de madame.

Quelle chimère !

Oui, je le soutiens ; vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise.

Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois.

Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins.

Et tu me dis qu’elle est extrêmement raisonnable.

Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant ; vous m’en direz des nouvelles. Vous l’avez vue et vous l’aimez ?

Je l’aime avec passion ; et c’est ce qui fait que je tremble.

Oh ! vous m’impatientez avec vos terreurs. Eh ! que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m’en charge, je le veux ; je l’ai mis là. Nous sommes convenus de toutes nos actions, toutes nos mesures sont prises ; je connais l’humeur de ma maîtresse ; je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis ; et on vous aimera, toute raisonnable qu’on est ; on vous épousera, toute fière qu’on est ; et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes ; entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître ; et il parlera. Adieu ; je vous quitte ; j’entends quelqu’un, c’est peut-être M. Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons.  (Il fait quelques pas, et revient.)  À propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L’amour et moi, nous ferons le reste.

MONSIEUR REMY, DORANTE.

Monsieur Remy.

Bonjour, mon neveu ; je suis bien aise de vous voir exact. Mademoiselle Marton va venir : on est allé l’avertir. La connaissez-vous ?

Non, monsieur ; pourquoi me le demandez-vous ?

C’est qu’en venant ici, j’ai rêvé à une chose… Elle est jolie, au moins.

Je le crois.

Et de fort bonne famille ; c’est moi qui ai succédé à son père ; il était fort ami du vôtre, homme un peu dérangé ; sa fille est restée sans bien. La dame d’ici a voulu l’avoir ; elle l’aime, la traite bien moins en suivante qu’en amie, lui a fait beaucoup de bien, lui en fera encore, et a offert même de la marier. Marton a d’ailleurs une vieille parente asthmatique dont elle hérite, et qui est à son aise. Vous allez être tous deux dans la même maison ; je suis d’avis que vous l’épousiez ; qu’en dites-vous ?

Eh !… mais je ne pensais pas à elle.

Eh bien, je vous avertis d’y penser ; tâchez de lui plaire. Vous n’avez rien, mon neveu ; je dis rien qu’un peu d’espérance. Vous êtes mon héritier ; mais je me porte bien, et je ferai durer cela le plus longtemps que je pourrai. Sans compter que je puis me marier ; je n’en ai point d’envie, mais cette envie-là vient tout d’un coup ; il y a tant de minois qui vous la donnent : avec une femme on a des enfants, c’est la coutume ; auquel cas, serviteur au collatéral. Ainsi, mon neveu, prenez toujours vos petites précautions, et vous mettez en état de vous passer de mon bien, que je vous destine aujourd’hui, et que je vous ôterai demain peut-être.

Vous avez raison, monsieur ; et c’est aussi à quoi je vais travailler.

Je vous y exhorte. Voici mademoiselle Marton ; éloignez-vous de deux pas pour me donner le temps de lui demander comment elle vous trouve.

(Dorante s’écarte un peu.)

MONSIEUR REMY, MARTON, DORANTE.

Je suis fâchée, monsieur, de vous avoir fait attendre ; mais j’avais affaire chez madame.

Il n’y a pas grand mal, mademoiselle ; j’arrive. Que pensez-vous de ce grand garçon-là ?  (Montrant Dorante.)

Marton , riant.

Eh ! par quelle raison, monsieur Remy, faut-il que je vous le dise ?

C’est qu’il est mon neveu.

Eh bien ! Ce neveu-là est bon à montrer ; il ne dépare point la famille.

Tout de bon ? C’est de lui dont j’ai parlé à madame pour intendant, et je suis charmé qu’il vous revienne. Il vous a déjà vue plus d’une fois chez moi quand vous y êtes venue ; vous en souvenez-vous ?

Non je n’en ai point d’idée.

On ne prend pas garde à tout. Savez-vous ce qu’il me dit la première fois qu’il vous vit ? « Quelle est cette jolie fille-là ? »  (Marton sourit.)  Approchez, mon neveu. Mademoiselle, votre père et le sien s’aimaient beaucoup ; pourquoi les enfants ne s’aimeraient-ils pas ? En voilà un qui ne demande pas mieux : c’est un cœur qui se présente bien.

Dorante , embarrassé.

Il n’y a rien là de difficile à croire.

Voyez comme il vous regarde ! vous ne feriez pas là une si mauvaise emplette.

J’en suis persuadée, monsieur prévient en sa faveur, et il faudra voir.

Bon, bon ! Il faudra ! Je ne m’en irai point que cela ne soit vu.

Je craindrais d’aller trop vite.

Vous importunez mademoiselle, monsieur.

Je n’ai pourtant pas l’air si indocile.

Monsieur Remy , joyeux.

Ah ! je suis content : vous voilà d’accord. Oh ! çà, mes enfants  (il leur prend les mains à tous deux) , je vous fiance, en attendant mieux. Je ne saurais rester ; je reviendrai tantôt. Je vous laisse le soin de présenter votre futur à madame. Adieu, ma nièce.

Adieu donc, mon oncle.

MARTON, DORANTE.

En vérité, tout ceci a l’air d’un songe. Comme M. Remy expédie ! Votre amour me paraît bien prompt ; sera-t-il aussi durable ?

Autant l’un que l’autre, mademoiselle.

Il s’est trop hâté de partir. J’entends madame qui vient, et comme, grâce aux arrangements de M. Remy, vos intérêts sont presque les miens, ayez la bonté d’aller un moment sur la terrasse, afin que je la prévienne.

Volontiers, mademoiselle.

Marton , en le voyant sortir.

J’admire le penchant dont on se prend tout d’un coup l’un pour l’autre.

ARAMINTE, MARTON.

Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse ? Est-ce à vous qu’il en veut ?

Non, madame, c’est à vous-même.

Araminte , d’un air assez vif.

Eh bien, qu’on le fasse venir ; pourquoi s’en va-t-il ?

C’est qu’il a souhaité que je vous parlasse auparavant. C’est le neveu de M. Remy, celui qu’il vous a proposé pour homme d’affaires.

Ah ! c’est là lui ! Il a vraiment très bonne façon.

Il est généralement estimé ; je le sais.

Je n’ai pas de peine à le croire ; il a tout l’air de le mériter. Mais, Marton, il a si bonne mine pour un intendant, que je me fais quelque scrupule de le prendre ; n’en dira-t-on rien ?

Et que voulez-vous qu’on dise ? Est-on obligé de n’avoir que des intendants mal faits ?

Tu as raison. Dis-lui qu’il revienne. Il n’était pas nécessaire de me préparer à le recevoir. Dès que c’est M. Remy qui me le donne, c’en est assez ; je le prends.

Marton , comme s’en allant.

Vous ne sauriez mieux choisir.  (Puis revenant.)  Êtes-vous convenue du parti que vous lui faites ? M. Remy m’a chargée de vous en parler.

Cela est inutile. Il n’y aura point de dispute là-dessus. Dès que c’est un honnête homme, il aura lieu d’être content. Appelez-le.

Marton , hésitant de partir.

On lui laissera ce petit appartement qui donne sur le jardin, n’est-ce pas ?

Oui, comme il voudra ; qu’il vienne.

(Marton va dans la coulisse.)

DORANTE, ARAMINTE, MARTON.

Monsieur Dorante, madame vous attend.

Venez, monsieur ; je suis obligée à M. Remy d’avoir songé à moi. Puisqu’il me donne son neveu, je ne doute pas que ce ne soit un présent qu’il me fasse. Un de mes amis me parla avant-hier d’un intendant qu’il doit m’envoyer aujourd’hui ; mais je m’en tiens à vous.

J’espère, madame, que mon zèle justifiera la préférence dont vous m’honorez, et que je vous supplie de me conserver. Rien ne m’affligerait tant à présent que de la perdre.

Madame n’a pas deux paroles.

Non, monsieur ; c’est une affaire terminée, je renverrai tout. Vous êtes au fait des affaires apparemment ? vous y avez travaillé ?

Oui, madame ; mon père était avocat, et je pourrais l’être moi-même.

C’est-à-dire que vous êtes un homme de très bonne famille, et même au-dessus du parti que vous prenez.

Je ne sens rien qui m’humilie dans le parti que je prends, madame ; l’honneur de servir une dame comme vous n’est au-dessous de qui que ce soit, et je n’envierai la condition de personne.

Mes façons ne vous feront point changer de sentiment. Vous trouverez ici tous les égards que vous méritez ; et si, dans la suite, il y avait occasion de vous rendre service, je ne la manquerai point.

Voilà madame ; je la reconnais.

Il est vrai que je suis toujours fâchée de voir d’honnêtes gens sans fortune, tandis qu’une infinité de gens de rien, et sans mérite, en ont une éclatante. C’est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son âge ; car vous n’avez que trente ans, tout au plus ?

Pas tout à fait encore, madame.

Ce qu’il y a de consolant pour vous, c’est que vous avez le temps de devenir heureux.

Je commence à l’être d’aujourd’hui, madame.

On vous montrera l’appartement que je vous destine. S’il ne vous convient pas, il y en a d’autres, et vous choisirez. Il faut aussi quelqu’un qui vous serve, et c’est à quoi je vais pourvoir. Qui lui donnerons-nous, Marton ?

Il n’y a qu’à prendre Arlequin, madame. Je le vois à l’entrée de la salle et je vais l’appeler. Arlequin, parlez à madame.

ARAMINTE, DORANTE, MARTON, ARLEQUIN.

Me voilà, madame.

Arlequin, vous êtes à présent à monsieur ; vous le servirez ; je vous donne à lui.

Comment, madame, vous me donnez à lui ! Est-ce que je ne serai plus à moi ? Ma personne ne m’appartiendra donc plus ?

Quel benêt !

J’entends qu’au lieu de me servir, ce sera lui que tu serviras.

Arlequin , comme pleurant.

Je ne sais pas pourquoi madame me donne mon congé ; je n’ai pas mérité ce traitement : je l’ai toujours servie à faire plaisir.

Je ne te donne point ton congé ; je te payerai pour être à Monsieur.

Je représente à madame que cela ne serait pas juste ; je ne donnerai pas ma peine d’un côté, pendant que l’argent me viendra d’un autre. Il faut que vous ayez mon service, puisque j’aurai vos gages ; autrement je friponnerais madame.

Je désespère de lui faire entendre raison.

Tu es bien sot ! quand je t’envoie quelque part, ou que je te dis : « Fais telle ou telle chose », n’obéis-tu pas ?

Eh bien, ce sera monsieur qui te le dira comme moi, et ce sera à la place de madame et par son ordre.

Ah ! c’est une autre affaire. C’est madame qui donnera ordre à monsieur de souffrir mon service, que je lui prêterai par le commandement de madame.

Voilà ce que c’est.

Vous voyez bien que cela méritait explication.

Un Domestique.

Voici votre marchande qui vous apporte des étoffes, madame.

Je vais les voir et je reviendrai. Monsieur, j’ai à vous parler d’une affaire ; ne vous éloignez pas.

DORANTE, MARTON, ARLEQUIN.

Oh çà, monsieur, nous sommes donc l’un à l’autre, et vous avez le pas sur moi ? Je serai le valet qui sert ; et vous le valet qui serez servi par ordre.

Ce faquin avec ses comparaisons ! Va-t’en.

Un moment ; avec votre permission, monsieur, ne payerez-vous rien ? Vous a-t-on donné ordre d’être servi gratis ?

(Dorante rit.)

Allons, laisse-nous. Madame te payera ; n’est-ce pas assez ?

Pardi ! monsieur, je ne vous coûterai donc guère ? On ne saurait avoir un valet à meilleur marché.

Arlequin a raison. Tiens, voilà d’avance ce que je te donne.

Ah ! voilà une action de maître. À votre aise le reste.

Va boire à ma santé.

Arlequin , s’en allant.

Oh ! s’il ne faut que boire afin qu’elle soit bonne, tant que je vivrai, je vous la promets excellente.  (À part.)  Le gracieux camarade qui m’est venu là par hasard !

DORANTE, MARTON, MADAME ARGANTE, qui arrive un instant après.

Vous avez lieu d’être satisfait de l’accueil de madame ; elle paraît faire cas de vous, et tant mieux, nous n’y perdrons point. Mais voici madame Argante ; je vous avertis que c’est sa mère, et je devine à peu près ce qui l’amène.

Madame Argante.

Eh bien, Marton, ma fille a un nouvel intendant que son procureur lui a donné, m’a-t-elle dit. J’en suis fâchée ; cela n’est point obligeant pour monsieur le comte, qui lui en avait retenu un. Du moins devait-elle attendre et les voir tous deux. D’où vient préférer celui-ci ? Quelle espèce d’homme est-ce ?

C’est monsieur, madame.

Eh ? c’est monsieur ! Je ne m’en serais pas doutée ; il est bien jeune.

À trente ans on est en âge d’être intendant de maison, madame.

C’est selon. Êtes-vous arrêté, monsieur ?

Oui, madame.

Et de chez qui sortez-vous ?

De chez moi, madame ; je n’ai encore été chez personne.

De chez vous ! Vous allez donc faire ici votre apprentissage ?

Point du tout. Monsieur entend les affaires ; il est fils d’un père extrêmement habile.

Madame Argante , à Marton, à part.

Je n’ai pas grande opinion de cet homme-là. Est-ce là la figure d’un intendant ? Il n’en a non plus l’air…

Marton , à part.

L’air n’y fait rien.  (Haut.)  Je vous réponds de lui ; c’est l’homme qu’il nous faut.

Pourvu que monsieur ne s’écarte pas des intentions que nous avons, il me sera indifférent que ce soit lui ou un autre.

Peut-on savoir ces intentions, madame ?

Connaissez-vous M. le comte Dorimont ? C’est un homme d’un beau nom. Ma fille et lui allaient avoir un procès ensemble au sujet d’une terre considérable. Il ne s’agissait pas moins que de savoir à qui elle resterait ; et on a songé à les marier pour empêcher qu’ils ne plaident. Ma fille est veuve d’un homme qui était fort considéré dans le monde, et qui l’a laissée fort riche. Madame la comtesse Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d’une si grande distinction, qu’il me tarde de voir ce mariage conclu ; et, je l’avoue, je serai charmée moi-même d’être la mère de madame la comtesse Dorimont, et de plus que cela peut-être ; car M. le comte Dorimont est en passe d’aller à tout.

Les paroles sont-elles données de part et d’autre ?

Pas tout à fait encore, mais à peu près ; ma fille n’en est pas éloignée. Elle souhaiterait seulement être bien instruite de l’état de l’affaire et savoir si elle n’a pas meilleur droit que monsieur le comte, afin que, si elle l’épouse, il lui en ait plus d’obligation. Mais j’ai quelquefois peur que ce ne soit une défaite. Ma fille n’a qu’un défaut ; c’est que je ne lui trouve pas assez d’élévation. Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez ; elle ne sent pas le désagrément qu’il y a de n’être qu’une bourgeoise. Elle s’endort dans cet état, malgré le bien qu’elle a.

Dorante , doucement.

Peut-être n’en sera-t-elle pas plus heureuse, si elle en sort.

Madame Argante , vivement.

Il ne s’agit pas de ce que vous pensez. Gardez votre petite réflexion roturière ; et servez-nous, si vous voulez être de nos amis.

C’est un petit trait de morale qui ne gâte rien à notre affaire !

Morale subalterne qui me déplaît.

De quoi est-il question, madame ?

De dire à ma fille, quand vous aurez vu ses papiers, que son droit est le moins bon ; que si elle plaidait, elle perdrait.

Si effectivement son droit est le plus faible, je ne manquerai pas de l’en avertir, madame.

Hum ! quel esprit borné !  (À Dorante.)  Vous n’y êtes point ; ce n’est pas là ce qu’on vous dit ; on vous charge de lui parler ainsi, indépendamment de son droit bien ou mal fondé.

Mais, madame, il n’y aurait point de probité à la tromper.

De probité ! J’en manque donc, moi ? Quel raisonnement ! C’est moi qui suis sa mère, et qui vous ordonne de la tromper à son avantage, entendez-vous ? c’est moi, moi.

Il y aura toujours de la mauvaise foi de ma part.

C’est un ignorant que cela, qu’il faut renvoyer. Adieu, monsieur l’homme d’affaires, qui n’avez fait celles de personne.

(Elle sort.)

DORANTE, MARTON.

Cette mère-là ne ressemble guère à sa fille.

Oui, il y a quelque différence ; et je suis fâchée de n’avoir pas eu le temps de vous prévenir sur son humeur brusque. Elle est extrêmement entêtée de ce mariage, comme vous voyez. Au surplus, que vous importe ce que vous direz à la fille ? Vous n’aurez rien à vous reprocher, ce me semble. Ce ne sera pas là une tromperie.

Eh ! vous m’excuserez ; ce sera toujours l’engager à prendre un parti qu’elle ne prendrait peut-être pas sans cela. Puisque l’on veut que j’aide à l’y déterminer, elle y résiste donc ?

C’est par indolence.

Croyez-moi ; disons la vérité.

Oh çà, il y a une petite raison à laquelle vous devez vous rendre ; c’est que monsieur le comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat ; et cet argent-là, suivant le projet de M. Remy, vous regarde aussi bien que moi, comme vous voyez.

Tenez, mademoiselle Marton, vous êtes la plus aimable fille du monde, mais ce n’est que faute de réflexion que ces mille écus vous tentent.

Au contraire, c’est par réflexion qu’ils me tentent ; plus j’y rêve, et plus je les trouve bons.

Mais vous aimez votre maîtresse ; et si elle n’était pas heureuse avec cet homme-là, ne vous reprocheriez-vous pas d’y avoir contribué pour une si misérable somme ?

Ma foi, vous avez beau dire ; d’ailleurs, le comte est un honnête homme et je n’y entends point de finesse. Voilà madame qui revient, elle a à vous parler. Je me retire. Méditez sur cette somme ; vous la goûterez aussi bien que moi.

Je ne suis pas si fâché de la tromper.

ARAMINTE, DORANTE.

Vous avez donc vu ma mère ?

Oui, madame ; il n’y a qu’un moment.

Elle me l’a dit, et voudrait bien que j’en eusse pris un autre que vous.

Il me l’a paru.

Oui ; mais ne vous embarrassez point ; vous me convenez.

Je n’ai point d’autre ambition.

Parlons de ce que j’ai à vous dire ; mais que ceci soit secret entre nous, je vous prie.

Je me trahirais plutôt moi-même.

Je n’hésite point non plus à vous donner ma confiance. Voici ce que c’est : on veut me marier avec M. le comte Dorimont pour éviter un grand procès que nous aurions ensemble au sujet d’une terre que je possède.

Je le sais, madame ; et j’ai le malheur d’avoir déplu tout à l’heure là-dessus à madame Argante.

Eh ! d’où vient ?

C’est que si, dans votre procès, vous avez le bon droit de votre côté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage ; et j’ai prié qu’on m’en dispensât.

Que ma mère est frivole ! Votre fidélité ne me surprend point ; j’y comptais. Faites toujours de même, et ne vous choquez point de ce que ma mère vous a dit. Je la désapprouve. A-t-elle tenu quelque discours désagréable ?

Il n’importe, madame ; mon zèle et mon attachement en augmentent ; voilà tout.

Et voilà pourquoi aussi je ne veux pas qu’on vous chagrine, et j’y mettrai bon ordre. Qu’est-ce que cela signifie ? Je me fâcherai, si cela continue. Comment donc ! vous ne seriez pas en repos ! On aura de mauvais procédés avec vous, parce que vous en avez d’estimables ; cela serait plaisant !

Madame, par toute la reconnaissance que je vous dois, n’y prenez point garde. Je suis confus de vos bontés, et je suis trop heureux d’avoir été querellé.

Je loue vos sentiments. Revenons à ce procès dont il est question, si je n’épouse point monsieur le comte.

DORANTE, ARAMINTE, DUBOIS.

Madame la Marquise se porte mieux, madame  (Il feint de voir Dorante avec surprise) , et vous est fort obligée… fort obligée de votre attention.  (Dorante feint de détourner la tête, pour se cacher de Dubois.)

Voilà qui est bien.

Dubois , regardant toujours Dorante.

Madame, on m’a chargé aussi de vous dire un mot qui presse.

De quoi s’agit-il ?

Il m’est recommandé de ne vous parler qu’en particulier.

Araminte , à Dorante.

Je n’ai point achevé ce que je voulais vous dire. Laissez-moi, je vous prie, un moment ; et revenez.

ARAMINTE, DUBOIS.

Qu’est-ce que c’est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? D’où vient cette attention à le regarder ?

Ce n’est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l’honneur de servir madame, et qu’il faut que je lui demande mon congé.

Araminte , surprise.

Quoi ! seulement pour avoir vu Dorante ici ?

Savez-vous à qui vous avez affaire ?

Au neveu de M. Remy, mon procureur.

Eh ! par quel tour d’adresse est-il connu de madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu’ici ?

C’est M. Remy qui me l’a envoyé pour intendant.

Lui, votre intendant ! Et c’est M. Remy qui vous l’envoie ? Hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c’est un démon que ce garçon-là.

Mais, que signifient tes exclamations ? Explique-toi ; est-ce que tu le connais ?

Si je le connais, madame ! si je le connais ! Ah ! vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N’avez-vous pas vu comme il se détournait, de peur que je ne le visse ?

Il est vrai, et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n’est pas un honnête homme ?

Lui ! Il n’y a point de plus brave homme dans toute la terre, il a peut-être plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c’est une probité merveilleuse ; il n’a peut-être pas son pareil.

Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D’où vient que tu m’alarmes ? En vérité, j’en suis toute émue.

Son défaut, c’est là.  (Il se touche le front.)  C’est à la tête que le mal le tient.

À la tête ?

Oui ; il est timbré, mais timbré comme cent.

Dorante ! il m’a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?

Quelle preuve ? Il y a six mois qu’il est tombé fou, qu’il en a la cervelle brûlée, qu’il en est comme un perdu. Je dois bien le savoir, car j’étais à lui, je le servais ; et c’est ce qui m’a obligé de le quitter ; et c’est ce qui me force de m’en aller encore : ôtez cela, c’est un homme incomparable.

Araminte , un peu boudant.

Oh bien ! il fera ce qu’il voudra ; mais je ne le garderai pas. On a bien affaire d’un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n’en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies !…

Ah ! vous m’excuserez. Pour ce qui est de l’objet, il n’y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût.

N’importe ; je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?

J’ai l’honneur de la voir tous les jours ; c’est vous, madame.

Moi, dis-tu ?

Il vous adore ; il y a six mois qu’il n’en vit point, qu’il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de vous contempler un instant. Vous avez dû voir qu’il a l’air enchanté, quand il vous parle.

Il y a bien, en effet, quelque petite chose qui m’a paru extraordinaire. Eh ! juste ciel ! le pauvre garçon, de quoi s’avise-t-il ?

Vous ne croiriez pas jusqu’où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge. Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n’est pas riche ; et vous saurez qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser des femmes qui l’étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune, et qui auraient mérité qu’on la leur fît à elles-mêmes. Il y en a une qui n’en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours. Je le sais, car je l’ai rencontrée.

Araminte , avec négligence.

Actuellement ?

Oui, madame, actuellement ; une grande brune très piquante, et qu’il fuit. Il n’y a pas moyen ; monsieur refuse tout. « Je les tromperais, me disait-il ; je ne puis les aimer, mon cœur est parti. » Ce qu’il disait quelquefois la larme à l’œil ; car il sent bien son tort.

Cela est fâcheux ; mais où m’a-t-il vue avant de venir chez moi, Dubois ?

Hélas ! madame, ce fut un jour que vous sortîtes de l’Opéra, qu’il perdit la raison. C’était un vendredi, je m’en ressouviens ; oui, un vendredi ; il vous vit descendre l’escalier, à ce qu’il me raconta, et vous suivit jusqu’à votre carrosse. Il avait demandé votre nom, et je le trouvai qui était comme extasié ; il ne remuait plus.

Quelle aventure !

J’eus beau lui crier : « Monsieur ! » Point de nouvelles, il n’y avait personne au logis. À la fin, pourtant, il revint à lui avec un air égaré ; je le jetai dans une voiture, et nous retournâmes à la maison. J’espérais que cela se passerait ; car je l’aimais : c’est le meilleur maître ! Point du tout, il n’y avait plus de ressource. Ce bon sens, cet esprit jovial, cette humeur charmante, vous aviez tout expédié ; et dès le lendemain nous ne fîmes plus tous deux, lui, que rêver à vous, que vous aimer ; moi, qu’épier depuis le matin jusqu’au soir où vous alliez.

Tu m’étonnes à un point !…

Je me fis même ami d’un de vos gens qui n’y est plus, un garçon fort exact, qui m’instruisait, et à qui je payais bouteille. « C’est à la Comédie qu’on va », me disait-il ; et je courais faire mon rapport, sur lequel, dès quatre heures, mon homme était à la porte. C’est chez madame celle-ci, c’est chez madame celle-là ; et, sur cet avis, nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir madame entrer et sortir, lui dans un fiacre, et moi derrière, tous deux morfondus et gelés, car c’était dans l’hiver ; lui ne s’en souciant guère, moi jurant par-ci par-là pour me soulager.

Est-il possible ?

Oui, madame. À la fin, ce train de vie m’ennuya ; ma santé s’altérait, la sienne aussi. Je lui fis accroire que vous étiez à la campagne ; il le crut, et j’eus quelque repos. Mais n’alla-t-il pas, deux jours après, vous rencontrer aux Tuileries, où il avait été s’attrister de votre absence ! Au retour, il était furieux ; il voulut me battre, tout bon qu’il est ; moi, je ne le voulus point, et je le quittai. Mon bonheur ensuite m’a mis chez madame, où, à force de se démener, je le trouve parvenu à votre intendance ; ce qu’il ne troquerait pas contre la place de l’empereur.

Y a-t-il rien de si particulier ? Je suis si lasse d’avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l’avoir parce qu’il a de la probité. Ce n’est pas que je sois fâchée ; car je suis bien au-dessus de cela.

Il y aura de la bonté à le renvoyer. Plus il voit madame, plus il s’achève.

Vraiment, je le renverrais bien ; mais ce n’est pas là ce qui le guérira. Je ne sais que dire à M. Remy qui me l’a recommandé, et ceci m’embarrasse. Je ne vois pas trop comment m’en défaire honnêtement.

Oui ; mais vous ferez un incurable, madame.

Araminte , vivement.

Oh ! tant pis pour lui ; je suis dans des circonstances où je ne saurais me passer d’un intendant. Et puis, il n’y a pas tant de risque que tu le crois. Au contraire, s’il y avait quelque chose qui pût ramener cet homme, c’est l’habitude de me voir plus qu’il n’a fait ; ce serait même un service à lui rendre.

Oui ; c’est un remède bien innocent. Premièrement, il ne vous dira mot ; jamais vous n’entendrez parler de son amour.

En es-tu bien sûr ?

Oh ! il ne faut pas en avoir peur ; il mourrait plutôt. Il a un respect, une adoration, une humilité pour vous, qui n’est pas concevable. Est-ce que vous croyez qu’il songe à être aimé ? Nullement. Il dit que dans l’univers il n’y a personne qui le mérite ; il ne veut que vous voir, vous considérer, regarder vos yeux, vos grâces, votre belle taille ; et puis c’est tout. Il me l’a dit mille fois.

Araminte , haussant les épaules.

Voilà qui est bien digne de compassion ! Allons, je patienterai quelques jours, en attendant que j’en aie un autre. Au surplus, ne crains rien ; je suis contente de toi. Je récompenserai ton zèle et je ne veux pas que tu me quittes, entends-tu, Dubois ?

Madame, je vous suis dévoué pour la vie.

J’aurai soin de toi. Surtout qu’il ne sache pas que je suis instruite ; garde un profond secret ; et que tout le monde, jusqu’à Marton, ignore ce que tu m’as dit. Ce sont de ces choses qui ne doivent jamais percer.

Je n’en ai jamais parlé qu’à madame.

Le voici qui revient ; va-t’en.

DORANTE, ARAMINTE.

Araminte , un moment seule.

La vérité est que voici une confidence dont je me serais bien passée moi-même.

Madame, je me rends à vos ordres.

Oui, monsieur ; de quoi vous parlais-je ? Je l’ai oublié.

D’un procès avec M. le comte Dorimont.

Je me remets ; je vous disais qu’on veut nous marier.

Oui, madame ; et vous alliez, je crois, ajouter que vous n’étiez pas portée à ce mariage.

Il est vrai. J’avais envie de vous charger d’examiner l’affaire afin de savoir si je ne risquerais rien à plaider ; mais je crois devoir vous dispenser de ce travail ; je ne suis pas sûre de pouvoir vous garder.

Ah ! madame, vous avez eu la bonté de me rassurer là-dessus.

Oui ; je ne faisais pas réflexion que j’ai promis à monsieur le comte de prendre un intendant de sa main. Vous voyez bien qu’il ne serait pas honnête de manquer à sa parole, et du moins faut-il que je parle à celui qu’il m’amènera.

Je ne suis pas heureux ; rien ne me réussit, et j’aurai la douleur d’être renvoyé.

Je ne dis pas cela ; il n’y a rien de résolu là-dessus.

Ne me laissez point dans l’incertitude où je suis, madame.

Eh ! mais, oui, je tâcherai que vous restiez ; je tâcherai.

Vous m’ordonnez donc de vous rendre compte de l’affaire en question ?

Attendons ; si j’allais épouser le Comte, vous auriez pris une peine inutile.

Je croyais avoir entendu dire à madame qu’elle n’avait point de penchant pour lui.

Pas encore.

Et d’ailleurs, votre situation est si tranquille et si douce !

Araminte , à part.

Je n’ai pas le courage de l’affliger !… Eh bien, oui-da, examinez toujours, examinez. J’ai des papiers dans mon cabinet, je vais les chercher. Vous viendrez les prendre, et je vous les donnerai.  (En s’en allant.)  Je n’oserais presque le regarder.

DORANTE, DUBOIS, venant d’un air mystérieux et comme passant.

Marton vous cherche pour vous montrer l’appartement qu’on vous destine. Arlequin est allé boire. J’ai dit que j’allais vous avertir. Comment vous traite-t-on ?

Qu’elle est aimable ! Je suis enchanté ! De quelle façon a-t-elle reçu ce que tu lui as dit ?

Dubois , comme en fuyant.

Elle opine tout doucement à vous garder par compassion ; elle espère vous guérir par l’habitude de la voir.

Dorante , charmé.

Sincèrement ?

Elle n’en réchappera point ; c’est autant de pris. Je m’en retourne.

Reste, au contraire. Je crois que voici Marton. Dis-lui que madame m’attend pour me remettre des papiers, et que j’irai la trouver dès que je les aurai.

Partez ; aussi bien ai-je un petit avis à donner à Marton. Il est bon de jeter dans tous les esprits les soupçons dont nous avons besoin.

DUBOIS, MARTON.

Où est donc Dorante ? il me semble l’avoir vu avec toi.

Dubois , brusquement.

Il dit que Madame l’attend pour des papiers ; il reviendra ensuite. Au reste, qu’est-il nécessaire qu’il voie cet appartement ? S’il n’en voulait pas, il serait bien délicat. Pardi, je lui conseillerais…

Ce ne sont pas là tes affaires : je suis les ordres de madame.

Madame est bonne et sage ; mais prenez garde, ne trouvez-vous pas que ce petit galant-là fait les yeux doux ?

Il les fait comme il les a.

Je me trompe fort, si je n’ai pas vu la mine de ce freluquet considérer, je ne sais où, celle de madame.

Eh bien, est-ce qu’on te fâche, quand on la trouve belle ?

Non. Mais je me figure quelquefois qu’il n’est venu ici que pour la voir de plus près.

Ah ! ah ! quelle idée ! Va, tu n’y entends rien ; tu t’y connais mal.

Dubois , riant.

Ah ! ah ! je suis donc bien sot !

Marton , riant en s’en allant.

Ah ! ah ! l’original avec ses observations !

Dubois , seul.

Allez, allez, prenez toujours. J’aurai soin de vous les faire trouver meilleures. Allons faire jouer toutes nos batteries.

Non, madame, vous ne risquez rien ; vous pouvez plaider en toute sûreté. J’ai même consulté plusieurs personnes, l’affaire est excellente ; et si vous n’avez que le motif dont vous parlez pour épouser monsieur le comte, rien ne vous oblige à ce mariage.

Je l’affligerai beaucoup, et j’ai de la peine à m’y résoudre.

Il ne serait pas juste de vous sacrifier à la crainte de l’affliger.

Mais avez-vous bien examiné ? Vous me disiez tantôt que mon état était doux et tranquille. N’aimeriez-vous pas mieux que j’y restasse ? N’êtes-vous pas un peu trop prévenu contre le mariage, et par conséquent contre monsieur le comte ?

Madame, j’aime mieux vos intérêts que les siens, et que ceux de qui que ce soit au monde.

Je ne saurais y trouver à redire. En tout cas, si je l’épouse, et qu’il veuille en mettre un autre ici à votre place, vous n’y perdrez point. Je vous promets de vous en trouver une meilleure.

Dorante , tristement.

Non, madame. Si j’ai le malheur de perdre celle-ci, je ne serai plus à personne. Et apparemment que je la perdrai ; je m’y attends.

Je crois pourtant que je plaiderai ; nous verrons.

J’avais encore une petite chose à vous dire, madame. Je viens d’apprendre que le concierge d’une de vos terres est mort. On pourrait y mettre un de vos gens ; et j’ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds.

Non. Envoyez plutôt votre homme au château, et laissez-moi Dubois ; c’est un garçon de confiance, qui me sert bien et que je veux garder. À propos, il m’a dit, ce me semble, qu’il avait été à vous quelque temps ?

Dorante , feignant un peu d’embarras.

Il est vrai, madame : il est fidèle, mais peu exact. Rarement, au reste, ces gens-là parlent-ils bien de ceux qu’ils ont servis. Ne me nuirait-il point dans votre esprit ?

Araminte , négligemment.

Celui-ci dit beaucoup de bien de vous, et voilà tout. Que veut M. Remy ?

ARAMINTE, DORANTE, MONSIEUR REMY.

Madame, je suis votre très humble serviteur. Je viens vous remercier de la bonté que vous avez eue de prendre mon neveu à ma recommandation.

Je n’ai pas hésité, comme vous l’avez vu.

Je vous rends mille grâces. Ne m’aviez-vous pas dit qu’on vous en offrait un autre ?

Oui, monsieur.

Tant mieux ; car je viens vous demander celui-ci pour une affaire d’importance.

Dorante , d’un air de refus.

Et d’où vient, monsieur ?

Patience !

Mais, monsieur Remy, ceci est un peu vif. Vous prenez assez mal votre temps ; et j’ai refusé l’autre personne.

Pour moi je ne sortirai jamais de chez madame, qu’elle ne me congédie.

Monsieur Remy , brusquement.

Vous ne savez ce que vous dites. Il faut pourtant sortir ; vous allez voir. Tenez, madame, jugez-en vous-même ; voici de quoi il est question. C’est une dame de trente-cinq ans, qu’on dit jolie femme, estimable, et de quelque distinction, qui ne déclare pas son nom ; qui dit que j’ai été son procureur ; qui a quinze mille livres de rente pour le moins, ce qu’elle prouvera ; qui a vu monsieur chez moi, qui lui a parlé, qui sait qu’il n’a point de bien, et qui offre de l’épouser sans délai. Et la personne qui est venue chez moi de sa part doit revenir tantôt pour savoir la réponse, et vous mener tout de suite chez elle. Cela est-il net ? Y a-t-il à consulter là-dessus ? Dans deux heures il faut être au logis. Ai-je tort, madame ?

Araminte , froidement.

C’est à lui de répondre.

Eh bien ! À quoi pense-t-il donc ? Viendrez-vous ?

Non, monsieur ; je ne suis pas dans cette disposition-là.

Hum ! Quoi ? Entendez-vous ce que je vous dis, qu’elle a quinze mille livres de rente ? entendez-vous ?

Oui, monsieur ; mais en eût-elle vingt fois davantage, je ne l’épouserais pas. Nous ne serions heureux ni l’un ni l’autre ; j’ai le cœur pris ; j’aime ailleurs.

Monsieur Remy , d’un ton railleur, et traînant ses mots.

J’ai le cœur pris ! voilà qui est fâcheux ! Ah ! ah ! le cœur est admirable ! Je n’aurais jamais deviné la beauté des scrupules de ce cœur-là, qui veut qu’on reste intendant de la maison d’autrui pendant qu’on peut l’être de la sienne ! Est-ce là votre dernier mot, berger fidèle ?

Je ne saurais changer de sentiment, monsieur.

Oh ! le sot cœur, mon neveu ! Vous êtes un imbécile, un insensé ; et je tiens celle que vous aimez pour une guenon, si elle n’est pas de mon sentiment. N’est-il pas vrai, madame ? et ne le trouvez-vous pas extravagant ?

Araminte , doucement.

Ne le querellez point. Il paraît avoir tort, j’en conviens.

Monsieur Remy , vivement.

Comment, madame ! il paraît…

Dans sa façon de penser je l’excuse. Voyez pourtant, Dorante, tâchez de vaincre votre penchant, si vous le pouvez. Je sais bien que cela est difficile.

Il n’y a pas moyen, madame, mon amour m’est plus cher que ma vie.

Monsieur Remy , d’un air étonné.

Ceux qui aiment les beaux sentiments doivent être contents. En voilà un des plus curieux qui se fassent. Vous trouverez donc cela raisonnable, madame ?

Je vous laisse, parlez-lui vous-même.}}  (À part.)  Il me touche tant, qu’il faut que je m’en aille !  (Elle sort.)

Dorante , à part.

Il ne croit pas si bien me servir.

DORANTE, MONSIEUR REMY, MARTON.

Monsieur Remy , regardant son neveu.

Dorante, sais-tu bien qu’il n’y a pas de fou aux Petites-Maisons de ta force ?  (Marton arrive.)  Venez, mademoiselle Marton.

Je viens d’apprendre que vous étiez ici.

Dites-nous un peu votre sentiment ; que pensez-vous de quelqu’un qui n’a point de bien, et qui refuse d’épouser une honnête et fort jolie femme, avec quinze mille livres de rente bien venant ?

Votre question est bien aisée à décider. Ce quelqu’un rêve.

Monsieur Remy , montrant Dorante.

Voilà le rêveur ; et, pour excuse, il allègue son cœur que vous avez pris ; mais comme apparemment il n’a pas encore emporté le vôtre, et que je vous crois encore à peu près dans tout votre bon sens, vu le peu de temps qu’il y a que vous le connaissez, je vous prie de m’aider à le rendre plus sage. Assurément vous êtes fort jolie ; mais vous ne le disputerez point à un pareil établissement ; il n’y a point de beaux yeux qui vaillent ce prix-là.

Quoi ! monsieur Remy, c’est de Dorante que vous parlez ? C’est pour se garder à moi qu’il refuse d’être riche ?

Tout juste, et vous êtes trop généreuse pour le souffrir.

Marton , avec un air de passion.

Vous vous trompez, monsieur ; je l’aime trop moi-même pour l’en empêcher et je suis enchantée. Oh ! Dorante, que je vous estime ! Je n’aurais pas cru que vous m’aimassiez tant.

Courage ! je ne fais que vous le montrer, et vous en êtes déjà coiffée ! Pardi, le cœur d’une femme est bien étonnant ! le feu y prend bien vite.

Marton , comme chagrine.

Eh ! monsieur, faut-il tant de bien pour être heureux ? Madame, qui a de la bonté pour moi, suppléera en partie par sa générosité à ce qu’il me sacrifie. Que je vous ai d’obligation, Dorante !

Oh ! non, mademoiselle, aucune. Vous n’avez point de gré à me savoir de ce que je fais ; je me livre à mes sentiments, et ne regarde que moi là-dedans. Vous ne me devez rien ; je ne pense pas à votre reconnaissance.

Vous me charmez : que de délicatesse ! Il n’y a encore rien de si tendre que ce que vous me dites.

Par ma foi ! je ne m’y connais donc guère ; car je le trouve bien plat.  (À Marton.)  Adieu, la belle enfant ; je ne vous aurais, ma foi, pas évaluée ce qu’il vous achète. Serviteur, idiot ; garde ta tendresse, et moi ma succession.  (Il sort.)

Il est en colère, mais nous l’apaiserons.

Je l’espère. Quelqu’un vient.

C’est le comte, celui dont je vous ai parlé, et qui doit épouser madame.

Je vous laisse donc ; il pourrait me parler de son procès : vous savez ce que je vous ai dit là-dessus, et il est inutile que je le voie.

LE COMTE, MARTON.

Bonjour, Marton.

Vous voilà donc revenu, monsieur ?

Oui. On m’a dit qu’Araminte se promenait dans le jardin ; et je viens d’apprendre de sa mère une chose qui me chagrine. Je lui avais retenu un intendant qui devait aujourd’hui entrer chez elle ; et cependant elle en a pris un autre, qui ne plaît point à la mère et dont nous n’avons rien à espérer.

Nous n’en devons rien craindre non plus, monsieur. Allez, ne vous inquiétez point ; c’est un galant homme, et si la mère n’en est pas contente, c’est un peu de sa faute. Elle a débuté tantôt par le brusquer d’une manière si outrée, l’a traité si mal, qu’il n’est pas étonnant qu’elle ne l’ait point gagné. Imaginez-vous qu’elle l’a querellé de ce qu’il était bien fait.

Ne serait-ce point lui que je viens de voir sortir d’avec vous ?

Il a bonne mine, en effet, et n’a pas trop l’air de ce qu’il est.

Pardonnez-moi, monsieur ; car il est honnête homme.

N’y aurait-il pas moyen de raccommoder cela ? Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer, et, pour achever de la résoudre, il ne s’agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. Elle ne voudra pas soutenir l’embarras d’un procès. Parlons à cet intendant. S’il ne faut que de l’argent pour le mettre dans nos intérêts, je ne l’épargnerai pas.

Oh ! non ! ce n’est point un homme à mener par là, c’est le garçon de France le plus désintéressé.

Tant pis ; ces gens-là ne sont bons à rien.

Laissez-moi faire.

LE COMTE, ARLEQUIN, MARTON.

Mademoiselle, voilà un homme qui en demande un autre ; savez-vous qui c’est ?

Marton , brusquement.

Et qui est cet autre ? À quel homme en veut-il ?

Ma foi, je n’en sais rien ; c’est de quoi je m’informe à vous.

Fais-le entrer.

Arlequin , l’appelant dans la coulisse.

Hé ! le garçon ! Venez ici dire votre affaire.  (Il sort.)

LE COMTE, MARTON, LE GARÇON

Qui cherchez-vous ?

Mademoiselle, je cherche un certain monsieur à qui j’ai à rendre un portrait avec une boîte qu’il nous a fait faire. Il nous a dit qu’on ne la remît qu’à lui-même et qu’il viendrait la prendre ; mais comme mon père est obligé de partir demain pour un petit voyage, il m’a envoyé pour la lui rendre, et on m’a dit que je saurais de ses nouvelles ici. Je le connais de vue, mais je ne sais pas son nom.

N’est-ce pas vous, monsieur le comte ?

Je n’ai point affaire à monsieur, mademoiselle ; c’est une autre personne.

Et chez qui vous a-t-on dit que vous le trouveriez ?

Chez un procureur qui s’appelle M. Remy.

Ah ! n’est-ce pas le procureur de madame ? montrez-nous la boîte.

Monsieur, cela m’est défendu. Je n’ai ordre de la donner qu’à celui à qui elle est ; le portrait de la dame est dedans.

Le portrait d’une dame ! Qu’est-ce que cela signifie ? Serait-ce celui d’Araminte ? Je vais tout à l’heure savoir ce qu’il en est.  (Il sort.)

MARTON, LE GARÇON.

Vous avez mal fait de parler de ce portrait devant lui. Je sais qui vous cherchez ; c’est le neveu de M. Remy, de chez qui vous venez.

Je le crois aussi, mademoiselle.

Un grand homme qui s’appelle M. Dorante.

Il me semble que c’est son nom.

Il me l’a dit ; je suis dans sa confidence. Avez-vous remarqué le portrait ?

Non ; je n’ai pas pris garde à qui il ressemble.

Eh bien, c’est de moi qu’il s’agit. M. Dorante n’est pas ici, et ne reviendra pas sitôt. Vous n’avez qu’à me remettre la boîte ; vous le pouvez en toute sûreté ; vous lui feriez même plaisir. Vous voyez que je suis au fait.

C’est ce qui me paraît. La voilà, mademoiselle. Ayez donc, je vous prie, le soin de la lui rendre quand il sera venu.

Oh ! je n’y manquerai pas.

Il y a encore une bagatelle qu’il doit dessus ; mais je tâcherai de repasser tantôt ; et, si il n’y était pas, vous auriez la bonté d’achever de payer.

Sans difficulté. Allez.  (À part.)  Voici Dorante.  (Au garçon.)  Retirez-vous vite.

Marton , un moment seule et joyeuse.

Ce ne peut être que mon portrait. Le charmant homme ! M. Remy avait raison de dire qu’il y avait quelque temps qu’il me connaissait.

Mademoiselle, n’avez-vous pas vu ici quelqu’un qui vient d’arriver ? Arlequin croit que c’est moi qu’il demande.

Marton , le regardant avec tendresse.

Que vous êtes aimable, Dorante ! je serais bien injuste de ne pas vous aimer. Allez, soyez en repos ; l’ouvrier est venu, je lui ai parlé, j’ai la boîte, je la tiens.

Point de mystère ; je la tiens, vous dis-je, et je ne m’en fâche pas. Je vous la rendrai quand je l’aurai vue. Retirez-vous ; voici madame avec sa mère et le comte : c’est peut-être de cela qu’ils s’entretiennent. Laissez-moi les calmer là-dessus, et ne les attendez pas.

Dorante , en s’en allant et riant.

Tout a réussi ; elle prend le change à merveille !

ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON.

Marton, qu’est-ce que c’est qu’un portrait dont monsieur le comte me parle, qu’on vient d’apporter ici à quelqu’un qu’on ne nomme pas, et qu’on soupçonne être le mien ? Instruisez-moi de cette histoire-là.

Marton , d’un air rêveur.

Ce n’est rien, madame ; je vous dirai ce que c’est. Je l’ai démêlé après que monsieur le comte est parti ; il n’a que faire de s’alarmer. Il n’y a rien là qui vous intéresse.

Comment le savez-vous, mademoiselle ? vous n’avez point vu le portrait ?

N’importe ; c’est tout comme si je l’avais vu. Je sais qui il regarde ; n’en soyez point en peine.

Ce qu’il y a de certain, c’est un portrait de femme ; et c’est ici qu’on vient chercher la personne qui l’a fait faire, à qui on doit le rendre ; et ce n’est pas moi.

D’accord. Mais quand je vous dis que madame n’y est pour rien, ni vous non plus.

Eh bien ! si vous êtes instruite, dites-nous donc de quoi il est question ; car je veux le savoir. On a des idées qui ne me plaisent point. Parlez.

Oui ; ceci a un air de mystère qui est désagréable. Il ne faut pourtant pas vous fâcher, ma fille. Monsieur le comte vous aime, et un peu de jalousie, même injuste, ne messied pas à un amant.

Je ne suis jaloux que de l’inconnu qui ose se donner le plaisir d’avoir le portrait de madame.

Comme il vous plaira, monsieur ; mais j’ai entendu ce que vous vouliez dire, et je crains un peu ce caractère d’esprit-là. Eh bien, Marton ?

Eh bien, madame, voilà bien du bruit ! c’est mon portrait.

Votre portrait ?

Oui, le mien. Eh ! pourquoi non, s’il vous plaît ? il ne faut pas tant se récrier.

Je suis assez comme monsieur le comte ; la chose me paraît singulière.

Ma foi, madame, sans vanité, on en peint tous les jours, et de plus huppées, qui ne me valent pas.

Et qui est-ce qui a fait cette dépense-là pour vous ?

Un très aimable homme qui m’aime, qui a de la délicatesse et des sentiments, et qui me recherche ; et puisqu’il faut vous le nommer, c’est Dorante.

Mon intendant ?

Le fat, avec ses sentiments !

Araminte , brusquement.

Eh ! vous nous trompez. Depuis qu’il est ici, a-t-il eu le temps de vous faire peindre ?

Mais ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il me connaît.

Donnez donc.

Je n’ai pas encore ouvert la boîte, mais c’est moi que vous y allez voir.  (Araminte l’ouvre, tous regardent.)

Eh ! je m’en doutais bien, c’est madame.

Madame !… Il est vrai, et me voilà bien loin de mon compte !  (À part.)  Dubois avait raison tantôt.

Et moi, je vois clair.  (À Marton.)  Par quel hasard avez-vous cru que c’était vous ?

Ma foi, madame, toute autre que moi s’y serait trompée. M. Remy me dit que son neveu m’aime, qu’il veut nous marier ensemble ; Dorante est présent, et ne dit point non ; il refuse devant moi un très riche parti ; l’oncle s’en prend à moi, me dit que j’en suis cause. Ensuite vient un homme qui apporte ce portrait, qui vient chercher ici celui à qui il appartient ; je l’interroge ; à tout ce qu’il répond, je reconnais Dorante. C’est un petit portrait de femme ; Dorante m’aime jusqu’à refuser sa fortune pour moi. Je conclus donc que c’est moi qu’il a fait peindre. Ai-je eu tort ? J’ai pourtant mal conclu. J’y renonce ; tant d’honneur ne m’appartient point. Je crois voir toute l’étendue de ma méprise, et je me tais.

Ah ! ce n’est pas là une chose bien difficile à deviner. Vous faites le fâché, l’étonné, monsieur le comte ; il y a eu quelque mal entendu dans les mesures que vous avez prises ; mais vous ne m’abusez point ; c’est à vous qu’on apportait le portrait. Un homme dont on ne sait pas le nom, qu’on vient chercher ici, c’est vous, monsieur, c’est vous.

Marton , d’un air sérieux.

Je ne crois pas.

Oui, oui, c’est monsieur ; à quoi bon vous en défendre ? Dans les termes où vous en êtes avec ma fille, ce n’est pas là un si grand crime ; allons, convenez-en.

Le Comte , froidement.

Non, madame, ce n’est point moi, sur mon honneur. Je ne connais pas M. Remy. Comment aurait-on dit chez lui qu’on aurait de mes nouvelles ici ! Cela ne se peut pas.

Madame Argante , d’un air pensif.

Je ne faisais pas attention à cette circonstance.

Bon ! qu’est-ce que c’est qu’une circonstance de plus ou de moins ? Je n’en rabats rien. Quoi qu’il en soit, je le garde ; personne ne l’aura. Mais, quel bruit entendons-nous ? Voyez ce que c’est, Marton.

ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, MARTON, DUBOIS, ARLEQUIN.

Arlequin , en  entrant .

Tu es un plaisant magot !

À qui en avez-vous donc, vous autres ?

Si je disais un mot, ton maître sortirait bien vite.

Toi ? Nous nous soucions de toi et de toute ta race de canaille comme de cela.

Comme je te bâtonnerais, sans le respect de madame !

Arrive, arrive. La voilà, madame.

Quel sujet avez-vous donc de quereller ? De quoi s’agit-il ?

Approchez, Dubois. Apprenez-nous ce que c’est que ce mot que vous diriez contre Dorante ; il serait bon de savoir ce que c’est.

Prononce donc ce mot.

Tais-toi ; laisse-le parler.

Il y a une heure qu’il me dit mille invectives, madame.

Je soutiens les intérêts de mon maître, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu’un ostrogoth menace mon maître d’un mot ; j’en demande justice à madame.

Mais, encore une fois, sachons ce que veut dire Dubois par ce mot ; c’est le plus pressé.

Je lui défie d’en dire seulement une lettre.

C’est par pure colère que j’ai fait cette menace, madame, et voici la cause de la dispute. En arrangeant l’appartement de M. Dorante, j’y ai vu par hasard un tableau où madame est peinte, et j’ai cru qu’il fallait l’ôter, qu’il n’avait que faire là, qu’il n’était point décent qu’il y restât ; de sorte que j’ai été pour le détacher ; ce butor est venu pour m’en empêcher, et peu s’en est fallu que nous ne nous soyons battus.

Sans doute ; de quoi t’avises-tu d’ôter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maître considérait il n’y avait qu’un moment avec toute la satisfaction possible ? Car je l’avais vu qui l’avait contemplé de tout son cœur ; et il prend fantaisie à ce brutal de le priver d’une peinture qui réjouit cet honnête homme. Voyez la malice ! Ôte-lui quelque autre meuble, s’il en a trop ; mais laisse-lui cette pièce, animal.

Et moi je te dis qu’on ne la laissera point, que je la détacherai moi-même, que tu en auras le démenti, et que madame le voudra ainsi.

Eh ! que m’importe ? Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là pour un vieux tableau qu’on a mis là par hasard, et qui y est resté. Laissez-nous. Cela vaut-il la peine qu’on en parle ?

Madame Argante , d’un ton aigre.

Vous m’excuserez, ma fille ; ce n’est point là sa place et il n’y a qu’à l’ôter. Votre intendant se passera bien de ses contemplations.

Araminte , souriant d’un air railleur.

Oh ! Vous avez raison je ne pense pas qu’il les regrette.  (À Arlequin et à Dubois.)  Retirez-vous tous deux.

Le Comte , d’un ton railleur.

Ce qui est de sûr, c’est que cet homme d’affaires-là est de bon goût.

Araminte , ironiquement.

Oui, la réflexion est juste. Effectivement, il est fort extraordinaire qu’il ait jeté les yeux sur ce tableau !

Cet homme-là ne m’a jamais plu un instant, ma fille ; vous le savez, j’ai le coup d’œil assez bon, et je ne l’aime pas. Croyez-moi, vous avez entendu la menace que Dubois a faite en parlant de lui ; j’y reviens encore, il faut qu’il ait quelque chose à en dire. Interrogez-le ; sachons ce que c’est. Je suis persuadée que ce petit monsieur-là ne vous convient point ; nous le voyons tous ; il n’y a que vous qui n’y prenez pas garde.

Marton , négligemment.

Pour moi je n’en suis pas contente.

Araminte , riant ironiquement.

Qu’est-ce donc que vous voyez, et que je ne vois point ? Je manque de pénétration ; j’avoue que je m’y perds. Je ne vois pas le sujet de me défaire d’un homme qui m’est donné de bonne main, qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trop bien peut-être. Voilà ce qui n’échappe pas à ma pénétration, par exemple.

Que vous êtes aveugle !

Araminte , d’un air souriant.

Pas tant ; chacun a ses lumières. Je consens, au reste, d’écouter Dubois ; le conseil est bon et je l’approuve. Allez, Marton, allez lui dire que je veux lui parler. S’il me donne des motifs raisonnables de renvoyer cet intendant assez hardi pour regarder un tableau, il ne restera pas longtemps chez moi ; sans quoi, on aura la bonté de trouver bon que je le garde, en attendant qu’il me déplaise, à moi.

Eh bien ! il vous déplaira ; je ne vous en dis pas davantage, en attendant de plus fortes preuves.

Quant à moi, madame, j’avoue que j’ai craint qu’il ne me servît mal auprès de vous, qu’il ne vous inspirât l’envie de plaider, et j’ai souhaité par pure tendresse qu’il vous en détournât. Il aura pourtant beau faire, je déclare que je renonce à tout procès avec vous ; que je ne veux pour arbitres de notre discussion que vous et vos gens d’affaires, et que j’aime mieux perdre tout que de rien disputer.

Madame Argante , d’un ton décisif.

Mais où serait la dispute ? Le mariage terminerait tout, et le vôtre est comme arrêté.

Je garde le silence sur Dorante. Je reviendrai simplement voir ce que vous pensez de lui ; et si vous le congédiez, comme je le présume, il ne tiendra qu’à vous de prendre celui que je vous offrais et que je retiendrai encore quelque temps.

Je ferai comme monsieur ; je ne vous parlerai plus de rien non plus ; vous m’accuseriez de vision, et votre entêtement finira sans notre secours. Je compte beaucoup sur Dubois que voici et avec lequel nous vous laissons.

DUBOIS, ARAMINTE.

On m’a dit que vous vouliez me parler, madame ?

Viens ici ; tu es bien imprudent, Dubois, bien indiscret. Moi qui ai si bonne opinion de toi, tu n’as guère d’attention pour ce que je te dis. Je t’avais recommandé de te taire sur le chapitre de Dorante ; tu en sais les conséquences ridicules, et tu me l’avais promis. Pourquoi donc avoir prise, sur ce misérable tableau, avec un sot qui fait un vacarme épouvantable et qui vient ici tenir des discours tous propres à donner des idées que je serais au désespoir qu’on eût ?

Ma foi ! madame, j’ai cru la chose sans conséquence, et je n’ai agi d’ailleurs que par un mouvement de respect et de zèle.

Araminte , d’un air vif.

Eh ! laisse là ton zèle ; ce n’est pas là celui que je veux ni celui qu’il me faut. C’est de ton silence que j’ai besoin pour me tirer de l’embarras où je suis et où tu m’as jetée toi-même ; car sans toi je ne saurais pas que cet homme-là m’aime et je n’aurais que faire d’y regarder de si près.

J’ai bien senti que j’avais tort.

Passe encore pour la dispute ; mais pourquoi s’écrier : « Si je disais un mot ? » Y a-t-il rien de plus mal à toi ?

C’est encore une suite de ce zèle mal entendu.

Eh bien ! tais-toi donc, tais-toi ; je voudrais pouvoir te faire oublier ce que tu m’as dit.

Oh ! je suis bien corrigé.

C’est ton étourderie qui me force actuellement de te parler, sous prétexte de t’interroger sur ce que tu sais de lui. Ma mère et monsieur le comte s’attendent que tu vas m’en apprendre des choses étonnantes ; quel rapport leur ferai-je à présent ?

Ah ! il n’y a rien de plus facile à raccommoder ; ce rapport sera que des gens qui le connaissent m’ont dit que c’était un homme incapable de l’emploi qu’il a chez vous, quoiqu’il soit fort habile, au moins ; ce n’est pas cela qui lui manque.

À la bonne heure ; mais il y aura un inconvénient. S’il en est incapable, on me dira de le renvoyer, et il n’est pas encore temps ; j’y ai pensé depuis ; la prudence ne le veut pas, et je suis obligée de prendre des biais, et d’aller tout doucement avec cette passion si excessive que tu dis qu’il a et qui éclaterait peut-être dans sa douleur. Me fierai-je à un désespéré ? Ce n’est plus le besoin que j’ai de lui qui me retient ; c’est moi que je ménage.  (Elle radoucit le ton.)  À moins que ce qu’a dit Marton ne soit vrai ; auquel cas je n’aurais plus rien à craindre. Elle prétend qu’il l’avait déjà vue chez M. Remy, et que le procureur a dit même devant lui qu’il l’aimait depuis longtemps et qu’il fallait qu’ils se mariassent ; je le voudrais.

Bagatelle ! Dorante n’a vu Marton ni de près ni de loin ; c’est le procureur qui a débité cette fable-là à Marton dans le dessein de les marier ensemble. « Et moi je n’ai pas osé l’en dédire, m’a dit Dorante, parce que j’aurais indisposé contre moi cette fille, qui a du crédit auprès de sa maîtresse, et qui a cru ensuite que c’était pour elle que je refusais les quinze mille livres de rente qu’on m’offrait. »

Il t’a donc tout conté ?

Oui, il n’y a qu’un moment, dans le jardin, où il a voulu presque se jeter à mes genoux pour me conjurer de lui garder le secret sur sa passion et d’oublier l’emportement qu’il eut avec moi quand je le quittai. Je lui ai dit que je me tairais, mais que je ne prétendais pas rester dans la maison avec lui et qu’il fallait qu’il sortît ; ce qui l’a jeté dans des gémissements, dans des pleurs, dans le plus triste état du monde.

Eh ! tant pis ; ne le tourmente point. Tu vois bien que j’ai raison de dire qu’il faut aller doucement avec cet esprit-là ; tu le vois bien. J’augurais beaucoup de ce mariage avec Marton ; je croyais qu’il m’oublierait ; et point du tout, il n’est question de rien.

Dubois , comme s’en allant.

Pure fable. Madame a-t-elle encore quelque chose à me dire ?

Attends ; comment faire ? Si, lorsqu’il me parle, il me mettait en droit de me plaindre de lui ; mais il ne lui échappe rien ; je ne sais de son amour que ce que tu m’en dis ; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer. Il est vrai qu’il me fâcherait, s’il parlait ; mais il serait à propos qu’il me fâchât.

Vraiment oui ; monsieur Dorante n’est point digne de madame. S’il était dans une plus grande fortune, comme il n’y a rien à dire à ce qu’il est né, ce serait une autre affaire ; mais il n’est riche qu’en mérite, et ce n’est pas assez.

Araminte , d’un ton comme triste.

Vraiment non ; voilà les usages. Je ne sais pas comment je le traiterai ; je n’en sais rien, je verrai.

Eh bien ! madame a un si beau prétexte. Ce portrait que Marton a cru être le sien, à ce qu’elle m’a dit…

Eh ! non, je ne saurais l’en accuser, c’est le Comte qui l’a fait faire.

Point du tout, c’est de Dorante ; je le sais de lui-même ; et il y travaillait encore il n’y a que deux mois, lorsque je le quittai.

Va-t’en ; il y a longtemps que je te parle. Si on me demande ce que tu m’as appris de lui, je dirai ce dont nous sommes convenus. Le voici ; j’ai envie de lui tendre un piège.

Oui, madame ; il se déclarera peut-être, et tout de suite je lui dirais : « Sortez ».

Laisse-nous.

Dubois , sortant, et en passant auprès de Dorante, et rapidement.

Il m’est impossible de l’instruire ; mais qu’il se découvre ou non, les choses ne peuvent aller que bien.

Je viens, madame, vous demander votre protection. Je suis dans le chagrin et dans l’inquiétude ; j’ai tout quitté pour avoir l’honneur d’être à vous ; je vous suis plus attaché que je ne puis vous le dire ; on ne saurait vous servir avec plus de fidélité ni de désintéressement ; et cependant je ne suis pas sûr de rester. Tout le monde ici m’en veut, me persécute et conspire pour me faire sortir. J’en suis consterné ; je tremble que vous ne cédiez à leur inimitié pour moi, et j’en serais dans la dernière affliction.

Araminte , d’un ton doux.

Tranquillisez-vous ; vous ne dépendez point de ceux qui vous en veulent ; ils ne vous ont encore fait aucun tort dans mon esprit, et tous leurs petits complots n’aboutiront à rien ; je suis la maîtresse.

Dorante , d’un air inquiet.

Je n’ai que votre appui, madame.

Il ne vous manquera pas. Mais je vous conseille une chose : ne leur paraissez pas si alarmé ; vous leur feriez douter de votre capacité, et il leur semblerait que vous m’auriez beaucoup d’obligation de ce que je vous garde.

Ils ne se tromperaient pas, madame ; c’est une bonté qui me pénètre de reconnaissance.

À la bonne heure ; mais il n’est pas nécessaire qu’ils le croient. Je vous sais bon gré de votre attachement et de votre fidélité ; mais dissimulez-en une partie ; c’est peut-être ce qui les indispose contre vous. Vous leur avez refusé de m’en faire accroire sur le chapitre du procès ; conformez-vous à ce qu’ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets. L’événement leur persuadera que vous les avez bien servis ; car, toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le comte.

Dorante , d’un ton ému.

Déterminée, madame ?

Oui, tout à fait résolue. Le comte croira que vous y avez contribué ; je le lui dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets.  (À part.)  Il change de couleur.

Quelle différence pour moi, madame !

Araminte , d’un air délibéré.

Il n’y en aura aucune. Ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter ; il y a tout ce qu’il faut sur cette table.

Eh ! pour qui, madame ?

Pour le comte, qui est sorti d’ici extrêmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom.  (Dorante reste rêveur, et, par distraction, ne va point à la table.)  Eh ! vous n’allez pas à la table ! À quoi rêvez-vous ?

Dorante , toujours distrait.

Araminte , à part, pendant qu’il se place.

Il ne sait ce qu’il fait ; voyons si cela continuera.

Dorante , à part, cherchant du papier.

Ah ! Dubois m’a trompé.

Araminte , poursuivant.

Êtes-vous prêt à écrire ?

Madame, je ne trouve point de papier.

Araminte , allant elle-même.

Vous n’en trouvez point ! En voilà devant vous.

Il est vrai.

Écrivez. « Hâtez-vous de venir, monsieur ; votre mariage est sûr… » Avez-vous écrit ?

Comment, madame ?

Vous ne m’écoutez donc pas ? « Votre mariage est sûr ; madame veut que je vous l’écrive, et vous attend pour vous le dire. »  (À part.)  Il souffre, mais il ne dit mot ; est-ce qu’il ne parlera pas ? « N’attribuez point cette résolution à la crainte que madame pourrait avoir des suites d’un procès douteux. »

Je vous ai assuré que vous le gagneriez, madame. Douteux ! il ne l’est point.

N’importe, achevez. « Non, monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu’elle rend à votre mérite la détermine. »

Ciel ! Je suis perdu.  (Haut.)  Mais, madame, vous n’aviez aucune inclination pour lui.

Achevez, vous dis-je. « …qu’elle rend à votre mérite la détermine. » Je crois que la main vous tremble ; vous paraissez changé. Qu’est-ce que cela signifie ? Vous trouvez-vous mal ?

Je ne me trouve pas bien, madame.

Quoi ! si subitement ! cela est singulier. Pliez la lettre et mettez : « À Monsieur le comte Dorimont. » Vous direz à Dubois qu’il la lui porte.  (À part.)  Le cœur me bat ! Il n’y a pas encore là de quoi le convaincre.

Ne serait-ce point aussi pour m’éprouver ? Dubois ne m’a averti de rien.

ARAMINTE, DORANTE, MARTON.

Je suis bien aise, madame, de trouver monsieur ici ; il vous confirmera tout de suite ce que j’ai à vous dire. Vous avez offert en différentes occasions de me marier, madame, et jusqu’ici je ne me suis point trouvée disposée à profiter de vos bontés. Aujourd’hui monsieur me recherche ; il vient même de refuser un parti infiniment plus riche, et le tout pour moi ; du moins me l’a-t-il laissé croire, et il est à propos qu’il s’explique ; mais comme je ne veux dépendre que de vous, c’est de vous aussi, madame, qu’il faut qu’il m’obtienne. Ainsi, monsieur, vous n’avez qu’à parler à madame. Si elle m’accorde à vous, vous n’aurez point de peine à m’obtenir de moi-même.  (Elle sort.)

Araminte , à part, émue.

Cette folle !  (Haut.)  Je suis charmée de ce qu’elle vient de m’apprendre. Vous avez fait là un très bon choix ; c’est une fille aimable et d’un excellent caractère.

Dorante , d’un air abattu.

Hélas ! madame, je ne songe point à elle.

Vous ne songez point à elle ! Elle dit que vous l’aimez, que vous l’aviez vue avant que de venir ici.

C’est une erreur où M. Remy l’a jetée sans me consulter ; et je n’ai point osé dire le contraire, dans la crainte de m’en faire une ennemie auprès de vous. Il en est de même de ce riche parti qu’elle croit que je refuse à cause d’elle ; et je n’ai nulle part à tout cela. Je suis hors d’état de donner mon cœur à personne ; je l’ai perdu pour jamais, et la plus brillante de toutes les fortunes ne me tenterait pas.

Vous avez tort. Il fallait désabuser Marton.

Elle vous aurait, peut-être, empêchée de me recevoir, et mon indifférence lui en dit assez.

Mais dans la situation où vous êtes, quel intérêt aviez-vous d’entrer dans ma maison et de la préférer à une autre ?

Je trouve plus de douceur à être chez vous, madame.

Il y a quelque chose d’incompréhensible en tout ceci ! Voyez-vous souvent la personne que vous aimez ?

Dorante , toujours abattu.

Pas souvent à mon gré, madame ; et je la verrais à tout instant, que je ne croirais pas la voir assez.

Il a des expressions d’une tendresse !  (Haut.)  Est-elle fille ? A-t-elle été mariée ?

Madame, elle est veuve.

Et ne devez-vous pas l’épouser ? Elle vous aime, sans doute ?

Hélas ! madame, elle ne sait pas seulement que je l’adore. Excusez l’emportement du terme dont je me sers. Je ne saurais presque parler d’elle qu’avec transport !

Je ne vous interroge que par étonnement. Elle ignore que vous l’aimez, dites-vous, et vous lui sacrifiez votre fortune ! Voilà de l’incroyable. Comment, avec tant d’amour, avez-vous pu vous taire ? On essaie de se faire aimer, ce me semble ; cela est naturel et pardonnable.

Me préserve le ciel d’oser concevoir la plus légère espérance ! Être aimé, moi ! non, madame, son état est bien au-dessus du mien. Mon respect me condamne au silence, et je mourrai du moins sans avoir eu le malheur de lui déplaire.

Je n’imagine point de femme qui mérite d’inspirer une passion si étonnante, je n’en imagine point. Elle est donc au-dessus de toute comparaison ?

Dispensez-moi de la louer, madame ; je m’égarerais en la peignant. On ne connaît rien de si beau ni de si aimable qu’elle, et jamais elle ne me parle ou ne me regarde que mon amour n’en augmente.

Araminte , baissant les yeux.

Mais votre conduite blesse la raison. Que prétendez-vous, avec cet amour pour une personne qui ne saura jamais que vous l’aimez ? Cela est bien bizarre. Que prétendez-vous ?

Le plaisir de la voir, et quelquefois d’être avec elle, est tout ce que je me propose.

Avec elle ! Oubliez-vous que vous êtes ici ?

Je veux dire avec son portrait, quand je ne la vois point.

Son portrait ? Est-ce que vous l’avez fait faire ?

Non, madame ; mais j’ai, par amusement, appris à peindre, et je l’ai peinte moi-même. Je me serais privé de son portrait si je n’avais pu l’avoir que par le secours d’un autre.

Il faut le pousser à bout.  (Haut.)  Montrez-moi ce portrait.

Daignez m’en dispenser, madame ; quoique mon amour soit sans espérance, je n’en dois pas moins un secret inviolable à l’objet aimé.

Il m’en est tombé un par hasard entre les mains ; on l’a trouvé ici.  (Montrant la boîte.)  Voyez si ce ne serait point celui dont il s’agit.

Cela ne se peut pas.

Araminte , ouvrant la boîte.

Il est vrai que la chose serait assez extraordinaire ; examinez.

Ah ! madame, songez que j’aurais perdu mille fois la vie avant d’avouer ce que le hasard vous découvre. Comment pourrai-je expier ?…

(Il se jette à ses genoux.)

Dorante, je ne me fâcherai point. Votre égarement me fait pitié. Revenez-en ; je vous le pardonne.

Marton , paraît et s’enfuit.

Ah !  (Dorante se lève vite.)

Ah ciel ! c’est Marton ! Elle vous a vu.

Dorante , feignant d’être déconcerté.

Non, madame, non ; je ne crois pas. Elle n’est point entrée.

Elle vous a vu, vous dis-je. Laissez-moi, allez-vous-en ; vous m’êtes insupportable. Rendez-moi ma lettre.  (Quand il est parti.)  Voilà pourtant ce que c’est, que de l’avoir gardé !

Dorante s’est-il déclaré, madame ? et est-il nécessaire que je lui parle ?

Non, il ne m’a rien dit. Je n’ai rien vu à ce que tu m’as conté ; et qu’il n’en soit plus question ; ne t’en mêle plus.  (Elle sort.)

Voici l’affaire dans sa crise.

DUBOIS, DORANTE.

Ah ! Dubois.

Retirez-vous.

Je ne sais qu’augurer de la conversation que le viens d’avoir avec elle.

À quoi songez-vous ? Elle n’est qu’à deux pas : voulez-vous tout perdre ?

Il faut que tu m’éclaircisses…

Allez dans le jardin.

D’un doute…

Dans le jardin, vous dis-je ; je vais m’y rendre.

Je ne vous écoute plus.

Je crains plus que jamais.

DORANTE, DUBOIS.

Non, vous dis-je ; ne perdons point de temps. La lettre est-elle prête ?

Dorante , la lui montrant.

Oui, la voilà ; et j’ai mis dessus : rue du Figuier.

Vous êtes bien assuré qu’Arlequin ne connaît pas ce quartier-là ?

Il m’a dit que non.

Lui avez-vous bien recommandé de s’adresser à Marton ou à moi pour savoir ce que c’est ?

Sans doute, et je lui recommanderai encore.

Allez donc la lui donner ; je me charge du reste auprès de Marton que je vais trouver.

Je t’avoue que j’hésite un peu. N’allons-nous pas trop vite avec Araminte ? Dans l’agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l’embarras de voir subitement éclater l’aventure ?

Oh ! oui ! point de quartier. Il faut l’achever pendant qu’elle est étourdie. Elle ne sait plus ce qu’elle fait. Ne voyez-vous pas bien qu’elle triche avec moi, qu’elle me fait accroire que vous ne lui avez rien dit ? Ah ! je lui apprendrai à vouloir me souffler mon emploi de confident pour vous aimer en fraude.

Que j’ai souffert dans ce dernier entretien ! Puisque tu savais qu’elle voulait me faire déclarer, que ne m’en avertissais-tu par quelques signes ?

Cela aurait été joli, ma foi ! Elle ne s’en serait point aperçue, n’est-ce pas ? Et d’ailleurs, votre douleur n’en a paru que plus vraie. Vous repentez-vous de l’effet qu’elle a produit ? Monsieur a souffert ! Parbleu ! il me semble que cette aventure-ci mérite un peu d’inquiétude.

Sais-tu bien ce qui arrivera ? Qu’elle prendra son parti, et qu’elle me renverra tout d’un coup.

Je l’en défie. Il est trop tard ; l’heure du courage est passée ; il faut qu’elle nous épouse.

Prends-y garde ; tu vois que sa mère la fatigue.

Je serais bien fâché qu’elle la laissât en repos.

Elle est confuse de ce que Marton m’a surpris à ses genoux.

Ah ! vraiment, des confusions ! Elle n’y est pas ; elle va en essuyer bien d’autres ! C’est moi qui, voyant le train que prenait la conversation, ai fait venir Marton une seconde fois.

Araminte pourtant m’a dit que je lui étais insupportable.

Elle a raison. Voulez-vous qu’elle soit de bonne humeur avec un homme qu’il faut qu’elle aime en dépit d’elle ? Cela est-il agréable ? Vous vous emparez de son bien, de son cœur ; et cette femme ne criera pas ! Allez vite, plus de raisonnements : laissez-vous conduire.

Songe que je l’aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères.

Ah ! oui, je sais bien que vous l’aimez ; c’est à cause de cela que je ne vous écoute pas. Êtes-vous en état de juger de rien ? Allons, allons, vous vous moquez ; laissez faire un homme de sang-froid. Partez, d’autant plus que voici Marton qui vient à propos, et que je vais tâcher d’amuser, en attendant que vous envoyiez Arlequin.

(Dorante sort.)

Marton , d’un air triste.

Je te cherchais.

Qu’y a-t-il pour votre service, mademoiselle ?

Tu me l’avais bien dit, Dubois.

Quoi donc ? Je ne me souviens plus de ce que c’est.

Que cet intendant osait lever les yeux sur madame.

Ah ! oui ; vous parlez de ce regard que je lui vis jeter sur elle. Oh ! jamais je ne l’ai oublié. Cette œillade-là ne valait rien. Il y avait quelque chose dedans qui n’était pas dans l’ordre.

Oh çà, Dubois, il s’agit de faire sortir cet homme-ci.

Pardi ! tant qu’on voudra ; je ne m’y épargne pas. J’ai déjà dit à madame qu’on m’avait assuré qu’il n’entendait pas les affaires.

Mais est-ce là tout ce que tu sais de lui ? C’est de la part de madame Argante et de monsieur le comte que je te parle ; et nous avons peur que tu n’aies pas tout dit à madame, ou qu’elle ne cache ce que c’est. Ne nous déguise rien ; tu n’en seras pas fâché.

Ma foi ! je ne sais que son insuffisance, dont j’ai instruit madame.

Ne dissimule point.

Moi, un dissimulé ! moi, garder un secret ! Vous avez bien trouvé votre homme ! En fait de discrétion, je mériterais d’être femme. Je vous demande pardon de la comparaison ; mais c’est pour vous mettre l’esprit en repos.

Il est certain qu’il aime madame.

Il n’en faut point douter ; je lui en ai même dit ma pensée à elle.

Et qu’a-t-elle répondu ?

Que j’étais un sot. Elle est si prévenue !…

Prévenue à un point que je n’oserais le dire, Dubois.

Oh ! le diable n’y perd rien, ni moi non plus ; car je vous entends.

Tu as la mine d’en savoir plus que moi là-dessus.

Oh ! point du tout, je vous jure. Mais, à propos, il vient tout à l’heure d’appeler Arlequin pour lui donner une lettre. Si nous pouvions la saisir, peut-être en saurions-nous davantage.

Une lettre ! oui-da ; ne négligeons rien. Je vais de ce pas parler à Arlequin s’il n’est pas encore parti.

Vous n’irez pas loin. Je crois qu’il vient.

MARTON, DUBOIS, ARLEQUIN.

Arlequin , voyant Dubois.

Ah ! te voilà donc, mal bâti ?

Tenez ; n’est-ce pas là une belle figure pour se moquer de la mienne ?

Que veux-tu, Arlequin ?

Ne sauriez-vous pas où demeure la rue du Figuier, mademoiselle ?

C’est que mon camarade, que je sers, m’a dit de porter cette lettre à quelqu’un qui est dans cette rue, et comme je ne la sais pas, il m’a dit que je m’en informasse à vous ou à cet animal-là ; mais cet animal-là ne mérite pas que je lui en parle, sinon pour l’injurier. J’aimerais mieux que le diable eût emporté toutes les rues, que d’en savoir une par le moyen d’un malotru comme lui.

Dubois , à Marton, à part.

Prenez la lettre.  (Haut.)  Non, non, mademoiselle, ne lui enseignez rien ; qu’il galope.

Veux-tu te taire ?

Ne l’interrompez donc point, Dubois. Eh bien, veux-tu me donner ta lettre ? Je vais envoyer dans ce quartier-là, et on la rendra à son adresse.

Ah ! voilà qui est bien agréable. Vous êtes une fille de bonne amitié, mademoiselle.

Dubois , s’en allant.

Vous êtes bien bonne d’épargner de la peine à ce fainéant-là !

Ce malhonnête ! Va, va trouver le tableau, pour voir comme il se moque de toi.

Marton , seule avec Arlequin.

Ne lui réponds rien ; donne ta lettre.

Tenez, mademoiselle ; vous me rendez un service qui me fait grand bien. Quand il y aura à trotter pour votre serviable personne, n’ayez point d’autre postillon que moi.

Elle sera rendue exactement.

Oui, je vous recommande l’exactitude à cause de monsieur Dorante, qui mérite toutes sortes de fidélités.

L’indigne !

Je suis votre serviteur éternel.

Arlequin , revenant.

Si vous le rencontrez, ne lui dites point qu’un autre galope à ma place.  (Il sort.)

MADAME ARGANTE, LE COMTE, MARTON.

Marton , un moment seule.

Ne disons mot que je n’aie vu ce que ceci contient.

Eh bien, Marton, qu’avez-vous appris de Dubois ?

Rien, que ce que vous saviez déjà, madame ; et ce n’est pas assez.

Dubois est un coquin qui nous trompe.

Il est vrai que sa menace signifiait quelque chose de plus.

Quoi qu’il en soit, j’attends monsieur Remy que j’ai envoyé chercher ; et s’il ne nous défait pas de cet homme-là, ma fille saura qu’il ose l’aimer ; je l’ai résolu. Nous en avons les présomptions les plus fortes ; et ne fût-ce que par bienséance, il faudra bien qu’elle le chasse. D’un autre côté, j’ai fait venir l’intendant que monsieur le ccomte lui proposait. Il est ici, et je le lui présenterai sur-le-champ.

Je doute que vous réussissiez si nous n’apprenons rien de nouveau ; mais je tiens peut-être son congé, moi qui vous parle… Voici monsieur Remy ; je n’ai pas le temps de vous en dire davantage, et je vais m’éclaircir.  (Elle va pour sortir.)

MONSIEUR REMY, MADAME ARGANTE, LE COMTE, MARTON.

Monsieur Remy , à Marton, qui se retire.

Bonjour, ma nièce, puisque enfin il faut que vous la soyez. Savez-vous ce qu’on me veut ici ?

Passez, monsieur, et cherchez votre nièce ailleurs ; je n’aime point les mauvais plaisants.}}

Voilà une petite fille bien incivile.  (À Madame Argante.)  On m’a dit de votre part de venir ici, madame ; de quoi est-il donc question ?

Madame Argante , d’un ton revêche.

Ah ! c’est donc vous, monsieur le procureur ?

Oui, madame ; je vous garantis que c’est moi-même.

Et de quoi vous êtes-vous avisé, je vous prie, de nous embarrasser d’un intendant de votre façon ?

Et par quel hasard madame y trouve-t-elle à redire ?

C’est que nous nous serions bien passés du présent que vous nous avez fait.

Ma foi ! madame, s’il n’est pas à votre goût, vous êtes bien difficile.

C’est votre neveu, dit-on ?

Eh bien, tout votre neveu qu’il est, vous nous ferez un grand plaisir de le retirer.

Ce n’est pas à vous que je l’ai donné.

Non ; mais c’est à nous qu’il déplaît, à moi et à monsieur le comte que voilà, et qui doit épouser ma fille.

Monsieur Remy , élevant la voix.

Celui-ci est nouveau ! Mais, madame, dès qu’il n’est pas à vous, il me semble qu’il n’est pas essentiel qu’il vous plaise. On n’a pas mis dans le marché qu’il vous plairait ; personne n’a songé à cela ; et, pourvu qu’il convienne à madame Araminte, tout le monde doit être content. Tant pis pour qui ne l’est pas. Qu’est-ce que cela signifie ?

Mais vous avez le ton bien rogue, monsieur Remy.

Ma foi, vos compliments ne sont pas propres à l’adoucir, madame Argante.

Doucement, monsieur le procureur, doucement ; il me paraît que vous avez tort.

Comme vous voudrez, monsieur le comte, comme vous voudrez ; mais cela ne vous regarde pas. Vous savez bien que je n’ai pas l’honneur de vous connaître ; et nous n’avons que faire ensemble, pas la moindre chose.

Que vous me connaissiez ou non, il n’est pas si peu essentiel que vous le dites que votre neveu plaise à madame. Elle n’est pas étrangère dans la maison.

Parfaitement étrangère pour cette affaire-ci, monsieur ; on ne peut pas plus étrangère. Au surplus, Dorante est un homme d’honneur, connu pour tel, dont j’ai répondu, dont je répondrai toujours, et dont madame parle ici d’une manière choquante.

Votre Dorante est un impertinent.

Bagatelle ! ce mot-là ne signifie rien dans votre bouche.

Dans ma bouche ! À qui parle donc ce petit praticien, monsieur le comte ? Est-ce que vous ne lui imposerez pas silence ?

Comment donc ! m’imposer silence ! à moi, procureur ! Savez-vous bien qu’il y a cinquante ans que je parle, madame Argante ?

Il y a donc cinquante ans que vous ne savez ce que vous dites.

ARAMINTE, MADAME ARGANTE, MONSIEUR REMY, LE COMTE.

Qu’y a-t-il donc ? On dirait que vous vous querellez.

Nous ne sommes pas fort en paix, et vous venez très à propos, madame. Il s’agit de Dorante ; avez-vous sujet de vous plaindre de lui ?

Non, que je sache.

Vous êtes-vous aperçue qu’il ait manqué de probité ?

Lui ? non vraiment. Je ne le connais que pour un homme très estimable.

Au discours que madame en tient, ce doit pourtant être un fripon dont il faut que je vous délivre ; et on se passerait bien du présent que je vous ai fait ; et c’est un impertinent qui déplaît à madame, qui déplaît à monsieur, qui parle en qualité d’époux futur ; et à cause que je le défends, on veut me persuader que je radote.

On se jette là dans de grands excès. Je n’y ai point de part, monsieur. Je suis bien éloignée de vous traiter si mal. À l’égard de Dorante, la meilleure justification qu’il y ait pour lui, c’est que je le garde. Mais je venais pour savoir une chose, monsieur le comte ; il y a là-bas un homme d’affaires que vous avez amené pour moi. On se trompe apparemment ?

Madame, il est vrai qu’il est venu avec moi ; mais c’est madame Argante…

Attendez, je vais répondre. Oui, ma fille, c’est moi qui ai prié monsieur de le faire venir pour remplacer celui que vous avez et que vous allez mettre dehors ; je suis sûre de mon fait. J’ai laissé dire votre procureur, au reste ; mais il amplifie.

Courage !

Paix ; vous avez assez parlé.  (À Araminte.)  Je n’ai point dit que son neveu fût un fripon. Il ne serait pas impossible qu’il le fût ; je n’en serais pas étonnée.

Mauvaise parenthèse, avec votre permission ; supposition injurieuse et tout à fait hors d’œuvre.

Honnête homme, soit ; du moins n’a-t-on pas encore de preuves du contraire, et je veux croire qu’il l’est. Pour un impertinent et très impertinent, j’ai dit qu’il en était un, et j’ai raison. Vous dites que vous le garderez ; vous n’en ferez rien.

Il restera, je vous assure.

Point du tout ; vous ne sauriez. Seriez-vous d’humeur à garder un intendant qui vous aime ?

Eh ! à qui voulez-vous donc qu’il s’attache ? À vous, à qui il n’a pas affaire ?

Mais, en effet, pourquoi faut-il que mon intendant me haïsse ?

Eh ! non ; point d’équivoque. Quand je vous dis qu’il vous aime, j’entends qu’il est amoureux de vous, en bon français ; qu’il est ce qu’on appelle amoureux ; qu’il soupire pour vous ; que vous êtes l’objet secret de sa tendresse.

Dorante ?

Araminte , riant.

L’objet secret de sa tendresse ! Oh ! oui, très secret, je pense. Ah ! ah ! je ne me croyais pas si dangereuse à voir. Mais dès que vous devinez de pareils secrets, que ne devinez-vous que tous mes gens sont comme lui ? Peut-être qu’ils m’aiment aussi ; que sait-on ? Monsieur Remy, vous qui me voyez assez souvent, j’ai envie de deviner que vous m’aimez aussi.

Ma foi, madame, à l’âge de mon neveu, je ne m’en tirerais pas mieux qu’on dit qu’il s’en tire.

Ceci n’est pas matière à plaisanterie, ma fille. Il n’est pas question de votre monsieur Remy ; laissons là ce bonhomme, et traitons la chose un peu plus sérieusement. Vos gens ne vous font pas peindre ; vos gens ne se mettent point à contempler vos portraits ; vos gens n’ont point l’air galant, la mine doucereuse.

Monsieur Remy , à Araminte.

J’ai laissé passer le bonhomme à cause de vous, au moins ; mais le bonhomme est quelquefois brutal.

En vérité, ma mère, vous seriez la première à vous moquer de moi, si ce que vous dites me faisait la moindre impression. Ce serait une enfance à moi que de le renvoyer sur un pareil soupçon. Est-ce qu’on ne peut me voir sans m’aimer ? Je n’y saurais que faire ; il faut bien m’y accoutumer et prendre mon parti là-dessus. Vous lui trouvez l’air galant, dites-vous ? Je n’y avais pas pris garde, et je ne lui en ferai point un reproche. Il y aurait de la bizarrerie à se fâcher de ce qu’il est bien fait. Je suis d’ailleurs comme tout le monde ; j’aime assez les gens de bonne mine.

ARAMINTE, MADAME ARGANTE, MONSIEUR REMY, LE COMTE, DORANTE.

Je vous demande pardon, madame, si je vous interromps. J’ai lieu de présumer que mes services ne vous sont plus agréables ; et, dans la conjoncture présente, il est naturel que je sache mon sort.

Madame Argante , ironiquement.

Son sort ! Le sort d’un intendant ; que cela est beau !

Et pourquoi n’aurait-il pas un sort ?

Araminte , d’un air vif à sa mère.

Voilà des emportements qui m’appartiennent.  (À Dorante.)  Quelle est cette conjoncture, monsieur, et le motif de votre inquiétude ?

Vous le savez, madame. Il y a quelqu’un ici que vous avez envoyé chercher pour occuper ma place.

Ce quelqu’un-là est fort mal conseillé. Désabusez-vous ; ce n’est point moi qui l’ai fait venir.

Tout a contribué à me tromper ; d’autant plus que mademoiselle Marton vient de m’assurer que dans une heure je ne serais plus ici.

Marton vous a tenu un fort sot discours.

Le terme est encore trop long ; il devrait en sortir tout à l’heure.

Monsieur Remy , à part.

Voyons par où cela finira.

Allez, Dorante, tenez-vous en repos ; fussiez-vous l’homme du monde qui me convînt le moins, vous resteriez. Dans cette occasion, c’est à moi-même que je dois cela. Je me sens offensée du procédé qu’on a avec moi, et je vais faire dire à cet homme d’affaires qu’il se retire : que ceux qui l’ont amené sans me consulter le remmènent, et qu’il n’en soit plus parlé.

ARAMINTE, MADAME ARGANTE, MONSIEUR REMY, LE COMTE, DORANTE, MARTON.

Marton , froidement.

Ne vous pressez pas de le renvoyer, madame. Voilà une lettre de recommandation pour lui, et c’est M. Dorante qui l’a écrite.

Comment !

Marton , donnant la lettre au Comte.

Un instant, madame ; cela mérite d’être écouté. La lettre est de monsieur, vous dis-je.

Le Comte  lit haut.

« Je vous conjure, mon cher ami, d’être demain sur les neuf heures du matin chez vous. J’ai bien des choses à vous dire ; je crois que je vais sortir de chez la dame que vous savez ; elle ne peut plus ignorer la malheureuse passion que j’ai prise pour elle, et dont je ne guérirai jamais. »

De la passion ! Entendez-vous, ma fille ?

Le Comte  lit.

« Un misérable ouvrier, que je n’attendais, pas est venu ici pour m’apporter la boîte de ce portrait que j’ai fait d’elle. »

C’est-à-dire que le personnage sait peindre.

« J’étais absent ; il l’a laissée à une fille de la maison. »

Madame Argante , à Marton.

Fille de la maison ; cela vous regarde.

« On a soupçonné que ce portrait m’appartenait. Ainsi, je pense qu’on va tout découvrir, et qu’avec le chagrin d’être renvoyé et de perdre le plaisir de voir tous les jours celle que j’adore… »

Que j’adore ! ah ! que j’adore !

« J’aurai encore celui d’être méprisé d’elle. »

Je crois qu’il n’a pas mal deviné celui-là, ma fille.

« Non pas à cause de la médiocrité de ma fortune, sorte de mépris dont je n’oserais la croire capable… »

Eh ! pourquoi non ?

« Mais seulement du peu que je vaux auprès d’elle, tout honoré que je suis de l’estime de tant d’honnêtes gens. »

Et en vertu de quoi l’estiment-ils tant ?

« Auquel cas je n’ai plus que faire à Paris. Vous êtes à la veille de vous embarquer, et je suis déterminé à vous suivre. »

Bon voyage au galant.

Le beau motif d’embarquement !

Eh bien ! en avez-vous le cœur net, ma fille ?

L’éclaircissement m’en paraît complet.

Quoi ! cette lettre n’est pas d’une écriture contrefaite ? vous ne la niez point ?

Retirez-vous.  (Dorante sort.)

Eh bien, quoi ? c’est de l’amour qu’il a ; ce n’est pas d’aujourd’hui que les belles personnes en donnent ; et tel que vous le voyez, il n’en a pas pris pour toutes celles qui auraient bien voulu lui en donner. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu’il veut courir ; voilà le mal. Car, au reste, s’il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre ; il pourrait bien dire qu’il adore.  (Contrefaisant madame Argante).  Accommodez-vous, au reste ; je suis votre serviteur, madame.  (Il sort.)

Fera-t-on monter l’intendant que monsieur le comte a amené, madame ?

N’entendrai-je parler que d’intendant ! Allez-vous-en ; vous prenez mal votre temps pour me faire des questions.  (Marton sort.)

Mais, ma fille, elle a raison. C’est monsieur le comte qui vous en répond ; il n’y a qu’à le prendre.

Et moi, je n’en veux point.

Est-ce à cause qu’il vient de ma part, madame ?

Vous êtes le maître d’interpréter, monsieur ; mais je n’en veux point.

Vous vous expliquez là-dessus d’un air de vivacité qui m’étonne.

Mais en effet, je ne vous reconnais pas. Qu’est-ce qui vous fâche ?

Tout ; on s’y est mal pris. Il y a dans tout ceci des façons si désagréables, des moyens si offensants, que tout m’en choque.

Madame Argante , étonnée.

On ne vous entend point.

Quoique je n’aie aucune part à ce qui vient de se passer, je ne m’aperçois que trop, madame, que je ne suis pas exempt de votre mauvaise humeur, et je serais fâché d’y contribuer davantage par ma présence.

Non, monsieur ; je vous suis. Ma fille, je retiens monsieur le comte ; vous allez venir nous trouver apparemment ? Vous n’y songez pas, Araminte ; on ne sait que penser.

(Madame Argante sort avec le comte.)

Enfin, madame, à ce que je vois, vous en voilà délivrée. Qu’il devienne tout ce qu’il voudra, à présent. Tout le monde a été témoin de sa folie, et vous n’avez plus rien à craindre de sa douleur ; il ne dit mot. Au reste, je viens seulement de le rencontrer plus mort que vif, qui traversait la galerie pour aller chez lui. Vous auriez trop ri de le voir soupirer ; il m’a pourtant fait pitié. Je l’ai vu si défait, si pâle et si triste, que j’ai eu peur qu’il ne se trouvât mal.

Araminte , qui ne l’a pas regardé jusque-là, et qui a toujours rêvé, dit d’un ton haut.

Mais qu’on aille donc voir. Quelqu’un l’a-t-il suivi ? Que ne le secouriez-vous ? Faut-il le tuer, cet homme ?

J’y ai pourvu, madame. J’ai appelé Arlequin qui ne le quittera pas ; et je crois d’ailleurs qu’il n’arrivera rien ; voilà qui est fini. Je ne suis venu que pour dire une chose, c’est que je pense qu’il demandera à vous parler, et je ne conseille pas à madame de le voir davantage ; ce n’est pas la peine.

Araminte , sèchement.

Ne vous embarrassez pas ; ce sont mes affaires.

En un mot, vous en êtes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu’on vous a lue et que mademoiselle Marton a tirée d’Arlequin par mon avis. Je me suis douté qu’elle pourrait vous être utile, et c’est une excellente idée que j’ai eue là, n’est-ce pas, madame ?

Quoi ! c’est à vous que j’ai l’obligation de la scène qui vient de se passer ?

Dubois , librement.

Méchant valet ! ne vous présentez plus devant moi.

Dubois , comme étonné.

Hélas ! madame, j’ai cru bien faire.

Allez, malheureux ! il fallait m’obéir. Je vous avais dit de ne plus vous en mêler ; vous m’avez jetée dans tous les désagréments que je voulais éviter. C’est vous qui avez répandu tous les soupçons qu’on a eus sur son compte ; et ce n’est pas par attachement pour moi que vous m’avez appris qu’il m’aimait, ce n’est que par le plaisir de faire du mal. Il m’importait peu d’en être instruite ; c’est un amour que je n’aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d’avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maître, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. Vous l’assassinez, vous me trahissez moi-même. Il faut que vous soyez capable de tout. Que je ne vous voie jamais, et point de réplique.

Dubois , à part.

Allons, voilà qui est parfait.  (Il sort en riant.)

Marton , triste.

La manière dont vous m’avez renvoyée, il n’y a qu’un moment, me montre que je vous suis désagréable, madame, et je crois vous faire plaisir en vous demandant mon congé.

Je vous le donne.

Votre intention est-elle que je sorte dès aujourd’hui, madame ?

Comme vous voudrez.

Cette aventure-ci est bien triste pour moi !

Oh ! point d’explication, s’il vous plaît.

Je suis au désespoir.

Araminte , avec impatience.

Est-ce que vous êtes fâchée de vous en aller ? Eh bien, restez, mademoiselle, restez ; j’y consens ; mais finissons.

Après les bienfaits dont vous m’avez comblée, que ferais-je auprès de vous, à présent que je vous suis suspecte et que j’ai perdu toute votre confiance ?

Mais que voulez-vous que je vous confie ? inventerai-je des secrets pour vous les dire ?

Il est pourtant vrai que vous me renvoyez, madame ; d’où vient ma disgrâce ?

Elle est dans votre imagination. Vous me demandez votre congé, je vous le donne.

Ah ! madame, pourquoi m’avez-vous exposée au malheur de vous déplaire ? J’ai persécuté par ignorance l’homme du monde le plus aimable, qui vous aime plus qu’on n’a jamais aimé.

Hélas !

Et à qui je n’ai rien à reprocher ; car il vient de me parler. J’étais son ennemie, et je ne la suis plus. Il m’a tout dit. Il ne m’avait jamais vue ; c’est monsieur Remy qui m’a trompée, et j’excuse Dorante.

À la bonne heure.

Pourquoi avez-vous eu la cruauté de m’abandonner au hasard d’aimer un homme qui n’est pas fait pour moi, qui est digne de vous, et que j’ai jeté dans une douleur dont je suis pénétrée ?

Tu l’aimais donc, Marton ?

Laissons là mes sentiments. Rendez-moi votre amitié comme je l’avais, et je serai contente.

Ah ! je te la rends tout entière.

Marton , lui baisant la main.

Me voilà consolée.

Non, Marton ; tu ne l’es pas encore. Tu pleures et tu m’attendris.

N’y prenez point garde. Rien ne m’est si cher que vous.

Va, je prétends bien te faire oublier tous tes chagrins. Je pense que voici Arlequin.

ARAMINTE, MARTON, ARLEQUIN.

Que veux-tu ?

Arlequin , pleurant et sanglotant.

J’aurais bien de la peine à vous le dire ; car je suis dans une détresse qui me coupe entièrement la parole à cause de la trahison que mademoiselle Marton m’a faite. Ah ! quelle ingrate perfidie !

Laisse là ta perfidie et nous dis ce que tu veux.

Ah ! cette pauvre lettre ! Quelle escroquerie !

Dis donc ?

Monsieur Dorante vous demande à genoux qu’il vienne ici vous rendre compte des paperasses qu’il a eues dans les mains depuis qu’il est ici. Il m’attend à la porte où il pleure.

Dis-lui qu’il vienne.

Le voulez-vous, madame ? car je ne me fie pas à elle. Quand on m’a une fois affronté, je n’en reviens point.

Marton , d’un air triste et attendri.

Parlez-lui, madame ; je vous laisse.

Arlequin , quand Marton est partie.

Vous ne me répondez point, madame ?

Il peut venir.

Approchez, Dorante.

Je n’ose presque paraître devant vous.

Ah ! je n’ai guère plus d’assurance que lui.  (Haut.)  Pourquoi vouloir me rendre compte de mes papiers ? Je m’en fie bien à vous. Ce n’est pas là-dessus que j’aurai à me plaindre.

Madame… j’ai autre chose à dire… je suis si interdit, si tremblant, que je ne saurais parler.

Araminte , à part, avec émotion.

Ah ! que je crains la fin de tout ceci !

Dorante , ému.

Un de vos fermiers est venu tantôt, madame.

Araminte , émue.

Un de mes fermiers ?… cela se peut bien.

Oui, madame… il est venu.

Araminte , toujours émue.

Je n’en doute pas.

Et j’ai de l’argent à vous remettre.

Ah ! de l’argent… nous verrons.

Quand il vous plaira, madame, de le recevoir.

Oui… je le recevrai… vous me le donnerez.  (À part.)  Je ne sais ce que je lui réponds.

Ne serait-il pas temps de vous l’apporter ce soir ou demain, madame ?

Demain, dites-vous ? Comment vous garder jusque-là, après ce qui est arrivé ?

Dorante , plaintivement.

De tout le reste de ma vie que je vais passer loin de vous, je n’aurais plus que ce seul jour qui m’en serait précieux.

Il n’y a pas moyen, Dorante ; il faut se quitter. On sait que vous m’aimez, et l’on croirait que je n’en suis pas fâchée.

Hélas ! madame, que je vais être à plaindre !

Ah ! allez, Dorante ; chacun a ses chagrins.

J’ai tout perdu ! J’avais un portrait et je ne l’ai plus.

À quoi vous sert de l’avoir ? vous savez peindre.

Je ne pourrai de longtemps m’en dédommager. D’ailleurs, celui-ci m’aurait été bien cher ! Il a été entre vos mains, madame.

Mais vous n’êtes pas raisonnable.

Ah ! madame, je vais être éloigné de vous. Vous serez assez vengée ; n’ajoutez rien à ma douleur.

Vous donner mon portrait ! songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?

Que vous m’aimez, madame ! Quelle idée ! qui pourrait se l’imaginer ?

Araminte , d’un ton vif et naïf.

Et voilà pourtant ce qui m’arrive.

Dorante , se jetant à ses genoux.

Je me meurs !

Je ne sais plus où je suis. Modérez votre joie ; levez-vous, Dorante.

Dorante , se lève, et dit tendrement.

Je ne la mérite pas, cette joie me transporte, je ne la mérite pas, madame. Vous allez me l’ôter ; mais n’importe ; il faut que vous soyez instruite.

Araminte , étonnée.

Comment ! que voulez-vous dire ?

Dans tout ce qui s’est passé chez vous, il n’y a rien de vrai que ma passion, qui est infinie, et que le portrait que j’ai fait. Tous les incidents qui sont arrivés partent de l’industrie d’un domestique qui savait mon amour, qui m’en plaint, qui, par le charme de l’espérance, du plaisir de vous voir, m’a, pour ainsi dire, forcé de consentir à son stratagème ; il voulait me faire valoir auprès de vous. Voilà, madame, ce que mon respect, mon amour et mon caractère ne me permettent pas de vous cacher. J’aime encore mieux regretter votre tendresse que de la devoir à l’artifice qui me l’a acquise. J’aime mieux votre haine que le remords d’avoir trompé ce que j’adore.

Araminte , le regardant quelque temps sans parler.

Si j’apprenais cela d’un autre que de vous, je vous haïrais sans doute ; mais l’aveu que vous m’en faites vous-même dans un moment comme celui-ci, change tout. Ce trait de sincérité me charme, me paraît incroyable, et vous êtes le plus honnête homme du monde. Après tout, puisque vous m’aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon cœur n’est point blâmable. Il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu’il a réussi.

Quoi ! la charmante Araminte daigne me justifier !

Voici le comte avec ma mère, ne dites mot, et laissez-moi parler.

DORANTE, ARAMINTE, LE COMTE, MADAME ARGANTE, DUBOIS, ARLEQUIN.

Madame Argante , voyant Dorante.

Quoi ! le voilà encore ?

Oui, ma mère.  (Au comte.)  Monsieur le comte, il était question de mariage entre vous et moi, et il n’y faut plus penser. Vous méritez qu’on vous aime ; mon cœur n’est point en état de vous rendre justice, et je ne suis pas d’un rang qui vous convienne.

Quoi donc ! que signifie ce discours ?

Je vous entends, madame ; et sans l’avoir dit à madame  (montrant madame Argante)  je songeais à me retirer. J’ai deviné tout. Dorante n’est venu chez vous qu’à cause qu’il vous aimait ; il vous a plu ; vous voulez lui faire sa fortune ; voilà tout ce que vous alliez dire.

Je n’ai rien à ajouter.

Madame Argante , outrée.

La fortune à cet homme-là !

Le Comte , tristement.

Il n’y a plus que notre discussion, que nous réglerons à l’amiable. J’ai dit que je ne plaiderais point et je tiendrai parole.

Vous êtes bien généreux. Envoyez-moi quelqu’un qui en décide, et ce sera assez.

Ah ! la belle chute ! ah ! ce maudit intendant ! Qu’il soit votre mari tant qu’il vous plaira ; mais il ne sera jamais mon gendre.

Laissons passer sa colère, et finissons.  (Ils sortent.)

Ouf ! ma gloire m’accable. Je mériterais bien d’appeler cette femme-là ma bru.

Pardi ! nous nous soucions bien de ton tableau à présent ! L’original nous en fournira bien d’autres copies.

Nous espérons que la lecture des Fausses confidences de Marivaux a été agréable. Certaines fiches relatives à ce sujet peuvent t’intéresser également:

-Résumé des Fau sses confidences (scène par scène)

– biographie de Marivaux

– Commentaire de texte (Jeu de l’amour et du hasard)

– Voyage au ce ntre de la terre (Jules Verne)

Une réflexion sur « LES FAUSSES CONFIDENCES »

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Marivaux – Les Fausses Confidences

Pierre carlet de chamblain de marivaux.

Son vrai nom est Pierre Carlet, mais il provient de la petite noblesse, alors il se fait appeler Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux. Il parvient à accéder à la Cour grâce à sa famille. Marivaux fait des études de droit, mais il n’exerce pas puisqu’il se repose sur la fortune de sa femme, très riche. Il écrit beaucoup : des comédies, des drames bourgeois, des romans ( La Vie de Marianne et Le Paysan parvenu , inachevés).

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Les Fausses Confidences

Représentée pour la première fois en 1737, cette oeuvre en trois actes a d’abord reçu un avis très mitigé de la part du public. La pièce portait alors le nom de La Fausse Confidence . Un an plus tard, renommée Les Fausses Confidences , elle est de nouveau jouée devant le grand public et connaît un grand succès. Cette pièce propose une réflexion sur les conventions sociales, les classes sociales, l’amour et la profondeur de ce sentiment.

Acte I : Dorante est un homme ruiné, dont l’ancien valet, Dubois, a dû le quitter puisque son maître ne parvenait plus à le payer. Dorante tombe très amoureux d’Araminte, et Dubois, qu’il rencontre et qui travaille pour elle, lui propose de mettre en place un stratagème pour que cette dernière ait des sentiments pour lui. Cela commence par l’intégration de Dorante parmi les employés d’Araminte. Monsieur Rémy, l’oncle de Dorante, le fait engager comme intendant : en effet, il souhaite le marier à Marton, la domestique d’Araminte. Mais la mère d’Araminte (Madame Argante) est fâchée, puisqu’elle voulait embaucher l’intendant proposé par le comte Dorimont, pour s’attirer ses bonnes grâces : elle souhaite que sa fille l’épouse, pour éviter un procès opposant les deux familles.

Extraits à retenir : 

  • Acte I scène 2 , Dorante confesse ses sentiments sincères pour Araminte à Dubois. Il est incapable de contrôler les réactions de son corps tant son amour est sincère et précède toute stratégie. Dubois met alors en place un plan et a entièrement confiance en ses capacités à réussir : « Quand l’amour parle, il est le maître ; et il parlera. »
  • Acte I scène 6,  Araminte fait preuve d’attirance pour Dorante, mais elle s’empêche de ressentir pleinement ce sentiment puisqu’elle a peur du regard des autres, du « qu’en dira-t-on », puisque Dorante est bien moins riche qu’elle.
  • Acte I scène 14 , Dubois fait une vraie confidence à Araminte, il présente l’amour que ressent Dorante comme une maladie à soigner. Il ne révèle pas tout de suite que c’est d’elle dont Dorante est épris, et Araminte fait semblant de paraître désintéressée, prétend vouloir le licencier, mais en réalité elle pose des questions pour connaître l’identité de la femme aimée, ce qui trahit son intérêt. Il s’agit d’une vraie confidence, qui fait partie de la stratégie.

Acte 2 : Dorante tente de dissuader Araminte de se marier avec Dorimont, parce que ce mariage a pour but de lui éviter de perdre le procès contre lui. Dorante lui dit qu’elle peut gagner sans problème, qu’elle n’a pas besoin de ce mariage pour remporter ce procès. Dorante refuse également une proposition de mariage avec une femme possédant 15 000 livres de rente, parce qu’il est amoureux d’une autre. Marton pense qu’il parle d’elle. Un portrait représentant une femme est livré à Dorante, Marton pense que ce portrait la représente, alors qu’il incarne Araminte. Dubois fait semblant de l’avoir trouvé chez Dorante.

Extrait à retenir :

  • Acte II scène 13 , Araminte soumet Dorante à une cruelle épreuve : rédiger la lettre dans laquelle elle annonce accepter de se marier avec Dorimont. Dorante fait preuve de beaucoup d’égarement, il est très perturbé, mais il ne révèle pas ses sentiments. Cette lettre montre que la stratégie provient de tous les personnages, Araminte aussi, et trahit les sentiments qu’elle a pour lui.

Acte III : Dubois fait en sorte que Marton tombe sur une lettre qu’il a dictée à Dorante, dans laquelle il révèle les sentiments qu’il a pour Araminte. Marton intercepte la lettre et la donne à Dorimont, qui la lit devant tous les personnages.

Extrait à retenir :  

  • Acte III scène 12 , Araminte avoue enfin ses sentiments à Dorante suite à la lecture de cette lettre. Il fait de même, fou de joie. L’amour triomphe donc des conventions sociales, mais Dorante confesse avoir eu recours à un stratagème. Araminte lui pardonne : « Il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire. ». Mais cet aveu est une ultime manipulation plutôt qu’une preuve de sincérité, puisque Dorante fait peser toute la responsabilité sur Dubois et minimise son rôle. Cette fin marque la victoire du stratagème de son ancien valet.

Les thématiques abordées

  • L’amour : analysé en profondeur, sentiment très complexe ayant de nombreux obstacles. L’amour sincère est étudié, mais aussi l’amour intéressé : Araminte veut épouser Dorimont pour éviter un procès, elle est honteuse des sentiments que Dorante a pour elle parce qu’il est pauvre et qu’ils n’appartiennent pas à la même classe sociale, mais malgré cela elle l’aime. Deux obstacles donc : la société et l’ego !
  • Mensonge et stratagème : comme l’annonce déjà le titre de la pièce. Tout est masqué : Dubois met discrètement en scène son jeu de rôle, Dorante cache ses sentiments et suit les indications de Dubois, Araminte cache ce qu’elle ressent. Les stratagèmes et les fausses confidences vont au fur et à mesure dévoiler des vérités et forcer les personnages à révéler leurs vrais sentiments, à faire de vraies confidences. Cela peut faire penser au theatrum mundi : le théâtre du monde, c’est-à-dire que le monde est une pièce de théâtre pleine de faux semblants, d’hypocrisie, où chacun joue un rôle pour cacher qui il est vraiment.
  • Les conventions sociales : on est dans une société centrée sur l’argent et les intérêts financiers, les classes sociales. Exemple de Madame Argante qui est très mécontente que sa fille aime Dorante, parce qu’elle veut la fiancer à un noble.
  • Renversement des rapports de force dans la relation maître-valet : ce n’est pas le plus riche, le plus élevé socialement qui a le plus de valeur et de pouvoir, mais le plus intelligent. En effet, c’est Dubois qui mène la danse et s’impose comme un véritable metteur en scène, il guide Dorante et manipule tout le monde. C’est lui qui gagne véritablement à la fin de l’oeuvre, puisque c’est sa stratégie, qui a dupé tous les personnages, qui a fonctionné. Dimension métathéâtrale de la pièce : on a une mise en scène à l’intérieur d’une pièce de théâtre.

Le parcours "théâtre et stratagème"

Le stratagème est omniprésent : initialement, c’était Dubois qui manipulait les autres personnages, mais rapidement, ces autres personnages commencent à user de stratégies également. Exemple : la lettre d’Araminte, Marton incitant Araminte à épouser Dorimont, Dorante faisant peser toute la responsabilité sur Dubois…

Le mensonge est au service de la vérité : les nombreuses fausses confidences sont au service des vraies confidences. On veut forcer les personnages à révéler leur amour sincère et à abattre les obstacles des conventions sociales et de leur amour-propre, il s’agit de leur faire arrêter de dissimuler, de leur faire assumer la vérité.

Les textes complémentaires

Cyrano de Bergerac , Edmond Rostand.

Cyrano est amoureux de sa cousine Roxane, tout comme Christian. Mais il se sent trop laid pour qu’elle puisse l’aimer en retour, alors il aide ce dernier à la séduire. Les deux hommes mettent au point un stratagème, mis en place par Cyrano, et que Christian doit suivre. Par exemple, dans l’acte III, Cyrano est caché sous le balcon de Roxane et souffle à Christian ce qu’il doit lui dire pour la charmer ; acte IV, Cyrano écrit des lettres qu’il fait passer pour celles de Christian. 

On ne badine pas avec l’amour , Musset, acte III scène 3

Extraits choisis : 

CAMILLE , lisant.-  Perdican me demande de lui dire adieu, avant de partir, près de la petite fontaine où je l’ai fait venir hier. Que peut-il avoir à me dire ? Voilà justement la fontaine, et je suis toute portée. Dois-je accorder ce second rendez-vous ? Ah !  (Elle se cache derrière un arbre.) Voilà Perdican qui approche avec Rosette, ma sœur de lait. Je suppose qu’il va la quitter ; je suis bien aise de ne pas avoir l’air d’arriver la première. (Entrent Perdican et Rosette, qui s’assoient.) CAMILLE , cachée, à part.- Que veut dire cela ? Il la fait asseoir près de lui ? Me demande-t-il un rendez-vous pour y venir causer avec une autre ? Je suis curieuse de savoir ce qu’il lui dit. PERDICAN , à haute voix, de manière que Camille l’entende.- […] et tu m’aimeras mieux, tout docteur que je suis et toute paysanne que tu es, que ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, et qui sortent des cloîtres pour venir répandre dans la vie l’atmosphère humide de leurs cellules ; tu ne sais rien ; tu ne lirais pas dans un livre la prière que ta mère t’apprend, comme elle l’a apprise de sa mère ; tu ne comprends même pas le sens des paroles que tu répètes, quand tu t’agenouilles au pied de ton lit ; mais tu comprends bien que tu pries, et c’est tout ce qu’il faut à Dieu.

Dans cette scène, Perdican se fait metteur en scène : il donne rendez-vous à Camille près de la fontaine, pour que cette dernière assiste à la déclaration d’amour qu’il fait à Rosette. Evidemment, cette déclaration n’est pas sincère, c’est une stratégie visant à faire souffrir Camille, qui ne peut plus l’épouser puisqu’elle a décidé de partir au couvent.

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Les Fausses Confidences est-elle une pièce dans laquelle l’amour triomphe ?

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L’extrait commenté ici va du début de la scène 14 de l’acte I jusqu’à «  Araminte : Moi, dis-tu ?  »

Les Fausses Confidences, acte I scène 14, introduction

Marivaux est un des plus grands dramaturges français du siècle des Lumières .

Ses comédies critiquent un ordre social où la naissance prévaut sur le mérite.

Elles consistent souvent en des intrigues fondées sur des jeux d’interversion et de tromperies .

Entre le burlesque et la galanterie, le masque et la vérité, Marivaux interroge également les pouvoirs du langage .

Les Fausses Confidences est une comédie en trois actes et en prose jouée pour la première fois en 1737 par les comédiens italiens.

Dorante est un petit bourgeois amoureux d’Araminte, qui appartient à la grande bourgeoisie des financiers et lui semble donc inaccessible. Cependant, les fausses confidences du valet Dubois permettront leur union amoureuse.

(Voir la fiche de lecture complète des Fausses confidences de Marivaux )

Alors qu’Araminte vient de confier à Dorante qu’elle ne veut pas épouser le comte Dorimont, Dubois les interrompt pour s’entretenir avec Araminte.

Extrait de l’acte I scène 14 étudié :

Araminte : Qu’est-ce que c’est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? D’où vient cette attention à le regarder ? Dubois : Ce n’est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l’honneur de servir madame, et qu’il faut que je lui demande mon congé. Araminte : surprise. Quoi ! seulement pour avoir vu Dorante ici ? Dubois : Savez-vous à qui vous avez affaire ? Araminte : Au neveu de M. Remy, mon procureur. Dubois : Eh ! par quel tour d’adresse est-il connu de madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu’ici ? Araminte : C’est M. Remy qui me l’a envoyé pour intendant. Dubois : Lui, votre intendant ! Et c’est M. Remy qui vous l’envoie ? Hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c’est un démon que ce garçon-là. Araminte : Mais, que signifient tes exclamations ? Explique-toi ; est-ce que tu le connais ? Dubois : Si je le connais, madame ! si je le connais ! Ah ! vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N’avez-vous pas vu comme il se détournait, de peur que je ne le visse ? Araminte : Il est vrai, et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n’est pas un honnête homme ? Dubois : Lui ! Il n’y a point de plus brave homme dans toute la terre, il a peut-être plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c’est une probité merveilleuse ; il n’a peut-être pas son pareil. Araminte : Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D’où vient que tu m’alarmes ? En vérité, j’en suis toute émue. Dubois : Son défaut, c’est là. (Il se touche le front.) C’est à la tête que le mal le tient. Araminte : À la tête ? Dubois : Oui ; il est timbré, mais timbré comme cent. Araminte : Dorante ! il m’a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ? Dubois : Quelle preuve ? Il y a six mois qu’il est tombé fou, qu’il en a la cervelle brûlée, qu’il en est comme un perdu. Je dois bien le savoir, car j’étais à lui, je le servais ; et c’est ce qui m’a obligé de le quitter ; et c’est ce qui me force de m’en aller encore : ôtez cela, c’est un homme incomparable. Araminte : un peu boudant. Oh bien ! il fera ce qu’il voudra ; mais je ne le garderai pas. On a bien affaire d’un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n’en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies !… Dubois : Ah ! vous m’excuserez. Pour ce qui est de l’objet, il n’y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût. Araminte : N’importe ; je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ? Dubois : J’ai l’honneur de la voir tous les jours ; c’est vous, madame. Araminte : Moi, dis-tu ?

Problématique

Comment Dubois sert-il les intérêts amoureux de Dorante par de fausses confidences adressées à sa maîtresse Araminte ?

Plan d’explication linéaire

Dans la première partie, du début de l’extrait à « un honnête homme », Dubois annonce à Araminte qu’il démissionne, pour ne pas fréquenter ce « fou » de Dorante. Puis, dans la deuxième partie, jusqu’à « fantaisies !… », Dubois convainc Araminte de licencier Dorante car il est fou d’amour. Enfin, de « Ah ! » à la fin, Dubois révèle à Araminte que Dorante est amoureux d’elle.

I – Dubois annonce à Araminte qu’il démissionne pour ne pas fréquenter ce « fou » de Dorante

(du début de la scène à « ce n’est pas un honnête homme »).

L’extrait s’ouvre sur deux phrases interrogatives d’Araminte qui soulignent le trouble de la jeune femme. La maîtresse de la maison ne maîtrise pas ce qu’il s’y passe, tant l’arrivée de Dorante est source d’agitations.

La didascalie interne «  cet air étonné  » nous renseigne sur le jeu de Dubois qui feint la surprise en apercevant Dorante. Évidemment, Araminte ignore que cette surprise est fausse et qu’il s’agit d’un stratagème de Dubois.

Le valet annonce alors qu’il démissionne. La litote plaisante «  Ce n’est rien  », ainsi que ses périphrases élégantes («  avoir l’honneur de servir madame  ») témoignent de son habileté linguistique .

La didascalie («  surprise  ») souligne l’étonnement d’Araminte, étonnement qui est aussi celui du spectateur : la demande de congé du valet Dubois contredit les projets de l’ingénieux valet. Le spectateur est donc tout aussi surpris et intrigué qu’Araminte. Dubois aurait-il trahi Dorante ?

La stichomythie qui suit accélère le rythme en un jeu de questions et de réponses, où seul Dubois connaît la vérité.

Dubois est maître dans l’art de créer une attente, par exemple avec l’interrogation «  Savez-vous à qui vous avez affaire ?  » qui laisse présager une révélation grave .

Puis Dubois dépeint Dorante en arriviste ambitieux par des tournures péjoratives  : «  tour d’adresse  ». Cette expression suggère que Dorante est un petit bourgeois aspirant à s’élever.

L’hyperbole «  c’est un démon que ce garçon-là.  » et l’interjection «  Hélas !  » font craindre une catastrophe. Le spectateur est aussi troublé qu’Araminte tant la description de Dorante par Dubois contredit l’amitié entre les deux hommes.

Araminte essaie de reprendre l’ascendant par des phrases interrogatives : «  Mais que signifient tes explications ? Explique-toi ; est-ce que tu le connais ?  ».

L’impératif «  Explique-toi  » rappelle l’ascendant social de la bourgeoise sur le valet.

Pourtant, c’est la valet , socialement dominé, qui domine dans cette scène grâce au pouvoir de la parole .

Dubois ne se laisse en effet pas impressionner et maintient l’incertitude et l ’intensité dramatique en une tournure ambigüe, à la fois exclamative et interrogative : «  Si je le connais, madame ! si je le connais !  » La répétition du verbe « connaître » renforce l’intensité dramatique.

Il fournit habilement la preuve irréfutable que Dorante et lui se connaissent : «  N’avez-vous pas vu comme il se détournait, de peur que je ne le visse ?  »

À travers cette description de Dorante, Dubois manipule habilement les préjugés sociaux de la haute société. En effet, il a recours à un stéréotype social et littéraire, celui du petit bourgeois qui s’introduit dans une riche maison pour y semer le trouble.

La surprise d’Araminte souligne que la jeune femme a une vision positive de Dorante et ressent certainement des sentiments pour le jeune homme , bien qu’elle ne se les avoue pas encore : «  tu me surprends à mon tour.  » Cette phrase tient également de la double énonciation car elle énonce ce que le spectateur ressent également : de la surprise face au discours de Dubois.

En effet, le début de cette scène 14 de l’acte I remet en question l’intrigue, puisque l’alliance entre Dorante et son ancien valet Dubois semble brisée.  Dubois trahit-il Dorante pour privilégier finalement sa nouvelle et riche maîtresse ? Le spectateur ne sait plus qui croire.

Araminte semble déçue, car elle interroge encore : « Est-ce que ce n’est pas un honnête homme ?  ». Son incrédulité laisse transparaître ses sentiments amoureux naissants . Mais Dubois insiste : la vérité serait trompeuse car le galant serait un démon.

II – Dubois dépeint un Dorante fou d’amour

(de «  lui il n’y a point de plus brave homme » à « car les hommes ont des fantaisies…  »).

À partir de «  Lui ! Il n’y a point de plus brave homme  » , le portrait dépréciatif de Dorante laisse place à un portrait élogieux , comme en témoigne la tournure superlative hyperbolique «  Il n’y a point de plus brave homme dans toute la terre  »

Ce retournement de situation est comique car ces termes élogieux créent un effet de rupture avec le début de la scène : « plus d’honneur à lui tout seul », « probité merveilleuse », « pas son pareil ».

Ces contradictions rapprochent Dubois de l’Arlequin de la commedia dell’arte , valet guilleret dont le déguisement bariolé symbolise un esprit confus .

Le trouble d’Araminte croît et verse même vers la peur : «  tu m’alarmes  ». Elle lui demande la «  vérité  » qui est justement masquée chez Marivaux.

Dubois révèle alors le mal de Dorante : « C’est à la tête que le mal le tient.  »

La scène devient alors franchement comique.  L ‘ hyperbole «  timbré comme cent  » et le comique de geste «  (il se touche le front)  » rapproche de nouveau Dubois de l’Arlequin de la commedia dell’arte .

Ce qui surprend Araminte, c’est que la confidence de Dubois contredit les apparences , comme le montre le verbe de perception : «  il m’a paru de très bon sens  ». Elle exige donc une «  preuve  » de «  sa folie  » puisque cette dernière n’est pas apparente chez Dorante.

Dubois dépeint alors Dorante comme fou avec le champ lexical de la folie («  fou « , «  cervelle brûlée « , «  un perdu « ) mais cette folie est amoureuse («  il extravague d’amour « ).

En réalité, cette comparaison entre la folie et l’amour est une analogie précieuse qui met Dorante en valeur. D’autant plus que Dubois ne manque pas de rappeler les qualités de Dorante dans la même phrase : «  un homme incomparable  » .

Cette confidence est plaisante, car elle est vraie (Dorante est fou amoureux d’Araminte) et fausse en même temps (car elle est réalisée stratégiquement, pour manipuler Araminte).

Le spectateur comprend peu à peu le stratagème. Il entre en connivence avec le valet manipulateur.

La didascalie «  un peu boudant » marque le triomphe de Dubois : Araminte boude car elle est charmée par Dorante et donc déçue de s’en séparer . Ainsi, elle a beau affirmer de façon péremptoire «  je ne le garderai pas « , son corps révèle la vérité des sentiments que le langage cache.

III – Dubois révèle à Araminte que Dorante est amoureux d’elle

(de «  ah  vous m’excuserez » à «  moi, dis-tu « ).

Après l’avoir blâmé, Dubois fait l’ éloge de son ancien maître : «  Pour ce qui est de l’objet, il n’y a rien à dire.  »

Ces variations marivaudiennes rendent la scène plaisante, de même que la variété des registres de langage qui vont du familier («  Malepeste !  ») aux raffinements précieux.

Par cette confidence voilée, Dubois suscite la curiosité d’Araminte, qui interroge toujours : «  Est-ce que tu la connais, cette personne ?  »

Dubois révèle enfin, certain de faire son effet : «  c’est vous, madame.  » Le présentatif « c’est » théâtralise cette révélation.

La réponse interrogative d’Araminte témoigne de son trouble : «  Moi, dis-tu ?  »

Ce dialogue synthétise la dynamique de la pièce : une série de fausses confidences permettent d’ aboutir à une révélation sincère .

Les Fausses confidences, acte I scène 14, conclusion

La scène 14 de l’acte I met en scène la première fausse confidence essentielle de la pièce initiée par le valet Dubois pour servir les intérêts amoureux de Dorante.

Ce dialogue avec Araminte, sous forme d’interrogatoire,  souligne la capacité du langage à manipuler , cacher et révéler.

Le valet , par sa maîtrise du langage et de l’information, est supérieur à sa maîtresse , ce qui remet en question les hiérarchies sociales.

La dureté de l’ordre social empêche les personnes de fortune différente de s’exprimer leur amour. Paradoxalement, Marivaux utilise le mensonge pour faire triompher la vérité des sentiments.

Tu étudies Les Fausses confidences ? Regarde aussi :

♦ Les Fausses confidences, acte I scène 2 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte II scène 10 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte II scène 13 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte II scène 15 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte III scène 1 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte III scène 8 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte III scène 9 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte III scène 12 (lecture linéaire) ♦ Les Fausses confidences, acte III scène 13 (lecture linéaire) ♦ Dissertation sur Les Fausses confidences ♦ Le Jeu de l’amour et du hasard, acte I scène 1 (lecture linéaire) ♦ La Double inconstance, acte II scène 11 (lecture linéaire) ♦ On ne badine pas avec l’amour, Musset, acte 3 scène 3

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2 commentaires

Merci beaucoup vous le sauvez la vie j’ai gagné un temps précieux avec cette analyse !!!

Je souhaiterai savoir si, pour l’oral, la présentation de mouvements ne sortait pas trop de l’explication ligne par ligne que l’on m’a apprise en cours, mais serai plutôt considérée comme une explication paragraphe par paragraphe.

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Les Fausses confidences, Marivaux : résumé et analyse

  • Ariane Thévenet
  • 14 Juin 2023

À lire dans cet article :

Parcoursup

Marivaux, célèbre pour son ton léger dans l’évocation de l’amour dans ses écrits et qui a donné naissance au terme de « marivaudage », est l’auteur de la célèbre pièce Les Fausses confidences. Celle-ci est jouée pour la première fois en 1737. Il s’agit d’une œuvre au programme du parcours « théâtre et stratagème » pour l’épreuve anticipée de français 2023, que nous te proposons d’étudier dans cet article.

Qui est Marivaux ?

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, connu sous le nom de Marivaux, est né à Paris en 1688. Il grandit cependant à Riom dans une famille de la petite noblesse dans laquelle il reçoit une éducation soignée. Il s’installe à Paris en 1710, et étudie au collège de Beauvais, avant de commencer ces études de droit.

Marivaux peut être considéré comme un mondain raffiné, habitué des salons (réunion d’hommes et de femmes lettrés, bourgeois ou nobles à l’origine attirés vers les Belles-lettres et la poésie, la littérature et le théâtre, et souvent autrefois les arts et les sciences). Rapidement, il délaisse le droit et se tourne assez rapidement vers une carrière littéraire. Dès le début, il manifeste son engagement en faveur des “Modernes” et s’oppose donc aux “Anciens”, partisans des codes d’écritures traditionnels hérités de l’Antiquité.

Au début de sa carrière, il se consacre à l’écriture d’articles pour des revues ou journaux, avant d’accorder davantage de temps à l’écriture romanesque et au théâtre.  S’il écrit d’abord par plaisir, il doit toutefois rapidement en faire son gagne-pain et gagner les faveurs de mécènes (personne riche et généreuse qui aide et soutient financièrement les écrivains, les artistes), ayant perdu sa fortune dans la banqueroute de Law.

Beaucoup de pièces ont fait le succès de Marivaux en plus des Fausses Confidences (1737).  Notons par exemple le succès  d’autres œuvres, telles que les pièces  Le Jeu de l’Amour et du Hasard (1730) et l’Île aux esclaves  (1725) ou encore les romans La Vie de Marianne (1731-1742) et Le Paysan parvenu (1734).

Marivaux avait un style d’écriture particulier et notable, au point d’en avoir laissé un nom : le marivaudage . Le “ marivaudage ” consiste à privilégier les dialogues subtils et les jeux de mots, et caractérisé par des conversations légères et des scènes de réflexions amoureuses profondes. Comme beaucoup d’autres auteurs de son époque, Marivaux s’empare des questions sociales et politiques du XVIIIème siècle dans ses œuvres mais aussi au sein des cercles philosophiques des Lumières, qu’il fréquente et où il participait aux débats.

L’auteur meurt finalement en 1763, à l’âge de 75 ans.

N’hésite pas à aller consulter notre article dédié à une autre œuvre de Marivaux, la pièce L’île aux esclaves , qui te permettra d’enrichir tes références !

Contexte d’écriture des Fausses confidences de Marivaux

Au XVIIIe siècle, si les genres littéraires classiques sont encore en vogue, ceux-ci tendent cependant à évoluer. En effet, Marivaux en particulier se libère de la tradition de la comédie de Molière en élaborant une formule nouvelle de théâtre comique . Il y donne ainsi le rôle principal à l’analyse nuancée des sentiments amoureux et à la ruse. Subtilité, artifices, prisme d’une réalité superficielle sont les nouveaux mots d’ordre de ce genre nouveau de comique.

Cette pièce dénonce également la hiérarchie sociale à travers une réflexion sur les préjugés : le valet se révèle plus habile, adroit et malin que les personnages d’extraction noble et plus aisée, qui ont reçu une éducation. Marivaux invite les lecteurs à réfléchir sur les injustices sociales, mais aussi les comportements humains en général, à travers leurs vices et leurs lacunes.

L’enjeu de la pièce est par ailleurs de faire émerger la vérité , à partir d’une situation initiale dans laquelle tout est dissimulé.

Lire aussi :   Gargantua, Rabelais : résumé et analyse de l’œuvre

Les personnages dans Les Fausses confidences

Dans Les Fausses confidences de Marivaux, tu retrouveras différents personnages que nous avons pris le soin de lister pour toi ci-dessous :

  • Dorante : le personnage principal de la pièce, Dorante est un jeune homme séduisant et intelligent. Il est amoureux d’Araminte et décide de se faire engager comme son intendant pour se rapprocher d’elle. Dorante est un maître des intrigues et des faux-semblants.
  • Araminte : une jeune veuve riche et intelligente, Araminte est la cible des fausses confidences de Dorante. Elle est à la fois prudente et curieuse, et se laisse intriguer par les manœuvres de Dorante. Araminte est également courtisée par d’autres personnages, ce qui crée des complications dans la pièce.
  • Monsieur Rémy : le fidèle serviteur d’Araminte, Monsieur Rémy est un homme sérieux et dévoué. Il est chargé de gérer les affaires d’Araminte et se méfie des intentions de Dorante. Monsieur Rémy est souvent le témoin des manipulations de Dorante, mais il ne révèle pas toujours tout ce qu’il sait.
  • Marton : une jeune servante chez Araminte, Marton est une femme vive et intelligente. Elle est amoureuse de Dorante et est également la confidente d’Araminte. Marton joue un rôle important dans l’intrigue en transmettant des lettres et en contribuant aux stratagèmes de Dorante.
  • Dubois : l’ancien valet de Dorante, Dubois est rusé et malin. Il est engagé par Dorante pour l’aider à exécuter ses fausses confidences. Dubois est un maître de la manipulation et de la tromperie, et il joue un rôle clé dans le développement de l’intrigue.
  • Dorimène : une amie proche d’Araminte, Dorimène est une femme coquette et séduisante. Elle est également courtisée par Dorante, ce qui ajoute une dimension supplémentaire aux fausses confidences et aux rivalités amoureuses.
  • Monsieur Bagoût : un homme âgé et riche, Monsieur Bagoût est un prétendant d’Araminte. Il est souvent comique dans ses tentatives d’impressionner Araminte et d’évincer les autres prétendants.
  • Comtesse : une dame de la haute société, la Comtesse est une amie d’Araminte. Elle est souvent présente lors des événements clés de la pièce et apporte une certaine sagesse et une perspective extérieure.

Résumé des Fausses confidences de Marivaux

Divisée en trois actes, cette pièce est écrite en prose et explore les thèmes du mensonge, de l’amour et de la manipulation. L’intrigue tourne autour de Dorante, un jeune homme qui cherche à conquérir le cœur d’Araminte, une veuve riche et séduisante. Dorante a un plan astucieux : il se fait engager comme intendant chez Araminte pour se rapprocher d’elle. Avec l’aide de son valet Dubois, il met en place une série de fausses confidences et de stratagèmes pour attirer l’attention d’Araminte. Il écrit des lettres anonymes, utilise des intrigues et des mensonges pour semer la confusion et faire en sorte que les sentiments d’Araminte se dirigent vers lui.

Au fur et à mesure que l’intrigue se développe, d’autres personnages entrent en scène et compliquent encore plus la situation. Marton, une servante amoureuse de Dorante, devient sa confidente et participe à ses manigances. Dorimène, une amie d’Araminte, devient également une rivale amoureuse pour Dorante.

La pièce met en lumière les jeux de séduction et les enchevêtrements de l’amour et du mensonge. Les personnages s’engagent dans des dialogues habiles et des échanges de lettres pleins de sous-entendus. Les sentiments et les intentions des personnages sont constamment remis en question, créant une atmosphère de mystère et de suspense comique.

Finalement, les fausses confidences de Dorante sont révélées, et les personnages doivent faire face aux conséquences de leurs actions. La pièce se termine par des réconciliations, des mariages et une certaine leçon morale sur la sincérité et l’authenticité des relations amoureuses.

Marivaux, à la différence de Molière, n’étudie pas l’homme en lui-même, mais l’amour avec ses nuances. Les personnages recourent souvent à des artifices, tels que le déguisement , afin de mieux contrôler les sentiments de leurs partenaires.

Lire aussi : Bac français 2023 : comment se présentent les épreuves écrites et orales ?

Différents stratagèmes mis en œuvre dans la pièce

Confidences et stratagèmes : deux notions en étroite relation.

Il semble intéressant tout d’abord d’étudier le terme de « stratagème ». Celui-ci est issu du grec στρατη ́γημα ( strategema ) qui signifie « la ruse de guerre ». Par suite, le stratège désigne toute personne se distinguant par son aptitude et son habileté à concevoir des plans qui vont lui permettre de maîtriser une situation, et d’en tirer profit. Dans cette perspective, le stratagème devient une ruse permettant à une personne de parvenir à ses fins. Le stratagème est un motif récurrent du théâtre comique . Il est l’un des rouages essentiels de la mécanique de la comédie et assure incontestablement à l’intrigue une progression dramatique.

Par ailleurs, une confidence, dans son acception (sa définition) première, est un secret que l’on communique verbalement à une autre personne . Le titre  Les Fausses Confidences souligne dès l’entrée de jeu la place prépondérante qu’occupe le langage dans la pièce, que nous développons plus loin. De plus, la confidence suppose également une relation de confiance entre le locuteur et son destinataire.

Ce rapport fiduciaire (se dit de valeurs fictives, fondées sur la confiance à celui qui les émet) est par ailleurs indispensable à tout acte de communication. Il s’agit de la nécessité de croire en la parole de l’autre qui donne à celle-ci tout son pouvoir. Ainsi, le mécanisme de la « fausse confidence » ne peut arriver à ses fins sans l’entière confiance de la victime envers le manipulateur.

Mensonges, dissimulation et cachoteries dans Les Fausses confidences de Marivaux

Ce qui est paradoxal ici est que le stratagème, qui repose initialement sur une forme de tromperie, permet l’émergence de la vérité des sentiments . Dubois se comporte tel un metteur en scène : il orchestre les interactions entre les différents protagonistes de l’histoire. Il incarne en effet le valet d’intrigue , un personnage classique de la Comedia dell’arte (genre théâtral d’origine italienne né au XVIe siècle, reposant sur l’improvisation d’acteurs souvent masqués. Ingéniosité, naïveté, ruses et travestissements en sont les principaux éléments), qui utilise sa ruse et son intelligence pour servir la passion de son maître.

L’action est orchestrée du début à la fin par Dubois, l’ancien valet de Dorante, fin calculateur qui rivalise d’ingéniosité. Celui-ci fomente, organise et enfin déploie tout le long de la pièce des stratagèmes afin de mener à bien ses projets.

Presque tous les personnages ont recours au moins une fois à la fausse confidence. Araminte feint de vouloir épouser le comte pour tromper Dorante, Marton trompe sa maîtresse en lui conseillant d’épouser le comte, et enfin Dorante dupe Marton en lui laissant croire qu’il l’aime.

Le rôle des apartés dans Les Fausses confidences

Ironie, double énonciation, quiproquos (acte 2, scène 9) avec la confusion de Marton à propos du tableau adressé à Dorante et apartés (acte 1, scène 15 par exemple) : voici quelques-uns des ingrédients les plus notable constituant la recette mettant en œuvre les stratagèmes de la pièce. L’écriture de Marivaux tournée sans cesse vers le lecteur/spectateur, permet d’inclure ce dernier et rendre l’histoire vivante, dynamique et fait de ce dernier un acteur à part entière de la pièce. En effet, on s’adresse directement à lui, et celui-ci devient complice des manipulateurs : le lecteur/spectateur est dans la confidence.

Lire aussi : L’île des esclaves, Marivaux : résumé et analyse

Le langage au cœur de la mise en place des stratagèmes dans Les Fausses confidences de Marivaux

Une illustration de l’extrême puissance du langage en tant qu’instrument de manipulation et de stratagème.

En fin connaisseur de la puissance du langage, Dubois prend plaisir à distiller de manière ingénieuse ses paroles à l’oreille d’Araminte dans le but d’éveiller en elle un intérêt empreint de tendresse pour Dorante. Relatant les circonstances dans lesquelles Dorante se serait épris d’elle, il recourt notamment au topos (tous les thèmes, situations, circonstances ou ressorts récurrents de la littérature) de la rencontre à l’Opéra, où s’efforce de rendre son récit vraisemblable. Il insiste par exemple sur un jour de la semaine ! « C’était un vendredi, je m’en ressouviens ; oui un vendredi » (Acte I, scène 14).

Silences et instrumentalisation des mots

Cependant, il parvient habilement à passer sous silence la date exacte de cette rencontre. Cela lui permet de rendre cet événement vraisemblable et romanesque pour Araminte, qui n’y voit que du feu. Ainsi, ce récit dont la véracité est invérifiable ne peut que flatter Araminte qui s’y laisse prendre. De la même manière, Dubois use de tous les artifices possibles pour exalter ses sentiments, comme la jalousie, en lui inventant une rivale (toujours lors de la scène 14 de l’acte premier). Il utilise également la connivence (Entente secrète ; accord tacite) en lui faisant croire qu’elle détient le secret de la passion de Dorante contre sa volonté (I, 14).

De la même manière, Dubois évalue tellement bien le poids de sa parole qu’il n’hésite pas à en mettre en avant la valeur. On peut dès lors noter l’exemple de la scène 10 de l’acte II dans laquelle on le prie pour dire « un mot ». Araminte, qui est au fil de la pièce de plus en plus consciente du pouvoir que les paroles de Dubois ont sur elle, tente de s’en protéger en les anticipant. Elle lui dit ainsi : « tais-toi donc, tais-toi » à l’acte II de la scène 12, avant de répéter plus loin cette supplique (II, 16 et III, 9).

Lire aussi :   Le Rouge et le Noir, Stendhal : résumé et analyse de l’œuvre

Apprentissage et appropriation de la manipulation verbale par les protagonistes

En dépit de son démenti, Araminte a déjà consommé tout le poison de ses discours et a fini par s’éprendre de Dorante. Cependant, en tant que fine observatrice, elle a appris en observant son valet, maniant les mots à son avantage, à tel point qu’elle va elle-même « tendre un piège » (II, 12) à Dorante. Ceci va se produire au moment où elle va dicter une fausse déclaration au Comte afin de le forcer à lui avouer son amour. Toutefois, Dorante, malgré le fait qu’il soit au silence sur sa passion, du moins seulement en apparence, se révèle lui-même très adroit avec les mots.

La conclusion des Fausses confidences

Pour conclure, cette pièce met en œuvre divers procédés et stratagèmes, qui rendent le véritable sens de cette dernière difficile à saisir. En réalité, le masque n’est jamais totalement levé sur le réel et toutes les pistes de lecture restent ouvertes. C’est avec subtilité que Marivaux parvient, avec sa pièce des Fausses Confidences , à laisser planer un flou sur la vérité fondamentale et le sens même des vérités qu’il veut exposer, prises dans la superficialité d’une réalité empreint de futilité ou d’artifices. Une chose est sûre, tout comme dans l’île aux esclaves , Marivaux use et ruse de l’art du déguisement, du travestissement pour arriver à ses fins.

En ce sens, on peut affirmer que le caractère fuyant, sans cesse en mouvement, de la pièce tient à son ambiguïté fondamentale entre l’être et le paraître , car peut-être est-ce l’essence même du marivaudage : un art du trompe-l’œil, où, dans un jeu infini de reflets entre le vrai et le faux, la réalité n’est plus discernable du mensonge.

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Introduction à ‘Les Fausses Confidences’: Une Analyse Approfondie

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L’oeuvre théâtrale "Les Fausses Confidences" de Marivaux, éditée pour la première fois en 1737, est l’un des joyaux de l’ère du théâtre classique français. Cette pièce en trois actes est un mélange de comédie, de mélodrame et de critique sociale qui fascine par sa complexité et sa profondeur. Cet article propose une introduction ainsi qu’une analyse approfondie de cette œuvre, afin d’en comprendre et d’en apprécier pleinement les subtilités.

Comprendre ‘Les Fausses Confidences’: Un Aperçu Initial

"Les Fausses Confidences" suit l’histoire de Dorante, un avocat devenu pauvre qui tombe amoureux d’Araminte, une veuve riche. Aidé par son serviteur Dubois, Dorante met en place un plan stratégique de fausses confidences pour gagner le cœur d’Araminte. Les évènements qui se déroulent révèlent les thèmes centraux de l’amour, de la manipulation et de la stratification sociale.

Marivaux utilise son œuvre pour dépeindre la société française de son temps, avec une inspiration particulière des idées des Lumières. Il dépeint des personnages qui manipulent et sont manipulés, soulignant les luttes de pouvoir qui existent dans les interactions sociales. Le personnage de Dorante, par exemple, est un anti-héros qui utilise la ruse et la tromperie pour atteindre ses objectifs, tandis qu’Araminte est une représentation de la femme de haute société, riche mais sujette à la manipulation.

L’intrigue de la pièce se déroule en deux temps. Dans la première partie, Dorante met en place son plan avec l’aide de Dubois, en donnant à Araminte l’impression qu’il est amoureux d’elle. Dans la deuxième partie, le plan de Dorante échoue lorsque Araminte découvre la vérité. Mais en fin de compte, Dorante parvient à gagner le cœur d’Araminte, bien que par des moyens non conventionnels.

Démystifier ‘Les Fausses Confidences’: Une Étude Détaillée

En dépit de son apparente simplicité, "Les Fausses Confidences" est une œuvre complexe qui exige une analyse détaillée. Les thèmes de l’amour et de la manipulation sont intimement liés dans la pièce, comme le montre la relation entre Dorante et Araminte. Le fait que Dorante réussisse à gagner l’amour d’Araminte par la tromperie soulève des questions sur la nature de l’amour et de la vérité.

Dans l’œuvre de Marivaux, les personnages sont souvent définis par leurs actions plutôt que par leurs paroles. C’est le cas de Dorante, qui est défini par sa ruse plutôt que par ses paroles d’amour. Araminte, d’autre part, est définie par sa naïveté et sa vulnérabilité, qui sont exploitées par Dorante. Cette représentation des personnages met en évidence les dynamiques

Marivaux utilise également l’œuvre pour critiquer la société de son temps. Il souligne la rigidité de la stratification sociale et la manière dont elle limite les possibilités de mobilité sociale. Dans le même temps, il critique la superficialité des relations sociales basées sur le statut et la richesse. Cette critique sociale donne à "Les Fausses Confidences" une profondeur et une pertinence qui transcendent son contexte historique.

En conclusion, "Les Fausses Confidences" de Marivaux est une œuvre théâtrale complexe qui explore les thèmes de l’amour, de la manipulation et de la critique sociale. Bien qu’elle ait été écrite au XVIIIe siècle, son analyse de la dynamique sociale et des relations humaines reste pertinente aujourd’hui. En dépit de sa complexité, ou peut-être à cause de celle-ci, "Les Fausses Confidences" continue d’attirer et de fasciner les lecteurs et spectateurs, offrant une perspective unique sur la nature humaine et la société.

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